Comment cultiver avec les Ronces?


Les Mures sont les fruits des Ronces - rubus fruticosus. Ce sont les baies sauvages les plus connues et les plus appréciées avec les framboises (rubus idaeus) et les myrtilles (vacinium - éricacées).

Selon qu’on affectionne leurs fruits ou que l’on redoute leurs piquants, leur caractère envahissant nous pose problème.

Luttez contre les ronces ? Les brûler ? les arracher ? les tailler ? Vous ne ferez qu’accentuer « le phénomène » et dynamiser leur croissance. Les ronces sont armées pour résister aux assauts du jardinier. Alors comment apprivoiser notre comportement pour apprendre à cultiver avec les ronces?

Une plante fruitière comestible, pionnière, mellifère, hyper productive et qui se gère toute seule : tous les atouts sont réunis pour être une favorite de nos cultures. Les ronces renferment même une substance particulière qui pourrait bien vous intéresser pour vos semis et vos bouturages: une hormone de croissance. Que d’avantages à découvrir pour cette plante pionnière extra+ordinaire.>>>

Plutôt que de déclarer la guerre aux ronces, et si on s’y intéressait ? Une fois de plus dans ce blog, je vous propose d’aimer les ronces plus que de les détester en apprenant à mieux les connaître. Découvrez des astuces théoriques et pratiques pour cultiver avec les ronces et non contre elles. Au verger, je vous propose d'apprendre à gérer et à créer des designs avec les espèces ligneuses épineuses comme les ronces, les rosiers, les rejets de pruniers etc... Mais au fait, à quoi servent les ronces dans la Nature?

CHAPITRES
partie 1> COMPRENDRE ET RESPECTER LES RONCES: quel est leur rôle?
partie 2> LE BIOTOPE DES RONCES : 3 ronces bio-indicatrices.
partie 3> DESIGN DE RONCES: comment cultiver avec les ronces?
partie 4> Épilogue: petite histoire et idées reçues sur les ronces.


COMPRENDRE et RESPECTER LES RONCES

Les ronces sont physiologiquement constituées pour amener un écosystème rudérale ou champêtre vers un écosystème forestier. Elle est une des plantes pionnières des haies forestières et des fruticées, elles font avancer la forêt. D'où son rôle primordial dans l'harmonie d'un verger. Une fois installée, une ronce est impossible à déloger avant l'accomplissement de son cycle écologique. Proposer un design intégrateur et évolutif, tout en limitant les facteurs agressifs, sont les meilleurs moyens de cultiver avec les ronces jusqu'à ce que la canopée se reforme.

La grande famille des Rubus contiendrait plusieurs centaines d’espèces et jusqu’à 1000 espèces pour certains botanistes. En Europe, la famille des Rubus contiendrait plus de 77 espèces, dont 55 en France, 27 en Suisse et 32 en Belgique. La dénomination Rubus fruticosus est en fait un rassemblement de plusieurs espèces ; il en existe 66 en Europe. Les principaux sous-genres sont les ronces bleues Coesisus, les framboisiers Idaeobatusles Cyclatisà fruits rouges, souvent en montagnes et dans les roches. Il existe aussi nombre de variétés nordiques et arctiques, jaunes ou roses.

On la trouve en bord de mer, dans les landes, au pieds des murs, jusqu’en montagne ou en sous-bois humide. Leur secret : l’adaptation, une multiplication végétative exponentielle et une hormone de croissance. Les ronces sont les championnes toutes catégories pour recoloniser les espaces dénudés ou les taillis en transition vers la forêt. Elle peut être une plante couvre sol, buissonnante ou grimpante. Les tiges s’adaptent au support qu’ils rencontrent ; un même pied de ronce peut être à la fois rampant et grimpant. Toutes les parties de la plante, en particulier les tiges, ont la faculté de marcotter très vite grâce à cette hormone de croissance. Cette hormone de croissance est utilisable en agriculture pour les semis et le bouturage (voir ds la suite de l'article).

LE RÔLE DES RONCES
Que d’efforts en vain développés par les jardiniers pour se débarrasser des ronces! A partir du moment où une ronce s'est implantée et que son système racinaire est dans le sol, il est illusoire de vouloir déloger une ronce. Et ce, tant que l’état de forêt n’est pas avancé, ou que la couverture du sol n'est pas assurée. C'est donc une lutte perdue d'avance et de la maintenance à outrance.

Dites-vous bien: à partir du moment où une espèce prolifère, c'est qu'elle a toutes les conditions pour se développer ET que son rôle a toute légitimité de s’exprimer ici et maintenant. En décryptant et intégrant ces informations, vous pourrez alors proposer un design intégrateur, ou régulateur, plutôt que ségrégatif.

Réjouissez-vous de leur présence: elles vont permettre à votre verger potager d'attirer les pollinisateurs, les mammifères et les oiseaux régulateurs pour vos plantes maraîchères et fruitières. Elles peuvent même devenir des supports, des tuteurs, du BRF, une hormone de croissance, des buissons coupe vent et accumulateur de chaleur... et des matériaux de construction.

Car c'est bien là son rôle. Et oui, la ronce est la plante pionnière de transition entre la plaine et la forêt. Elle se développe précisément en bordure forestière, dans les clairières, sur les bords des chemins et toutes les zones héliophiles ou rudérales qu'elles cherchent à recouvrir d'urgence. Elles sont parmi les seules plantes à supporter des conditions extrêmes, comme les chardons et la renouée des oiseaux.

Une ronce peut courir et se développer sur plusieurs centimètres par jour! Une semaine ou deux suffisent parfois à recouvrir un espace entier. Quelle incroyable efficacité. C'est une plante mobile qui se déplace par projection de ramification, qui marcotte tous les 1 à 2 m.

Les ronces et les rejets d'épineux sont aussi les buissons et les remparts défensifs des arbres fruitiers dans les haies, pour modérer l'abroutissement abusif d'herbivores gourmands comme les chevreuils et les sangliers, qui ont aussi pour rituel de se frotter contre les écorces et d'endommager les arbres. L'origine du développement du système épineux vient de là. D'où une forte réactivité des systèmes défensifs provoquée par la taille des tiges, la coupe des feuilles ou toute mutilation de la plante.
La ronce offre à la fois une rempart à la forêt contre l'invasion d'un troupeau dans les clairières en canalisant les chemins d'entrée et une protection aux jeunes troncs des arbres. Mais elle offre surtout une aire de repos, un garde manger et un refuge aux chevreuils, aux renards, aux lapins, aux oiseaux et à une multitude d'autres animaux. Les mésanges adorent y nicher. Les buissons de ronces créent un corridor autour d'une clairière permettant aux animaux les plus vulnérables de traverser des territoires sans s'exposer aux prédateurs en se déplaçant à l'intérieur des bosquets continus, ou de passer d'un bosquets à un autre entre les clairières.

Ce design coupe vent permet également de limiter la propagation de maladies et de parasites, et de les circonscrire à une zone particulière. C'est un cordon de sécurité.

Il agit aussi comme un retardateur de feu lorsque celui-ci prend dans une clairière.

>>>C'est en imaginant un design évolutif qui intègre ces paramètres que vous trouverez la clé pour cultiver avec les ronces.


Comment se propage une ronce ?
la multiplication par semis
en cours

la multiplication végétative
Une ronce peut gagner du terrain à vue d’œil et croître jusqu’à **cm par jour. Elle croit en courant sur le sol grâce à des stolons et à des rameaux en forme d’arche qui peuvent mesurer plus de 3 m d’envergure ; une tige principale mesure environ 1m80 et se ramifie à chaque intersection en un nouveau rameau d’1m80 ou plus. Ce système de propagation est exponentiel et multidirectionnel. Ce caractère envahissant est l’une de ses qualités et de son efficacité à recréer les bases d'un écosystème forestier : c’est la plante pionnière tout terrain qui va protéger un sol surexposé aux uvs en quelques jours ou en quelques semaines. Quelle plante est capable d’en faire autant ?

Elles ont développé des stratégies compétitives de recolonisation des espaces agressés.A chaque fois qu’une tige touche le sol ou un substrat (même en l’air), elle marcotte. C’est grâce à la vitesse de croissance multidirectionnelle des ronces que les sols sont vites protégés. Un espace de plusieurs m² peut être recouvert par les ronces en quelques semaines voir en quelques jours.

Plus vous coupez ou brûlez une ronce, plus elle se multiplie, développe son système racinaire et renforce ses systèmes de défenses, comme les épines.

Bon à savoir: le but du déplacement des ronces est aussi de répartir des points d'encrage racinaires différents et éloignés les uns des autres d'année en année pour éviter d'épuiser les ressources du sol sur un même endroit, souvent déjà assez pauvres. La défoliation et les bois morts fournissent ensuite du carbone, des supports et des abris, pour les mammifères, les oiseaux, les insectes puis se décomposent en une litière pour les limaces et les premiers organismes du sol.

Une hormone de croissance bien cachée.
Elément moins connu de la vie des ronces, c’est que cette vigueur végétative est due à une hormone de croissance. La plante produit en effet une hormone de croissance à chaque fois qu’elle marcotte ou qu’elle est agressée, notamment taillée. Chaque infime bout de racine restée dans le sol peut redonner naissance à une nouvelle ronce. C’est comme ça qu’elle gagne du terrain, coûte que coûte.

Cette hormone de croissance se concentre dans les parties blanches de la plante, pour développer des racines.

Vous pouvez d’ailleurs l’extraire pour booster la croissance de vos plantes ! Il suffit pour cela de coucher une tige sur un substrat sombre et humide pendant quelques jours ; elle va changer sa structure et développer un système racinaire pour marcotter. Sectionnez cette partie une fois l’apparition de radicelles blanches. Ecrasez les jeunes racines et la tige blanche au pilon, incorporez de l’eau de pluie, filtrez, diluez dans l’eau d’arrosage de vos plantes ou de vos boutures. Effet spectaculaire garanti et sans aucun achat de produit chimique ou naturel.

La ronce, une plante fixatrice d'azote.
Quelle surprise en découvrant un listing des plantes fixatrices d'azote dans un livre de physiologie végétale "Plant Physiological Ecology - Lambers" (2008). Le genre Rubus entre en symbiose avec une famille de bactérie fixatrice d'azote pour former des nodules. Ces bactéries sont des actinibactéria, qui interviennent aussi chez les Eleagnus et les Casuarinas. Les Eleagnus sont connus pour leur fort potentiel fixateur d'azote. Les Casuarinas accumulent potentiellement entre 9 à 440 kg d'azote par hectare-1 et par saison-1. Pour les Rubus, la quantité fixée n'a pas encore été déterminée.

Parmi les espèces déjà étudiées on trouve la ronce jaune du Népal (rubus ellipticus) et la ronce .........

"Plant Physiological Ecology - Lambers- p.424. (tableau "symbiotic associations between plants and microorganisms capable of fixing atmosphérique n2+"
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3406152/ 
https://books.google.fr/books?id=wL179BIcZQEC&pg=PA461&lpg=PA461&dq=rubus+nitrogen+fixing&source=bl&ots=2aiGyJQ28h&sig=QOUySXYXcE4lAf6RfzUSeSnfyck&hl=fr&sa=X&ei=RAHSVLWfNMHsUuOogvgH&ved=0CEwQ6AEwBQ#v=onepage&q=rubus&f=false
fixation d'azote chez rubus ellipticus http://link.springer.com/article/10.1007/BF02140725




3 RONCES BIO-INDICATRICES

BIOTOPE CHAUD, SEC et LUMINEUX
le biotope de la ronce à feuilles d'orme, 
sur le bord des chemins, dans les clairières, les bordures forestières ensoleillées.
ARBRES: chêne pubescent, chêne vert.
ARBUSTES: aubépine monogyne, prunellier, cornouiller sanguin, troène commun, chèvrefeuille des Baléares (adulte, forme arbustive)
LIANES et GRIMPANTES: ronces à feuilles d'ormes, ronce tomenteuse, lierre grimpant, clématite blanche, rosier des chiens, tamier commun, clématite flammette, salsepareille, chèvrefeuille des Baléares (liane)
HERBACEES: garance voyageuse, asperge sauvage, fragon épineux, fougère aigle, germandrée petit-chêne 
GRAMINEES: brachypode penné, brachypode penné var. phoenico, brachypode des bois. dactylis peletonné
COUVRESOL: -, ronce, brachypode, garance voyageuse, (germandrée petit-chêne).
NFP: -
La co-occurence est la présente simultanée de plusieurs plantes dans le même biotope de manière statistiquement significative.

biodiversité:
Le biotope de la ronce ulmifolius comptent environ 3515 espèces différentes en moyenne. 23 espèces caractéristiques sont fidèlement associées à la ronce à feuille d'orme. 

3 espèces peuplent abondamment ce biotope: le lierre grimpant +25% (abondance 3-6), l'aubépine monogyne (abondance 2-6) +10% et le prunellier +10% (abondance 2-6). Ces espèces sont caractéristiques de la haie forestière et de la fruticée, le lierre signe l'avancée de la forêt sur l'espace champêtre. A ce stade, le lierre est souvent rampant, il prend le relais des ronces. Il commence à grimper sur l'écorce des arbres mâtures, même fruitiers, lorsque des espèces forestières pérennes apparaissent comme le chêne.

>>> Dans un verger, l'association ronces, pruniers et aubépines est pertinente - et par extension la famille des pommiers, des cognassiers et des poiriers.

Dans un milieu forestier méditerranéen, on trouve en abondance le chêne truffier +50%, le chèvrefeuille d'Etrurie entre 10% et 75% (abondance-dominance 2-5), le rosier toujours vert +10% (abondance 2-6) et la salsepareille. On peut faire le même diagnostic de l'avancer de la forêt sur la guarrigue rocheuse, siliceuse ou sableuse.

Sur un sol rocheux et basique, on retrouve la ronce tomenteuse, aussi appelé rubus canescens, entre 10% et 50% (abondance - dominance 2-4), le thym et la fougère asplémnium noire, qui pousse entre les roches calcaire, entre 10% et 75% (abondance-dominance 2-5).

les plantes fidèles:
23 espèces caractéristiques peuplent ces biotopes. 8 espèces sont des lianes ou des espèces grimpantes, 6 espèces sont des arbustes, 5 espèces sont des herbacées, 4 espèces sont des graminées, 2 espèces sont des arbres.

La ronce à feuille d'orme s'associe fidèlement à l'aubépine monogyne à 55%, à la garance voyageuse à 52% et au lierre grimpant à 52% et aux brachypodes.
Les graminées représentent 4 espèces sur 23, soit +17% des espèces de plantes potentielles du biotope. La ronce s'associe à 39% avec le brachypode penné, à 31% avec le dactylis aggloméré et à 19% avec le brachypode des bois. 

Leur présence et leur absence évolue en fonction de l'avancée de la végétation forestière sur l'espace champêtre. Elle sont présentent en lisière forestière, dans les clairières, les terraisn vagues, les verges en friches, les sols rocheux calcaire. Puis, la ronce à feuille d'orme gagne du terrain sur les champs peuplés de brachypodes et de dactylis peletonnés. 

églantier grimpant jusqu'à la cime d'un prunier
puis retombant vers le sol
tige de +10m de long
Le brachypode penné est une graminée bio-indicatrice de l'absence de sol, d'un sol très calcaire, assez riche en matière organique carbonée qui a tendance à se fossiliser, et très pauvre en azote et en potasse, à cause de l'absence de matière organique animale. Les ronces vont ainsi décompacter le sol et créer un habitat qui va attirer, nourrir et héberger les animaux comme les chevreuils, les oiseaux, les lapins, les rongeurs, les hérissons, les gastéropodes dont les fientes et les urées vont rééquilibrer le PH et participer à recréer un complexe argilo-humique.

Le dactylis peletonné, ou dactylis aggloméré, est une graminée bio-indicatrice d'un sol très riche en base et à ph calcaire>7, au bilan hydrique équilibré.

Le brachypode des bois s'installe en lisière forestière. C'est une graminée vivace. Elle indique un engorgement en matière organique carbonée, une carence en azote, et un sol riche en base à ph basique à neutre. Il s'installe avec l'avancée de la forêt. Dans un terrain plus champêtre, on peut trouver le brachypode des prés.

Les herbacées fidèles à la ronce sont la fougère aigle à 26%, la germandrée petit chêne, la garance voyageuse, le fragon épineux et l'asperge sauvage, qui caractérise les sols sableux ou siliceux.

Les arbustes des fruticées sont les espèces les plus représentatives du mutualisme des ronces. Les arbustes représentent 6 espèces/23, soit 26% de la végétation caractéristique des ronces à feuilles d'orme.

Les arbres sont les dernières espèces à se développer. Les ronces créent des conditions d'ombrage et d'humidité propice à la germination des graines forestières, et accueille les animaux compagnons, notamment les oiseaux. Souvent la végétation reste assez éparses dans les forêts de chêne verts.

Dans le sud, d'autres arbres et arbustes écologiquement similaires sont susceptibles de partager ce biotope: le cormier, l'arbousier, le laurier noble, le pin pignon, le pin d'Alep, le chêne truffier, la viorne tin. D'après nos observations de terrain, nous nous permettons d'ajouter le figuier, l'olivier, le mimosa et l'argousier.
tamier et clématite
Les lianes, les espèces grimpantes, les plantes rhizomateuses ou rampantes représentent une biodiversité importante de la flore avec 8 espèces sur 23, soit 35% des espèces compagnes des ronces: le lierre grimpant, les clématites blanches, la clématites flammettes (dans le sud), le rosier des chiens, le tamier, les ronces, le chèvrefeuille des Baléares et la salsepareille. Certaines de ces espèces sont des plantes pionnières du biotope forestier européen, d'autres sont spécifiquement des espèces méditerranéennes.

>>> Ces espèces des haies ont besoin d'un support pour se développer; le mutualisme avec les arbustes et les grandes herbacées est donc essentiel; à défaut, elles restent rampantes sur le sol. Cette relation témoigne de la transition d'une végétation herbacée vers une végétation arbustive voir arborescente. L'abondance de lianes en lisière forestière nous indique la bonne articulation des différentes strates de la végétation.



>>>Dans le biotope de la Ronce à feuille d'Orme, les graminées, les espèces grimpantes et/ou rampantes ainsi que les arbustes sont majoritaires. Ils produisent des graines estivales et des baies hivernales. 

Les graminées représentent 17% des espèces potentielles du biotope représentées par seulement 2 espèces et 3 variétés, notamment les brachypodes. 

Les arbustes représentent 26 % de la biodiversité de la végétation et les arbres seulement 9%.

65% des espèces caractéristiques du biotope adoptent une stratégie de multiplication végétative et/ou drageonnante, en plus d'une reproduction par semis (15/23 espèces). 

Le biotope des ronces est donc un espace ouvert, largement exposé à la lumière et aux UVS, dominé par les herbacées et les plantes couvresol ou grimpantes sur des petits arbustes. La flore est héliophile et thermophile; les espèces tolèrent une faible situation hydrique et des sols pauvres, sablonneux et drainants, et tolèrent les embruns marins pour certaines.

La flore est souvent épineuse et/ou toxique. +30% des espèces végétales développent des épines ou des aiguilles (7/23 espèces). +69% des espèces contiennent des toxines (16/23 espèces). Les toxines les plus représentées sont les hétérocides (cyanogénétiques, stéroidiques et saponocides), de l'oxalate de calcium, du ranunculoside, des tanins et de la thiaminase (fougère aigle uniquement). 5 espèces sur 7 développent à la fois des épineset des toxines, soit 21% de la flore du biotope, dont les ronces font partie.

Toxicite! nous vous rappelons que la couleur ou le caractère sucré d'un fruit n'ont rien à voir avec la comestibilité; des chèvrefeuilles à baies rouges et sucrées sont violemment toxiques, le laurier rose est mortel, fleur, feuille et gousse (2 feuilles suffisent à tuer un adulte). Dans nos pays, la majorité des baies sont toxiques pour l'Homme, ils sont destinées aux oiseaux qui ont des enzymes digestives différentes et un transit très rapide contrairement au nôtre.

Les plantes écologiquement similaires à rubus ulmifolius:
biotope local:
Dans l'extrème sud-est, sur la Côte d'Azur et en Corse, dans un climat chaud et sec, sur sol calcaire, elle occupe aussi le biotope d'une autre ronce méridionale: la ronce tomenteuse. Dans ce biotope, on retrouve l'amélanchier, le cytise*, le gênet d'Espagne*, le pin pignon, le chêne vert, le chêne pubescent, le cormier, le genévrier cade, le genévrier commun, l'arbre à perruques, le prunellier, la lavande officinale, le thym, l'asperge, le rosier des chiens et d'autres.

Si vous vivez dans ces régions, rapprochez vous de ces écosystèmes arides pour composer des associations ronces et arbres fruitiers.

biotope élargi à toute la France:
Rubus fructicosus var ulmifolius schott, la ronce à feuilles d'orme, partage le même biotope que ces deux fidèles plantes compagnes: l'aubépine monogyne et la garance voyageuse dans le Sud-Ouest de la France, le cormier, le chêne vert, le pin pignon, l'orne (frêne à fleurs), le laurier noble et l'arbousier dans le sud de la Méditerranée et le Littoral et celui du prunellier et du cornouiller sanguin dans le Nord- Est de la France.
Ces suggestions de plantes fidèlement associées à ces espèces de la famille des Rosacées - subd. rubus fructicosus, permettent d'adapter les associations et de les diversifier. En combinant les plantes écologiquement similaires de l'aubépine monogyne, du prunellier, du cornouiller sanguin et de la garance voyageuse, on élargie le biotope de référence des ronces à un micro climat héliophile et thermophile sur toute la France:


ARBRES: chêne pubescent, chêne vert, pin d'Alep, chêne pédonculé, frêne, érable champêtre, charme, chêne truffier, merisier, cormier.
ARBUSTES: aubépine monogyne, prunellier, cornouiller sanguin, troène commun, chèvrefeuille des Baléares (adulte, forme arbustive), genévrier cade, filaire sp., nerprun alterne, thym, noisetier, viorne lantane, fusain, chèvrefeuille des haies, amélanchier, arbre à perruques.
LIANES et GRIMPANTES: ronces sp., lierre grimpant, clématite blanche, rosier des chiens, tamier commun, clématite flammette, salsepareille, chèvrefeuille des Baléares (liane).
HERBACEES: garance voyageuse, asperge sauvage, fragon épineux, fougère aigle, germandrée petit-chêne, thym, dorycnie à cinque feuilles, sceau de Salomon, fraise des bois.
GRAMINEES: brachypode penné, brachypode penné var. phoenico, brachypode des bois, dactylis peletonné, brachypode rameux, laîche de Haller, carex glauque, brachypode des champs
COUVRESOL: -, ronce, brachypode, garance voyageuse, dorycnie à 5 feuilles, fraise des bois.
NFP: -, cytise, gênet d'Espagne, gesse des bois.

Par extension, vous pouvez cultiver d'autres arbres fruitiers comme le cormier, l'arbousier, le figuier et les oliviers. Et cultiver des chênes truffiers sur sol calcaire et des pignons de pins en microclimat chaud. Dans les zones propices, vous pouvez cultiver les arbres de la famille des Oléacées (Oliviers sp.). Pour les aromates ou les essences florales, vous pouvez cultiver du laurier noble, du thym, des espèces de la famille des santal, des chèvrefeuilles, des violettes. Pour les amateurs d'orchidées, la limodore pousse très bien dans ces milieux. Côté légumes, les landes ou les zones rudérales sont souvent des lieux propices à la culture des cucurbitacées, des chardons - artichauts et panicaut, des carottes, du fenouil, des asperges et des tomates.

Utilisez les hots spots de votre terrain, exposé plein sud à l'abri des vents gélifs, sur sol drainant, sablonneux voir rocheux. La ronce à feuille d'orme vous indiquera ces zones héliophiles et thermophiles, alors que la ronce bleue vous indiquera les zones fraîches et ombragées.

Les ronces supportent des sols pauvres - elles produisent leur propre hormone de croissance. Elles ont développé des stratégies de survie dans les écosystèmes les plus abîmés. Elles sont d'ailleurs très polymorphes: leur génétique leur permet une diversité de formes et de couleurs pour s'adapter à leur milieu et à n'importe quel microclimat. C'est ce qui rend les variétés difficiles à identifier à l'intérieur des espèces. Toutes sont comestibles, fleurs, fruits et feuilles.

Comme la plupart des espèces grimpantes, des lianes et des vignes, la présence de fixateurs d'azote boostent leur croissance de manière phénoménale. Citons par exemple le robinier, les aulnes, le mimosa, l'olivier de Bohème ; les arbustes comme le cytise, le genêt, l'argousier et l'eleagnus ebbingei. Des herbacées comme les gesses sont aussi adaptées. Lors d'observation en forêt, j'ai pu trouver des mûres et des vignes dans des peupleraies: les feuilles et les fruits sont deux à trois fois plus volumineux, charnus, sucrés et doux.

>>>Plus d'infos sur le biotope du prunellier.

BIOTOPE FRAIS, OMBRAGE ET HUMIDE
le biotope de la ronce bleue, 
dans les sous bois et les situations ombragées.
ARBRES: frêne, chêne pédonculé, aulne glutineux*, orme champêtre
ARBUSTES: cornouiller sanguin, aubépine monogyne, noisetier, troène commun, prunellier, fusain, viorne obier, chèvrefeuille des haies
GRIMPANTES: lierre grimpant, clématite blanche, chèvrefeuille des haies.
HERBACEES: ortie dioïque, lierre terrestre (géranium), benoîte urbaine, gaillet gratteron, circée de Paris, géranium robert, reine des prés.
GRAMINEES: brachypode des bois, laîche des bois
COUVRESOL: lierre terrestre, ronce bleue, (brachypode des bois)
NFP: aulne glutineux*.

La ronce bleue est bioindicatrice des zones ombragées, à forte humidté atmosphérique, sur sol humide et calcaire. Elles s'installent en bas des bordures, le long des ruisseaux, en sous-bois, en lisière forestière et au nord des haies. Elles témoignent de l'état de transition d'un biotope champête à un biotope forestier. 

biodiversité:
Le biotope de la ronce coesius comptent environ 3133 espèces différentes. 25 espèces caractéristiques s'associent fidèlement à la ronce bleue.

La ronce bleue peut-être une espèce dominante, elle représente au minimum 25% (abondance-dominance 3-6) de la végétation du milieu peuplé majoritairement par les frênes et les ormes qui représentent aussi 25% minimum de la végétation abondante du milieu. La ronce se retrouve en compagnie du cornouiller sanguin à 48%, de l'aubépine monogyne à 44%, du frêne, du noisetier et du brachypode des bois à 42%. Ces espèces sont représentatives du biotope des forêts de feuillus fraîches et humides, sur sol à tendance argilo calcaire ou siliceux.

25 espèces végétales caractérisent ce biotope. 8 espèces/25 des plantes fidèles sont des arbustes, 7 espèces sont des herbacées, 4 espèces sont des arbres dont 1 fort fixateur d'azote (l'aulne glutineux), 3 espèces sont des lianes ou des plantes grimpantes, 2 espèces sont des plantes couvre sol, 2 espèces sont des graminées qui jouent aussi le rôle de couvre sol.

D'autres arbres aux caractéristiques écologiques similaires peuvent être associés: l'aulne blanc*, le peuplier noir, le robinier faux-acacia*, le cerisier à grappes et le sureau noir.

les arbres
Les arbres représentent 4 espèces fidèles/25, soit 16% de la végétation représentative du milieu de la ronce bleue. On remarque l'importance des arbres à symbiose mycorhizienne.

Les frênes et les ormes sont les arbres les plus abondants dans le milieu de la ronce bleue, ils représentent au minimum 25% de la végétation du biotope (abondance-dominance 3-6). Les frênes et les ormes sont des espèces caractéristiques des ripisylves à inondation saisonnière et des milieux ombragées. Ils accueillent de nombreux champignons comestibles.

Les peupliers, les noisetiers, les aulnes, les saules, les robiniers faux-acacias, sont des essences à statut symbiotique mixte, avec un fort potentiel mycorhizien avec les champignons arbusculaire dans un premier temps et ectomycorhiziens dans un deuxième temps avec les basidiomycètes. Ces essences forestières d'arbres développent une double mycorhization, que l'on appelle andoectomycorhizienne, entre leur âge juvénile et mâture.

Les aulnes glutineux et les robiniers faux-acacia ont la particularité d'être des forts fixateurs d'azote grâce à leur partenariat avec les bactéries nitrifiantes frankia et développent éventuellement une mycorhization avec des champignons arbusculaires microscopiques qui restent dans le sol, mais rarement avec des basidiomycètes.

La présence du frêne et des espèces tardives témoigne de la migration des essences forestières des plaines vers l'espace collinéen, jusqu'à une altitude de moyenne montagne. C'est au cours de ce processus évolutif que ces espèces ont développé cette stratégie de symbiose mixte bactérienne et fongique. Ce qui nous renseigne sur la richesse du substrat et sa dynamique bactérienne, microbienne et fongique. Ainsi que la faune épigée qui se développe dans la litière et l'humus.

les arbustes
l'aubépine monogyne, le noisetier, le cornouiller sanguin, le prunellier, le troène commun, le chèvrefeuille des haies, le fusain et la viorne obier.

>>>La présence d'arbres et d'arbustes forestiers, que ce soit au stade de jeunes plants, de jeunes arbres comme d'arbres adultes, témoignent du potentiel de régénération des espaces comme les taillis, les clairières forestières ou d'un état forestier plus avancé comme celle d'une chênaie-hêtraie, mais aussi des aulnaies et des peupleraies. La plus part de ces espèces ont une durée courte inférieure à 100 ans et tolèrent des situations ombragées, humides et rustiques jusqu'à -20°C et au delà. Les graminées sont aussi des variétés forestières. La ronce bleue est l'une des rares ronces que l'on peut trouver en sous-bois; elle est tolérante à la mi-ombre et à la fraîcheur. Contrairement à la ronce à feuille d'orme, la ronce bleue est rampante et de taille moyenne, inférieure à 60 cm.

Les lianes et les espèces grimpantes
2 lianes : le lierres grimpant et la clématite blanche et 1 arbuste grimpant: le chèvrefeuille des haies. Le houblon partage affectionne les mêmes caractéristiques écologiques similaires.

Les espèces à multiplication végétative
Les espèces rampantes, à stollons ou à développement rhizomateux représentent environ 9 espèces fidèles /25 soit 36% des espèces fidèles avec l'ortie dioïque, la reine des prés, le lierre terrestre, la ronce bleue, le gaillet gratteron. Parmi les arbustes, certain ont un développement rhizomateux et/ou drageonnant comme le cornouiller sanguin, le prunellier, le noisetier et l'aulne glutineux*. Les lianes adoptent souvent une multiplication végétative, ce qui porter le nombre d'espèces à 12/25 soit à 48% des plantes représentatives de ce milieu.

>>>La multiplication végétative fait partie d'une stratégie importante de sauvegarde et de colonisation du biotope des ronces bleues dans les fossés, les clairières, les sous-bois ou aux pieds des haies forestières. La richesse du substrat, de la litière, la présence de l'ombre et de l'humidité favorisent le marcottage des espèces.

les herbacées 
la circée de Paris, l'ortie dioïque, la reine des prés, le gaillet gratteron, la benoîte urbaine, le lierre terrestre et le géranium robert.

Elles sont bio-indicatrices d'un sol frais et humide, riche en matière organique carbonée et azotée. L'épilobe en épi, l'alliaire, le lamier tacheté, l'oseille sanguine, la violette odorante et la valériane officinale affectionnent les mêmes milieux.

Là où les espèces toxiques et épineuses prévalaient dans l'univers rudéral des ronces à feuilles d'orme, on voit queles plantes médicinales accompagnent plus volontiers les ronces bleues.

La reine des prés contient de l'acide salicylique; les géraniums, la benoîte urbaine, le lierre terrestre contiennent des antimicrobiens, elles sont analgésiques, antiseptiques et même antiecchymotique (benoite). Ces herbacées sont riches en huiles essentielles comme l'eugénol (essence de girofle, dans la racine de benoîte), le camphre,l’eucalyptol, le menthol et le thymol, notamment les feuilles de lierre terrestre. On peut aussi citer l'ortie et le frêne. Elles sont toutes comestibles en tisanes médicinales. Ce qui permet aux organismes de résister aux gelures, aux refroidissements et surtout à la forte humidité atmosphérique; des conditions propices à l'oxydation des cellules, au pourrissement et aux maladies cryptogamiques pathogènes. Les ronces bleues elles-mêmes se parent d'une fine pruine blanche qui est une cire hydrofuge.

En effet, les zones humides à tendance hydromorphique dans lequel peuvent pousser les aulnes, les saules, les frênes, les reines des prés, les cornouillers sanguins, les prunelliers, les merisiers se retrouvent dans les plaines du nord et du nord-est de la France, comme en moyenne montagne.

L'engorgement des sols en eau peut occasionner une oxydation et une acidification du sol par la libération d'ions aluminium et ferrique; l'engorgement de matière organique peut bloquer l'azote et les autres nutriments, occasionnant une ionisation négative des molécules: les ions azote deviennent des ions nitrates puis des nitrites qui vont polluer les sols de métaux lourds, soit par excès d'intrants chimiques dans les zones cultivées soit pour des raisons naturelles de composition géologique du terrain comme en montagne. C'est ainsi que se forment les tourbières par exemple et que les hydrocarbures se sont formés il y a plusieurs millions d'années.

autres plantes riches en acide salicylique: saule, osier, reine des prés, bouleau, aloe, cotonnier, l’alchémille, la fraise des bois, la pensée, la pomme, la primevère officinale, la pulmonaire, le saule blanc, le souci et l’ulmaire.


biotope local: Une autre ronce qui affectionne les stations fraîches du Cente et du Nord de la France, jusqu'en Belgique, en Allemagne et en République Tchèque, c'est la ronce de Nees. Elle pousse le long des chemins forestiers, dans les clairières sur sol frais, et généralement au dessus de 500m, à l'espace collinéen. La biodiversité floristique est assez pauvre avec seulement 500 variétés de plantes différentes au km². Si vous vivez dans ces régions, rapprochez vous de ces écosystèmes rustiques pour composer des associations ronces et arbres fruitiers.

Elle s'associe avec l'aubépine monogyne, le rosier des chiens, le prunellier, le chèvrefeuille des haies, le lierre grimpant, le chêne pédonculé, le noisetier, le cornouiller sanguin, le fusain et la ronce à feuille d'orme. On trouve aussi des plantes écologiquement similaires: le pommier commun, le pommier sylvestre, le poirier commun, le poirier sylvestre, le néflier, la bourdaine, le houx*, le tremble*, le bouleau verruqueux, le charme, le chêne sessile, la bryone.

>>> + d'infos sur le biotope du pommier et du poirier.


BIOTOPE ROCHEUX ET MONTAGNARD
 le biotope de la ronce des rochers, 
dans les hêtraies sapinières, taillis et éboulis rocheux à tendance calcaire, 
forêt mixte de moyenne montagne 1000m
ensoleillée à mi ombragée, froide et humide.



ARBRES: alisier torminal, sorbier des oiseleurs, épicéa, hêtre, sapin pectiné, érable sycomore.
ARBUSTES: chèvrefeuille des haies, rosier des Alpes, viorne lantane, chèvrefeuille des Alpes, noisetier, bois joli.
GRIMPANTES: rosier des Alpes, chèvrefeuille des haies, chèvrefeuille des Alpes, chèvrefeuille noir (liane).
HERBACEES: ronce bleue, épervière des murs, solidage verge d'or, prénanthe pourpre, fraise des bois, anémone hépatiques à 3 lobes, pyrole unilatérale (éricacées), oxalis des bois, laser blanc, violette des bois, euphorbe douce, véronique à grandes feuilles, myrtille (éricacées), muguet de mai, géranium des bois, parisette, mélampyre des forêts.
GRAMINEES: seslérie blanchâtre, mélique penché.
COUVRESOL: ronces des rochers, fraise des bois, oxalis des bois, violette des bois, myrtille, muguet de mai.
NFP: - , (cytise des alpes*)

biodiversité:
Le biotope de la ronce saxatilis comptent environ 1809 espèces de plantes différentes. 32 espèces caractéristiques s'associent fidèlement à la ronce des rochers. Les ronces des rochers représentent +20% de la végétation minimum (abondance-dominance 2-6). Elle fait partie des espèces dominantes avec le chèvrefeuille alpin, la mélique penchée, la gesse printanière*, le lis martagon, la pyrole unilatérale et l'épervière faux-prénanthe. 

>>>La ronce des rochers peut pousser en isolé mais s'associe préférentiellement avec l'épervière des murs à 46%, l'alisier torminal à 45%, le sorbier de oiseleurs et la solidage verge d'or à 43%.

les arbres
>>>Les arbres fidèles représentent 6 espèces sur 32, soit 18% des espèces fidèles, notamment les Sorbus et les résineux.

Les essences forestières compagnes sont: les hêtres, les alisiers torminaux, les sorbiers des oiseleurs, les sapins pectinés, les érables sycomores et les épicéas. Un autre arbre qui partage un biotope écologiquement similaire est l'alisier de Mougeot.

Les résineux produisent des cônes à pignons qui font le régal des écureuils. Leur hauteur attirent des oiseaux de haut vol, comme les rapaces. Ce sont des espèces vivaces. Leurs épines acidifient le sol. Et leur essences résineuses ont des propriétés médicinales. Les résineux et les érables exsudent des enzymes inhibitrices de croissance pour s'accaparer un territoire. Les sorbiers, en particulier le sorbier des oiseleurs, est une arbre bio indicateur de températures continentales à hiver rigoureux, venteux et gélif. le sorbier des oiseleurs est bio indicateur d'un courant d'air froid et d'une forte humidité atmosphérique.

les arbustes
>>>Les arbustes fidèles représentent 6 espèces sur 32, soit 18% des espèces fidèles, notamment les chèvrefeuille des haies, les noisetiers et les viornes lantanes.

les arbustes compagnons sont: les noisetiers, les chèvrefeuilles (chèvrefeuilles des haies+ chèvrefeuilles des Alpes), les viornes lantanes, les bois jolis et les rosiers des Alpes. Un petit arbre écologiquement similaire est le Cytise des Alpes, un fixateur d'azote, de la famille des Fabacées.

Les plantes compagnes grimpantes à tendance lianescente ou arbustive sont surtout représentées par les chèvrefeuilles et les rosiers: les chèvrefeuilles des haies, les chèvrefeuilles des Alpes, les chèvrefeuilles noirs et les rosiers des Alpes. Ces espèces sont résistances à des températures hivernales et gélives au delà de -30°C voir -40°C.

On peut imaginer cultiver le chèvrefeuille comestible Lonicera Kramschatika, d'autres viornes comestibles, dont la viorne trilobée du Canada, ou d'autres variétés de myrtilles, de ronces, d'églantiers et de bleuets alpins, nord américaines, eurasiatiques ou arctiques. Attention toutefois à la compétition potentielle avec les espèces locales. Les espèces importées pourraient concurrencer voir supplanter les espèces locales. C'est ce qui s'est passé au sud de la Suède lors d'une campagne de repeuplement des forêts d'érables par des érables à sucres canadiens, beaucoup plus résistants, qui sont devenus invasifs et concurrentiels avec les érables suédois.

fonge:
Dans les hêtraie-sapinières, on trouve:
sous les hêtres: des cèpes d'été, des bolets rose pourpre, de l'amadouvier, des hygrophores ivoiriens, des lactaires non zonés, des lactaires poivrés, des cortinaires remarquables, des trompettes des mortsdes armillaires couleur de miel.
sous les sapins pectinés: des amanites rougissantes, des amanites panthères (mortel!), des cèpes de bordeaux,des chanterelles en tubedes coulemelles, des tricholomes terreux.
sous les épicéas: les amanites tue-mouches, les amanites porphyres, les amanites rougissantesles lépiotes déguenillées.

* les espèces soulignées sont comestibles après cuisson; les cèpes sont comestibles crus. Certains peuvent être utilisé comme champignon condiment, comme le lactaire poivré. Les autres sont toxiques, hallucinogènes (comme l'amanite tue-mouches) ou mortels (comme l'amanite panthère ou le cortinaire). L'amadouvier est un champignon inflammable qui peut être utilisé comme allume feu, mais aussi comme matière textile après process.

>>>On comprend la biodiversité bactérienne et fongique potentielle du sol grâce à la biodiversité des essences de cette forêt mixte: andomycorhize (hêtre, alisier, sorbier, cytise*), ectomycorhize (épicéa, sapin), endoectomycorhize (érable), éricacées (herbacées). La présence d'un fixateur est favorable (cytise -frankia et gesse -rhizobium).

Ces champignons développent une relation symbiotique avec leurs hôtes, essentielle à leur développement et leur santé. Ils échangent des nutriments, de l'eau et des substances médicinales via le système racinaire. Ils sont aussi les vecteurs d'insectes et de gastéropodes compagnons. Les amanites sont des espèces fongiques pionnières. Elles sont aussi mycocides, c'est à dire qu'elles tuent les insectes parasites.

>>> Pour plus d'infos sur la relation symbiotique entre les arbres et les champignons, consultez nos articles "L'ectomycorhize: une relation symbiotique entre arbres et champignons", "Les ponts mycorhiziens " et aussi "Mycogardening: des champignons et des arbres fruitiers"

les herbacées compagnes sont:  les épervières des murs, les solidages verges d'or, les violettes des bois, les fraises des bois, les myrtilles (éricacées), les oxalis des bois , les prénanthes pourpres, les anémones hépatiques à 3 lobes, les muguets de mai, les parisettes, les euphorbes douces, les géraniums des bois, les lasers blancs , les pyroles unilatérales (éricacées), les véroniques à grandes feuilles, les mélampyres des forêts et les ronces bleues.

Les autres herbacées écologiquement similaires sont l'épervière prénanthe, la digitale à grandes fleurs, l'ancolie, le lis martagon, la daphné, la gesse printanière*, la valériane des montagnes, la mélampyre des bois, la knautie des bois.

>>> la biodiversité floristique est remarquable: astéracéesviolacées, apiacées, caprifoliacées, valérianacées, rosacées, scrophulariacées, géraniacées, ranunculacées, liliacées, euphorbiacées, thyméléacées, fabacées*, éricacées. On remarquera aussi la diversité colorée des fleurs. Ce qui implique une étroite collaboration avec les insectes et les pollinisateurs en particulier, et les oiseaux qui consomment les graines, les baies et les insectes. Un beau paysage champêtre de montagne, dans le quel le vent a aussi un rôle majeur dans la dissémination de certaines familles d'herbacées, notamment chez les astéracées.

Beaucoup de ces plantes sont des plantes médicinales à dose homéopathique mais dont la toxicité est parmi les plus violentes comme les digitales, les daphnés, les ancolies, les anémones, le bois joli et le cytise, toutes mortelles; citons aussi les euphorbes, le muguet, le lis et la parisette. Les chèvrefeuilles sont aussi toxiques.

Certaines plantes renferment des composés anti-oxydants, notamment dans les espèces à baies comme la fraise, la myrtille et la ronce. Les violettes, les géranium, les fraises ont des propriétés calmantes, adoucissantes grâce au mucilage. Les oxalis des bois sont minéralisantes et contiennent de l'oxalis qui joue un rôle dans l'activation des immunités et la communication avec les autres plantes.

Les résineux exsudent des terpènes antiseptiques, antiparasitaires et antifongiques et produisent une résine, la térébenthine.

>>>La sélsérie blanchâtre et la mélique penchée nous indiquent un sol rocailleux. Elles affectionnent les éboulis rocheux comme les sous-bois pentus des hêtraies-sapinières et des fruticées, de l'espace collinéen à l'espace montagnard. On les trouve localisées dans l'Est de la France et dans les Pyrénées, sur sol neutrocalcaire, mais absente de la Méditerranée et du Littoral, surtout à l'Ouest.

le biotope du framboisier
ARBRES:hêtre, sorbier des oiseleurs, sapin blanc, érable sycomore, épicéa.
ARBUSTES: sureau des montagnes
GRIMPANTES: -
HERBACEES: oxalis des bois, fougère femelle, fougère mâle, myrtille, prénanthe pourpre, fraise des bois, épilobe des montagnes, dryoptéris de Chartreuse, violette des bois, aspérule odorante, épervière des murs, épilobe en épi, lamier jaune, géranium robert, séneçon des bois, solidage verge d'or.
GRAMINEES: canche flexueuse.
COUVRESOL: oxalis des bois, fraise des bois, canche flexueuse, violette des bois, asperule odorante
NFP: -

>>> un autre article sera consacré au biotope des framboisiers.

DESIGN DE RONCE

Les avantages des ronces en permaculture :
Les ronces sont d’excellentes plantes bio indicatrices de vos hots spots (point de chaleur et de lumière) et des zones fraîches et humides.
Elles créent des buissons protecteurs naturels et gratuits pour les jeunes arbres fruitiers de la germination à la monter de tige.
Elles protègent le sol et les arbres contre les UVs, le vent, les écarts de températures, la sécheresse, le froid, le gel, les parasites et les abroutissements des troupeaux de mammifères.


Elles abritent et nourrissent la faune toute l'année.
Elles préparent, nourrit, hydrate et structure le sol en créant une litière et des conditions d'humidité propices à l'implantation d'une végétation arborescente, en gagnant du terrain sur les graminées.

quel design adopter?
>>>Choisissez un design en concertation avec les ronces : allez dans le sens de développement pris par la ronce (qui suit la lumière et les bordures des chemins spontanément, ou grimpe aux arbres). Les ronces communes, rubus fructicosus, sont héliotropes, c'est à dire qu'elles cherchent la lumière; n’allez pas à contre sens ou dans le sens opposé de la lumière.

Guidez les ronces: Respectez une croissance multidirectionnelle en 3D, et le marcottage spontané de la plante. 

Avancez avec les ronces: la ronce est une plante « mobile », qui coure et gagne du terrain. Leurs rameaux sont annuels voir bi annuels. Prévoyez un design évolutif comme une haie. Prévoyez de les régénérer le cas échéant.

Tressez les ronces comme un cannage tout en respectant une aération suffisante pour éviter les pathogènes, tout en permettant aux auxiliaires de s’y installer ( araignées et toiles) et d’y circuler (insectes volants), petits mammifères ou plus grands selon votre souhait et son rôle (buisson attrape chaleur ou haie fruitière).

Sculptez les ronces: Laissez des zones libres sans aucune intervention, puis intervenez par la suite pour « sculpter cette zone ». Variez l’emplacement des niches à chaleur.

Une fois les vieux buissons morts, réutilisez-les comme supports pour des plantes grimpants fixatrices d’azote comme des haricots, des fleurs, broyez les rameaux ligneux morts comme BRF, ou brûlez-les comme cendres nutritives, et replanter des arbres ensuite, le mieux est encore de régénérer les pieds de ronces en les taillant à blanc. Un pied de ronce peut vivre plusieurs années.

Optez pour une taille régénérante.
Je taille les rameaux fanés lorsque la plante est encore verte, en automne, et non en hiver quand la sève est descendue. Pourquoi? Lorsque la plante est encore verte, elle est active et la sève circule bien. La plante peut donc cicatriser et préparer des bourgeons au niveau de la ramification avant l'hiver, elle sera prête pour le printemps, et toutes les plaies seront cicatrisées pour affronter l'hiver.

Si votre but est de réguler la prolifération des ronces, et que vous voulez faire une taille sévère, alors dnas ce cas, en effet tailler tous les rameaux en hiver. Sachez toutefois que cette technique va booster la reprise de la ronce au printemps avec encore plus de viguer, et que vous n'aurez pas de fruits l'année prochaine; il faudra attendre la deuxième année (car les mûres fructifie sur les rameaux de l'année précédente). Donc vous aurez de nouveau autant de ronces voir plus, et pas de fruits.

Tailler à blanc est un choix intéressant si le but est de régénérer ponctuellement un buisson et de produire du BRF de ronces pour produire de la biomasse carbone de manière accélérée.

Bon à savoir: le but du déplacement des ronces est aussi de répartir des points d'encrage racinaire différents et éloignés les uns des autres, d'année en année, pour éviter d'épuiser les ressources du sol sur un même endroit. La défoliation et les bois morts fournissent ensuite du carbone, des supports et des abris. La ronce a donc vocation à se déplacer longitudinalement plutôt que verticalement, contrairement aux lianes. Le mieux est de faire le tour d'une zone, comme une haie autour de votre verger, comme elles le feraient spontanément dans une clairière forestière.

>>> Les ronces sont l’une des plantes qui permettent de créer des designs évolutifs en permaculture, et non « statique ». Quelques plants suffisent, laissez les ramifier et gagner du terrain, ça sera plus économique, et vos efforts seront étalés dans le temps. 


Comment guider et tailler des buissons de ronces ?
_ Utiliser des outils propres qui ne vont pas l’infecter.
_ Respecter les ramifications et le développement de la ronce.
_ Proposer  un itinéraire à la ronce pour qu'elle puisse avancer, marcotter et ramifier.
_ Orienter les ronces dans le sens du soleil, elles sont héliophiles et thermophiles.
_ Tresser les ronces comme un cannage, en veillant à laisser suffisamment d'air pour la ventilation et éviter la prolifération de maladies cryptogamiques.
_ Laisser les araignées s'y installer.
_ Multiplier les contacts doux avec la plante afin d'apaiser la plante et qu'elle ne vous identifie pas comme un animal nuisible.
_ Tailler avec amour : votre bonne intention dégagera des cov positifs. Une taille agressive augmentera le facteur stress, danger et réactionnel des défenses immunitaires. Et enverra des signaux d'alerte à tous les arbres du verger.
_ Limiter les tailles à 2 fois par an, au printemps et après la fructification, ne taillez jamais les rameaux de l'année précédente, c'est sur ceux-ci que les fleurs vont aparaître.
_ Récoltez bourgeons, feuilles, et fleurs en suivant son cycle de vie, en laissant toujours la priorité à sa survie et aux auxiliaires.
_ Observez toujours la réaction de votre plante à vos actions, ou non action, pour mesurer votre effet positif ou négatif sur la plante.

les techniques de taille douce chez les épineux
Les rameaux sont bi annuels. Et les fruits poussent sur les jeunes rameaux de l’année précédente ; attention donc aux tailles abusives et à la période, préférez les tailles à la fin de l’été, après la maturation des fruits. Il suffit alors de tailler les tiges qui ont déjà fructifié – elles meurent l’année suivante ou ne se régénèrent que de manière chétive. Si vous taillez vos ronces au printemps, il faudra attendre l’année suivante pour les voir fructifier.

>>>Si votre action est douce et va dans le sens de développement des ronces: 
elle développe ses fleurs et ses fruits plutôt que ses épines
elle assouplit ses piquants, diminue la taille, la dureté et le nombre de ses épines (parfois jusqu’à un un niveau presque inoffensif, surtout chez les jeunes rameaux), elle développe plus de duvet au niveau des rameaux à fruits.
elle allonge et assouplit ses tiges plutôt que de les durcir
elle augmente sa concentration en chlorophylle plutôt qu’en tanin
elle se développe normalement et s’auto régule
elle ne vous identifie plus comme une menace à votre contact (diminution du stress et d’émission d’alertes chimiques).
elle se développe plus volontiers selon le design et les supports que vous lui proposez.

>>>Si votre action est agressive et met en danger la survie de la ronce : la ronce active ses systèmes de défenses.
elle épaissit ses parois cellulaires
elles augmente le nombre et la taille de ses épines
elle augmente sa concentration en tanin et en toxine dans ses épines et sons système foliaire
Elle développe plus d’hormone de croissance et sa rapidité de développement (l'éthylène augmente la production des enzymes de croissance comme les neutrogénases qui fixent l'azote atmosphérique)
Elle développe son système de multiplication végétative par son système racinaire et/ou son système de ramification
elle développe des buissons agressifs avec une degré d’incidences des épines plus incliné vers le haut et plus acéré comme des crochets qui vont pénétrer la peau plus profondément et s’y loger plus gravement.

Les erreurs à ne pas commettre
Son système ligneux est aussi vigoureux que son système rhizomateux.

La tailler ? Plus vous coupez son système foliaire, plus vous stimulez les excroissances et le système racinaire qui va drageonner de plus belle.

L’arracher ? Plus vous arrachez un plant, plus vous participer à le multiplier : chaque infime bout de racine resté dans le sol donnera lieu à une nouvelle ronce. Vous vouliez vous débarasser d'un pied de ronces, vous en verrez 3 ou 4 autres repousser à la place et de manière plus étendue.

La brûler ? Même le feu n’y vient pas à bout. Puisqu’elles ont surtout développé une stratégie d’aide à la recolonisation contre les brûlures aux UVs et après les incendies; cette technique n’est donc qu’un contre temps. L’incendie va éliminer le couvre sol et toute compétition avec d’autres plantes moins vigoureuses qui va laisser le champ libre aux ronces, le potassium des cendres va nourrir d’avantage son système racinaire pour une reprise encore plus rapide et plus vigoureuse.

>>> En fait, plus vous luttez contre les ronces, plus vous les renforcez, car vous activez leurs systèmes de survie par multiplication végétative ainsi que leur concentration en toxines.


Les systèmes de défenses des ronces
Qui s’y frotte, s’y pique !
types d'aiguillons
[ guide des rosiers sauvages]
Comment se dépatouiller lorsqu’on est accroché à une ronce, ou que des épines s’enfoncent dans la peau ? Surtout :cessez tout mouvement. Les épines sont dessinées pour s’enfoncer dans la peau dans un mouvement pénétrant et la pointe contenant le poison risque de se casser ; en forçant vous allez vous lacérer la peau jusqu’au sang et vous accrochez encore plus de ronces et d’épines à ne plus pouvoir vous en démêler. Vous allez sentir la douleur passer !

Immobilisez vous, restez calme, et saisissez la tige douce entre les épines, ou en pliant les feuilles par le dessus, retirez la en sens inverse, et voilà!

Si vous êtes empêtré dans un buisson, reculez d'avant en arrière, ne vous retournez pas sous peine de vous enroulez dans les ronces; puis défaites chaque branche une à une comme expliqué ci dessus.

Avec un peu d'entrainement et de précautions, vous pourrez traverser des bosquets de ronces sans encombres en forêt et renoncer devant un mur de ronce impénétrable sans coupe coupe. Généralement, il y a toujours un point d'entrée créé par les chevreuils et les sangliers, il suffit de les suivre. Ces accès perdurent tant que le passage des animaux est régulier; puis changent au fur et à mesure que les ronces les referment.

Pour les ronces, on parle plutôt d'épines, alors que pour les rosiers, on parle d'aiguillons. La différence réside dans l'adhérence de l'excroissance par rapport à la tige: un aiguillon peut se retirer sans endommager le bois de la tige, et ne cause donc aucune séquelle à l'arbuste, qui les perd au fur et à mesure que le bois se lignifie. Ôter les épines d'une tige endommage la plante car elle arrache une partie de la paroi cellulaire de la tige.

Certaines espèces développent des duvets, notamment sur les rameux qui portent les fruits ou les jeunes tiges. La première année, une cire blanche recouvre parfois les tiges et même les fruits, comme c'est le cas sur les ronces bleues.

Un poison.
Pour les espèces épineuses comme les ronces, on parle surtout de traumatisme mécanique quand les irritations ou les lacérations sur la peau sont causées par des feuilles coupantes, des épines ou des piquants. Dans certains cas, les irritations sont alors la porte d'entrée de bactéries et de champignons qui causent à leur tour des irritations ou des inflammations très lentes à guérir (comme chez les rosiers ou les aubépines).

Les aiguillons contiennent un poison douloureux et paralysant. Ce poison est irritant et peut occasionner des dermatoses. Certaines espèces développent des poils épineux. Ils peuvent être longs ou courts. On les appelle les trichomes. On les trouve souvent sous les feuilles, là où les insectes viennent se reposer ou nidifier. Ils offrent une stratégie de défense imparable : l’insecte approche de la plante, se frotte aux longs trichomes, qui secrètent en permanence des sesquiterpènes, une substance excitante. Se débattant sans cesse, il casse alors l’extrémité des trichomes courts qui, eux, libèrent alors des molécules qui l’immobilisent et le tuent à petit feu.

Plus une ronce est agressée, plus elle augmente sa concentration en tanin, multipliera la production de ses épines, le design de ces épines sera plus agressif et plus affûté qu'à l'ordinaire et l’épaississement des parois rendera les ronces plus ligneuses, donc plus solides et plus fortes. Une blessure localisée se généralisera en alerte gagnant tout le plante si elle est sévère ou répétée. C'est ainsi que la plante développe des immunités. Mais ne pouvant s'immuniser contre les gestes de l'homme ou d'un herbivore à la mâchoire adaptée, comme les chevreuils, la plante développe des stratégies d'empoisonnement pour gérer ce rapport de force entre bienveillance et nuisance de ses hôtes gourmands.

Il a été démontré dans une réserve africaine, chez l’acacia siffleur, qu’en cas de surpopulation de kudus, l’acacia siffleur augmentait sa concentration de tanin, prévenait par voie aéro dispersive les autres acacias de cet abroutissement abusif, et excitait l’agressivité de leur fourmis hôtes. En cas d'agression ou d'attaque massive menaçant la survie de l'arbre, les acacias augmentent leur taux de toxines, la taille, la robustesse et le nombre de leurs piquants. Ils ont pu observer et confirmer ces résultats de deux manières: par l'examen des estomac des kudus morts dans la réserve et par une veille écologique sur une plantation d'acacias avec deux plantations témoins, l'une régulièrement coupée et taillée, l'autre protégée des agressions. Tous les arbres épineux et urticants en font de même : ronces, rosiers, prunelliers, aubépines, robiniers, argousiers, orties…

Le calcium, les acides jasmoniques, salicylique et les éthylènes facilitent les voies chimiques qui permettent aux plantes de communiquer et d'activer leurs systèmes de défenses et d'immunité (Hopkins). D'où l'importance des plantes compagnes en contenant comme les saules, les jasmins, la reine des prés...

Pour plus d'infos sur la physiologie végétale et les systèmes de défenses des plantes, consultez notre article sur "les stratégies d'immunité et de défenses des plantes" et aussi http://surviejoyeuse.fr/self-defense-vegetal-pauvres-petites-plantes-vraiment/

infos sur les dermatoses professionnelles en agriculture http://nature.jardin.free.fr/dermatoses-pro.pdf
et http://rms.medhyg.ch/numero-245-page-824.htm

Des graines au cyanure
Comme beaucoup de rosacées, le prunier, le cerisier, les pêchiers, les abricotiers, les pommiers... les mûres et les framboises contiennent des graines dont la composition renferme de l'acide cyanogénétique. La drupe qui entoure la graine permet aux animaux de la consommer. Les enzymes digestives de l'animal vont dissoudre la pellicule de la graine qui va ensuite germée dans les excréments des chevreuils, des renards ou des oiseaux. Pas de risque pour la consommation humaine non plus, à partir du moment où vous ne croquez pas les graines.

Des systèmes de défenses
On peut mesurer le rapport agressif ou collaboratif avec un épineux en fonction de ces critères:
_ augmentation/diminution du nombre, de la taille et de la forme des piquants.
_ assouplissement/endurcissement de la robustesse du système foliaire, des tiges et des piquants eux-mêmes (augmentation de la production de cellulose ou de lignine selon)
_ nannification/élongation des ramifications
_ augmentation/diminution de la concentration en tanin des tiges, feuilles et épines (variation de la coloration du vert clair au pourpre)
_ augmentation/diminution de la concentration de poison dans les épines (faites un test de douleur sur un doigt, vous serez très bien l'évaluer. c'est une excellente échelle de valeur! si cela vous picote quelques minutes, quelques heures ou vous endolorie la zone plusieurs jours. ne laissez jamais de piquants dans la peau!!! c'est toxique et pensez à désinfecter. Aujourd'hui, je n'ai que quelques griffures occasionnelles et je n'utilise quasiment plus de gants, mais il m'est arrivé au début, quand je coupai un peu trop les ronces, de me piquer et je dansais pendant des jours).
_ attitude paisible /ou défensive des insectes hôtes, notamment des fourmis et des araignées, voir des guêpes.

Remarque: la forme et la couleur des épines des ronces, comme des aiguillons des rosiers, sont des critères distinctifs entre espèces. C'est en observant la variation du plant lui-même que vous pouvez évaluer l'évolution des défenses du plant.

Nous avons expérimenté sur le terrain notre rapport collaboratif avec les ronces et les rejets de prunelliers pour évaluer notre gestion des ronces comme synergique ou agressive.

Plus votre rapport aux ronces et doux et collaboratif, plus la plante lève ses systèmes de défense car elle ne se sent pas en lutte dans un environnement agressif : les ronces affinent leurs parois cellulaires, leurs tiges sont plus souples, les épines sont plus souples et moins nombreuses, leurs membranes contiennent moins de tanins et la plante utilise son énergie vitale pour s'allonger et fleurir. La présence d'un support et d'un fixateur d'azote améliore encore leurs conditions de développement.

C’est ainsi que nous avons pu évaluer notre rapport avec les ronces. C’est une communication presque directe entre les ronces et notre travail.

DESIGN DE RONCE
créer des buissons et une haie fruitière avec les ronces:

De par la diversité des essences d’arbres et arbustes qui les composent, les haies assurent, quand elles sont présentes, une offre de nectar et de pollen à la fois diversifiée et étalée sur toute la saison apicole. Les saules et noisetiers sont en fleurs dès la fin de l’hiver, alors que le lierre, à floraison très tardive, permet de faire des réserves pendant les dernières périodes de butinage précédant l’hivernage des colonies.
Espèce
Période de floraison
Aubépine Crateagus sp.
mai
Prunellier, ou épine noire Prunus spinoza
avril
Erable champêtre Acer campestre
mai – juin
Lierre grimpant Hedera helix
septembre – mi-octobre
Ronces Rubus ulmifolius
juin – mi-juillet
Noisetier Corylus avellana
février – mars
Châtaigner Castanea sativa
mi-juin – juillet
Chêne Quercus robur
avril – mai
Tilleul Tilia x europaea
juin – mi-juillet
Saule marsault Salix caprea
mi-février à mi-avril
Source : Berrier, 2004
  
Cette liste n’a rien d’exhaustif ; on pourrait encore citer le cornouiller, le chèvrefeuille, l’églantier, le fusain, la viorne, le sureau, le nerprun, ou le troène… Cette diversité floristique, là encore, ne profite pas qu’à la seule abeille, mais aussi à des nombreux autres insectes, dont beaucoup peuvent être utiles pour les productions agricoles.

Dans les années 50, pour répondre à des enjeux politiques et sociétaux, on a planifié la mise en place d'une agriculture industrielle et intensive dans le but d'augmenter la production agricole après-guerre. Pour augmenter la surface agricole des parcelles, on a arraché les haies entre les cultures.  << Dans les années 60 à 80, c’est 45 000 km de haies qui disparaissaient annuellement ; à partir de 1980, ce rythme diminue à 15 000 km par an (Pointereau 92, 01). A cette vitesse, c’est près de 70% des haies présentes en France au début du XX° siècle qui avaient disparues en 1990.>> 

Cette pratique a eu un effet dévastateur sur la faune et la flore et aujourd'hui on subventionne la réintégration des haies. 

La taille abusive des bocages en haie basse et rabattue par broyeur, en Saone et Loire par exemple, doit aussi évoluer. Car les bosquets taillés en carré de 70 cm ne permettent pas aux arbustes de fleurir, ni de fructifier, et encore moins de servir d'abri, et d'assurer leur rôle écologique. Une haie bocagère doit être suffisamment libre, haute, aérée et étagée pour permettre à la biodiversité d'en vivre. L'argument esthétique ne doit pas se substituer au rôle écologique de la végétation. Le patrimoine paysager doit intégrer des critères environnementaux pour être valables. 

La fauche abusive des bordures routières s'inscrit dans le même schéma. Et on voit apparaître de plus en plus de fauches tardives, notamment en montagne ou dans les zones sensibles en plaine, dans le but de préserver les herbacées et les insectes, notamment pour la floraison et la montée des graines et permettre la pérennité des espèces tout en créant des refuges. La bordure est divisée en deux zones: la zone immédiate est taillée basse, la zone arrière est laissée haute sur 3 à 4 m et sur des dizaines de kilomètres. Les fauches sont limitées à une fois par an, hors printemps. Il faudrait laisser les herbacées en place tout l'hiver car nombre de leur tige séchées servent d'abri pour les larves d'insectes pondues l'été, de refuge pour l'hiver et de matériau de construction pour les oiseaux comme pour les insectes.


des buissons de ronces
buisson protecteur (vent, gel, sécheresse)






















buisson armé

En sculptant des formes buissonnantes avec les ronces, vous pouvez constituer le maillage d'un muret pour une construction en terre crue/paille/torchis à venir. Laissez s'exprimer votre créativité avec la plante verte pour imaginer des formes originales. Une fois les rameaux ligneux morts, ils se rigidifient. Aménagement paysager, murets, panneaux, mobiliers de jardins: les possibilités sont nombreuses.

Le bois de rosier est encore plus résistant et était utilisé en ébénisterie de luxe. Autrefois, on utilisait aussi les épines d'aubépine très pointues et très solides pour fixer les panneaux de bois et la confection de mobilier sans clous ni visse.

Les rejets de prunelliers, ou de pruniers, peuvent quant à eux fournir des buissons pour les allées ou même créer des clôtures dissuasives en aménagement urbain.

buisson potager, buisson fleuri

De manière générale, les herbacées qui poussent au coeur des buissons de ronces sont plus grands, car ils économisent de l'énergie en se reposant contre les tiges ligneuses. Ils en profitent pour s'allonger et développer des feuilles et des fruits.

C'est ainsi que vous pouvez semer des fleurs sauvages, notamment des Astéracées, et des graminées comme l'avoine, les blés anciens, pour donner une seconde vie à ces buissons tout en gardant un rôle mellifère pour les pollinisateurs et les arbres fruitiers en place.

Ces buissons morts, utilisés comme tuteur 3D, facilitent la croissance végétale des herbacées, et donc la production de matière carbone biodisponible à la fin de l'été et à l'automne.

Les rameaux morts peuvent à leur tour servir de buisson support pour des patates douces, des ipomées, des liserons, du sarrasin, des haricots, du maïs, des courges, des tomates, de l'avoine, des tournesols... C'est super pour les courges, les concombres, les cornichons, les melons, qui sont aussi des espèces rampantes et prolifiques, les fruits sont à portée de main pour la récolte, en hauteur des limaces, et le treillis aéré les protège des maladies cryptogamiques grâce à l'aération par le dessous; le buisson ainsi recouvert de ces grandes feuilles de cucurbitacées et de toutes ces fleurs jaunes, c'est magnifique!
feuilles et fruits du tammier
TOXIQUE!
concombre d'âne (momordique)
MORTEL
Si le tamier, la salsepareille, la clématite et la bryone s'y développent, laissez les, elles sont antiecchymotiques, antiparasitaires et antifongiques. Les fleurs et les fruits toxiques de ces plantes permetteront aussi d'attirer les auxiliaires.

A titre d'information, dans certaines régions, notamment dans le sud ouest et le Roussillon, au printemps, les très jeunes pousses de tamier, de salsepareille, de clématite et même de bryone sont consommées cuites à l'eau, comme des asperges ou des endives. MAIS attention, les fruits, les rhizomes, les feuilles et les parties développées de la plante sont très toxiques voir mortels, brûlantes et vésicantes. Chez la bryone, toutes les parties de la plante sont toxiques et abortives mais très utiles pour soigner en 24h les écorchures des arbres infestés par le chancre par exemple. Ne les confondez pas avec les cucurbitacées comme la momordique, appelée aussi concombre d'âne ou concombre sauvage, dont 600mg seulement entraînent la mort. Faites particulièrement attention si vous avez des enfants et des animaux, et manipulez les avec des gants: un simple contact sur la peau ou une écorchure suffisent à déclencher une réaction allergique ou un empoisonnement.

cataplasme de bryone sur un jeune prunellier
attaqué par le chancre suite à une blessure
Le tamier, la salsepareille et la bryone étaient très répandues dans la médecine traditionnelle pour soigner les bleus, comme l'arnica, dont certaines ont gardé un surnom "l'herbe aux femmes battues"; mais elles ne sont pas sans risques.

Chacune de ces lianes affectionne un biotope différent: la salsepareille aiment les lieux secs méditerranéens, le tamier les bois frais, la bryone les jardins et les décombres ou les bois en transition vers la forêt, les clématites les bois frais et humides.

* Vous êtes libre de pratiquer ou non ces associations, toutes ces informations sont données à titre indicatif et nous déclinons toutes responsabilités quant à de mauvais usages ou erreur d'identification. En cas de doute, veuillez consulter un botaniste ou un pharmacien, le mieux est encore de s'abstenir.

créer des fontaines à ronces


des niches à lumière et à chaleur


arche de ronce d'1 an au printemps 2014
arche de mûres été 2014, avec figuier, pruniers et robinier

une niche écologique avec les ronces
taille de la niché écologique de ronces en bordure des allées, laissée libre à l'intérieur; fin été 2014

La vision du verger se dessine en synergie avec les ronces et tous les collaborateurs sont au rendez-vous. Les ronces sont un abri privilégié pour les animaux de la forêt, notamment les petits mammifères.

Vous pouvez même créer des niches écologiques en entreposant des ruchers (c'est notre prochaine expérimentation). Une présence permanente des abeilles aux pieds des arbres fruitiers maximise la pollinisation et la fructification; tout en produisant du miel de ronce absolument délicieux. J'ai remarqué le pollen gris pâle des ronces sur les pâtes des abeilles qui, lorsqu'elles se trouvent dans un buisson de ronce, y restent tant que les fleurs éclosent.

ZOOCHORIE

le rôle des araignées:
régulation des insectes diurne et nocturne, notamment des papillons et des cicadelles, les moustiques, les moucherons, les mouches, ainsi que tous les porteurs de parasites pathogènes comme le bombyx de la ronce.
capture des graines d'astéracées et d'autres familles d'herbacées qui se dispersent par le vent (anémochorie).

le rôle des oiseaux:
régulation des insectes parasites
fertilisation et régulation des maladies et des bactéries pathogènes grâce aux micro-organismes contenues dans leurs fientes.
dissémination des graines de ronces et import de graines d'arbustes fruitiers à baies partenaires qui vont participer à installer des strates arbustives.

le rôle des pollinisateurs:
Une abeille est même inféodée aux ronces: l'Hériade truncocorum. Elle nidifie dans le bois mort et les tiges creuses des ronces. Et elle récolte son nectar exclusivement sur les Astéracées


Les mégachiles, notamment la mégachile versicolor, utilise des morceaux de feuilles de rosiers ou de prunelliers pour construire son nid; et la mégachile nigriventris (à ventre noir) construit son nid à l'aide de feuilles découpées. Elles récoltent surtout le pollen et le nectar des Astéracées et des Fabacées. 

La mégachile lapponica découpe des feuilles d'herbacées et non pas d'espèces ligneuses, comme le font les autres mégachiles. Elle est exclusivement associée à l'épilobe en épi qu'elle utilise comme matériau de construction, surtout ses feuilles, mais aussi son pollen et son nectar. Il se trouve que l'épilobe en épi affectionne les stations montagneuses comme les taillis, où poussent justement les framboisiers sauvages dont il est une des plantes compagnes essentielles. 

>>>La zoochorie nous indique donc qu'il y a une prédilection dans la biocénose à associer les ronces avec les Astéracées, d'autres Rosacées (comme le prunier, l'églantier) et les Fabacées (qui sont des fixateurs d'azote). Il est donc pertinent de rassembler ces espèces dans le biotope des ronces pour densifier une culture. L'épilobe en épi peut aussi être une plante synergétique, plus spécifiquement avec les framboisiers, notamment dans les zones humides et les taillis de montagne.

Là où j'ai pu observer une diversité d'insectes, notamment chez les abeilles, les bourdons, les guêpes et les fourmis, c'est bien dans les ronces. Certains jours, il y a comme un nuage bourdonnant au dessus des buisson; vous pouvez passer votre main calmement sans qu'aucun n'insecte ne cherche à vous piquer. Autant les guêpes en milieu urbain sont assez agressives, autant au verger je traverse des buisson de fleurs, parfois avec maladresse, sans jamais être agressée. Tout ce petit monde représente un garde manger de choix pour les oiseaux, notamment les mésanges.

>>> La présence permanente de pollinisateurs dans le verger est un simulant pour la floraison, la couverture de pollinisation et la fructification. Chaque année, les fleurs des ronces sont pollinisées à 99%; et celles des arbres fruitiers, notamment des pruniers et des mirabelliers, est excellente, supérieure à 90%. Les fleurs des ronces sont plus résistantes aux intempéries, alors que les fleurs de pruniers, et surtout de mirabelliers, sont très fragiles, notamment sensibles à la pluie et au vent, plus qu'au froid (les fleurs résistent à des courtes gelées saisonnières jusqu'à -7°c). D'où l'avantage d'être capable de maximiser la pollinisation rapidement grâce à des buissons de ronces au pieds des arbres fruitiers pour attirer massivement les pollinisateurs et ainsi optimiser la production des fruits, aussi bien des mûres que des prunes et des mirabelles.

Comment ramasser les fruits? 


Pour la cueillette, je fais des niches (un peu comme un keyhole). J'utilise une échelle, une nasse à fruits, des paniers suspendus (comme les jardinières), des draps. Ou je fabrique un cueille fruits au bout d'un bâton de 3m.

Si les ronces sont déjà présentes ou apparaissent suite à un éclaircissement de la végétation, lorsqu'on régénère un verger ou qu'on implante des arbres par exemple, le mieux est de créer au départ un design en keyhole ou en étoile, avec une ou trois ouvertures jusq'au tronc, ce que j'appelle une niche. Je pose ensuite l'échelle dans ce creu et hop là, le tour est joué. 

Eventuellement, je pose un linge sur les buissons de ronces si je veux récolter les fruits qui tombent. Mais il y en a tellement chaque année; je cueille juste la quantité dont j'ai besoin (plusieurs caisses tout de même); le reste, je le laisse pour nourrir les habitants du biotope.

Les fruits qui tombent sous les buissons de ronces, c'est pour les limaces, les vers, les escargots, les guêpes, les abeilles, les insectes en tout genre, les oiseaux, les souris, et les champignons qui adorent le sucre! 

Tous les ans, c'est festival, surtout sous les mirabelliers, les pruniers et les pommiers. Pendant quelques jours, les chemins se peuplent entièrement de centaines d'insectes, de guêpes, d'abeilles, de punaises, de limaces, d'escargots, avec des merles virevoltant au milieu, et d'autres oiseaux, dans un brouaha audible à plusieurs mètres. (je n'avais pas l'appareil ce jour là, j'essayerai cette année). Il m'était quasiment impossible de passer dans les chemins après la récolte. 

Et après, c'est les cocottes qui se régalent. Pendant ce temps là, les limaces ne s'occupent pas des fleurs et des légumes, elel se gavent de fruits.

Passées quelques heures et quelques jours, les fruits bien mûrs commencent à fermenter et à libérer de l'éthanol. Les insectes, les gastéropodes comme les mammifères sont frénétiquement attirés et s’enivrent. Nous ne sommes pas les seuls à goûte à l'ivresse. Le même phénomène se produit en forêt avec les pommiers et les poiriers. Chaque année, cerfs et sangliers en ingurgitent parfois jusqu'à se rendre malade.


Combien de temps restent les ronces?
Les ronces lèvent leur dormance dès que le soleil pénètre. Les ronces restent tant qu'elles se trouvent en bordure ou dans une haie et qu'elles ont accès à de la lumière directe. D'où l'intérêt de créer une haie tout autour de votre verger, comme en forêt. C'est l'emplacement idéal pour les ronces, qui protègent ainsi votre verger, accueillent les animaux compagnons et filtre les virus pathogènes, et peuvent servir de par-feu. Là, cet hiver, rossignols, merles, mésanges et chardonneret squattent les buissons. On retrouve normalement des hérissons.
verger mâture avec canopée, pas de ronces.
Lorsque les buissons de ronces se forment sous les jeunes arbres, à l'état juvénile, ceux-ci ne produisent pas encore de fruits. Au bout de 3, 5 ou 7 ans, ils se développent et commencent à fructifier. Dès que l'arbre est adulte, son feuillage crée un ombrage. Les arbres plantés ensemble créent une canopée qui va ombrager la zone. Les ronces ont alors joué leur rôle et elles disparaissent petit à petit. Dans un verger mâture, on ne trouve plus de pieds de ronces sous les arbres, mais seulement en bordure du verger ou dans les zones dégagées et exposées à la lumière directe.

J'ai régénéré la cime de vieux pruniers il y a 2 ans donc ça a ouvert l'espace, illico, les ronces sont apparues. Après 3 ou 5 ans, elles régressent, puis finissent par disparaître quand la canopée se reforme. Il reste éventuellement alors que les ronces bleues, de petites herbacées sans aucun inconvénient. Le lierre grimpant, une espèce forestière, prend le relais.
Epilogue: Petite histoire et Idée reçue
Dans l'imaginaire collectif, l'ordinaire ronce, comparée au noble rosier, n'est restée qu'une vulgaire plante des campagnes pauvres. Les mûres sont d'ailleurs vendues bien moins chères que les framboises, du fait de leur caractère accessible et populaire. L'ennoblissement de la mûre s'opère par les mûres blanches. provenant d'une espèce arborescente non épineuse qu'est le Mûrier blanc - qui est de la famille des Moracées et non des Rosacées. 

L'ambiguïté tient d'un rapport de force pour l'occupation des terres agricoles contre l'avancement de la forêt.  La tension du rapport de domination de la main du jardinier est sous-jacente à la subordination d'une espèce domestiquée, qui plus est, épineuse! 

Comment en est-on arriver à considérer la ronce comme une plante dangereuse à éliminer des vergers? D'où nous vient notre comportement craintif ou haineux envers les ronces? Est-ce juste une histoire de piquants? Quelle différence alors entre l'affection pour les rosiers et les framboisiers et la répulsion pour les ronces?

On l’arrache, la taille, la brûle, la massacre par tous les moyens… avec autant de pugnacité à faire pâlir. A la vue d'un buisson de ronces, nombre de gens ont envie d'y mettre le feu. Seule une trêve gourmande et enfantine calme ces ardeurs à la saison des fruits. Les ronces prennent alors le doux nom de mûres.

J'invite chacun à interroger cette attitude guerrière lorsqu'il a été question en France de gagner du terrain agricole pour dégager des parcelles arables en déforestant les bois et les bocages dans les campagnes... biotopes de prédilection des ronces, des espèces fruitières sauvages épineuses etc. Et la tension qu'il existe depuis entre ronce, jardinage et agriculture, et par extension avec les "adventices".
Par opposition à l'attention bien différente de celle accordée aux ronces de montagne, associées à la cueillette gourmande des mûres, aux tartes et aux confitures maison et aux ballades bucoliques. Il s'agit pourtant des mêmes espèces comestibles. Il y a donc bien là une question de territoire et de rapport de force quant à la colonisation d'un espace.

Le saviez-vous? « Pillez tout, tuez tout, brûlez tout ! » est un dicton guerrier pour coloniser un territoire, ordonné par Jules César depuis l’empire romain jusqu’aux guerriers japonais dans la guerre de Corée, et bien d’autres depuis, comme ce qui est entrain de se passer au Moyen-Orient. Où la guerre sert aussi une stratégie de colonisation et de subordination du maillage économique, pour subordonner et démanteler les maillages agricole et médical, dans le but d'y implanter des marchés et des entreprises américaines.
(deux articles intéressants à lire à ce propos:
"L’Irak et les «semences de la démocratie» de Washington" http://www.horizons-et-debats.ch/32/32_12.htm
Terres de guerre "Les objectifs réels de la reconstruction agricole en Afghanistan et en Irak" http://www.grain.org/es/article/entries/129-terres-de-guerre#.U8o39TMW7
et L'huile de palme au centre de la première guerre économique entre l'Afrique et l''Europehttp://www.cameroonvoice.com/news/article-news-5447.html)
Les espèces épineuses remplissent depuis longtemps les esprits. Les récits bibliques inventent des outils de lynchage et de torture avec des plantes épineuses, comme la fameuse couronne d'épines du Christ, dont l'arbuste porte toujours le nom. Les pieux de crucifixion auraient été fabriqués en bois d'aubépine. On a construit des haies épineuses et des barrières dans les vignobles sacrés et les vergers bourgeois pour repousser les voleur et les mendiants avant que le fil barbelé n'existe.

Il y a aussi les contes et légendes maléfiques sur les forêts et les châteaux hantées, la belle au bois dormant, la belle et la bête, blanche neige, Alice aux pays des merveilles dans le labyrinthe de roses de la reine de coeur. Les jolies jeunes filles populaires fuyaient la maison familiale en quête de leur prince charmant, en espérant que sa beauté l'aiderait à gravir l'échelle sociale par le mariage et la procréation, attisant la jalousie d'une reine maléfique dans un château hantée qui empoisonne la vie de la jeune fille; le prince amoureux devait alors lutter contre une forêt de ronces épineuses et un dragon en feu, tuer la maléfique sorcière, pour libérer sa bien aimée endormie et lever le sort, ou encore pour tenir à l'écart les demoiselles ou pour les séquestrer dans l'enceinte d'un château comme dans la belle et la bête... Freud es-tu là?

Les rosiers ont aussi été illustrés en broussailles sauvages, impénétrables et animées d'esprits maléfiques dans les forêts des châteaux. On retrouve tout un univers du Moyen Âge, des conquêtes royalistes et seigneuriales, un univers machiste dont les femmes ont souvent été tenues pour victimes dans les contes de fées sur la forêt pour garder une fille dans le périmètre du père et la dissuader de fuir l'autorité patriarcale, notamment à la puberté, lors des mariages imposés entre familles nobles.

Les rosiers quant à eux ont une double connotation, du jardin anglais ou français, à l'emblème de la royauté d'Angleterre ou aux jardins parisiens comme ceux de Versailles pour les roseraies cultivées. Ces deux écoles paysagistes étaient d'ailleurs en compétition: Versailles a été une démonstration de force du domptage de la nature par l'Homme et de l'ingénierie des fontaines, alors que les jardins anglais optaient plus pour des bosquets fluides et aériens romantiques... Plus contemporain, les socialistes ont aussi fait de la rose leur emblème populaire.

Dans l'imaginaire collectif, les fleurs, les roses cultivées notamment, sont restées un emblème de la féminité, et plus particulièrement de la virginité, de l'expression du statut marital ou sexuel, d'où l'expression "déflorer une jeune fille", et de l'expression amoureuse du soupirant à l'époque du romantisme, rose blanche pour la virginité, rose rose pour l'amour fidèle, sage et modéré, rouge pour le dangereux et satanique amour passion... les jardins bourgeois étaient les lieux de prédilection pour la séduction et la poésie. Que dire du conte contemporain du Petit Prince avec cette unique rose rouge triste et fragile qu'il tente d'apprivoiser et de posséder, avant de comprendre qu'il faut la protéger et en prendre soin. Le rapport homme-femme de l'amour romantique est transparent.

Sachant qu'à ces époques, tout caractère sanguin était considéré comme vulgaire, et plus encore à l'époque de la révolution; on pensait que le sang des nobles était bleu, frais et sacré, alors que le sang du peuple, pauvre, impulsif et colérique était rouge, chaud; on parle toujours de "caractère sanguin" "avoir le sang chaud","garder son sang froid". Le drapeau français aussi en tient ses couleurs: le bleu représente le sang noble et le rouge le sang du peuple révolutionnaire, réconciliés par le blanc de la colombe de la paix, mais ne se mélangeant pas.

A cette époque, il y a eu toute une théorie comportementaliste et déterministe sur les matières, les fluides et les températures corporelles. On a repeint les drapés rouges des peintures religieuses en bleu, notamment celui de la Vierge Marie et du Christ. Cette tradition perdure toujours jusque dans les pubs du XXIème siècle... dans les produits hygiéniques féminins, où le sang est remplacé par un liquide bleu et fluide, plutôt que rouge et visqueux.

>>>Les espèces épineuses sont corrélativement associées à l'imaginaire populaire du sang, du sacrifice, de la douleur psychique et corporelle, de l'empoisonnement, mais aussi à toute une série de connotations socio-économiques impérialistes, allant de la guerre des peuples à la conquête de territoires, notamment dans le domaine agricole ou domaniale. Cela touche également au contrôle de la fertilité féminine et des alliances claniques; les terres cultivées étant traditionnellement associées au patrimoine familial et les forêts les lieux de chasse à cour chez les nobles. Ces propriétés, baux réservés aux nobles et aux aristocrates, ont été destitués lors de la révolution française pour être redistribués au peuple paysan. Dans le même temps, l'impérialisme contemporain colonisa des terres exotiques en destituant des peuples de leurs terres ancestrales, patrimoine commun, pour les accaparés en baux industriels. Les espèces aussi bien animales et végétales, tout comme les peuples humains, indomptables et résistantes ont donc un fort tribu culturel à payer dans notre rapport à la propriété et à la gestion des espaces cultivables et domesticables à conquérir. Le rapport compétitif avec les ronces est teintée d'Histoire et de conquêtes.


à lire aussi: http://www.la-vie-du-jardin.com/medieval/profanes.php
illustrations de ronces:
planteillustrations.org: http://plantillustrations.org/taxa.php?id_taxon=7112&lay_out=0&hd=0&group=1