Autoroutes, parcs de loisirs, barrages, aéroport, décharges, golfs, viaducs ou grand stade… C’est une centaine de projets d’aménagements du territoire qui sont pointés comme inutiles par la Fédération France Nature Environnement. Après le drame du barrage de Sivens, la question de la légitimité et de l’utilité de certains grands travaux se pose de plus en plus prestement.
Sivens, Notre Dame des Landes ou le Center Parc de Roybon en Isère sont les points de crispations les plus médiatiques actuellement. Mais ils ne doivent pas en occulter d’autres.
L’association a ainsi recensé 104 projets dont les coûts environnementaux sont sous-estimés ou dont les bénéfices sociaux et économiques paraissent surévalués.
104 points noirs qui révèleraient un grave déficit de démocratie d’après France Nature Environnement qui, dans ces dossiers, se bat pour que la nature soit préservée, le dialogue environnemental respecté et l’intérêt général défendu.
Quel que soit la région de France où le projet doit se faire, des similitudes apparaissent.
La plupart du temps, la consultation de la société civile reste réduite au strict minimum. En face de l’avis des citoyens, le poids des lobbies l’emporte souvent. Développement économique et chantage à l’emploi ont en général plus d’écho que l’aspect environnemental auprès des décideurs.
France Nature Environnement souligne aussi la précipitation avec laquelle les travaux démarrent. Ils sont souvent engagés avant même l’aboutissement des différents recours juridiques déposé par les associations.
Ces associations, qui tentent de s’opposer aux projets ou qui souhaitent les améliorer, se retrouvent alors devant le fait accompli. Le temps que la justice se prononce, il est souvent trop tard. Car si elle déclare le projet illégal, les bulldozers sont déjà entrés en action.
Si les recours en justice se multiplient face à ces projets, c’est donc qu’il y a un problème dans le débat démocratique préalable. Il y a bien des enquêtes publiques, mais elles ont montré depuis longtemps leurs limites. En général, elles permettent uniquement de discuter des modalités de mise en œuvre des projets, rarement de leur opportunité. Ces enquêtes s’appuient sur des documents illisibles pour la plupart des citoyens : des notes de synthèses indigestes, sans outil pédagogique pour en appréhender toutes les arcanes sont soumises à l’appréciation de chacun.
L’existence de ces enquêtes ne bénéficie souvent que de peu de publicité. Un encart sur le site internet d’une collectivité ou dans la presse ne suffit pas à donner envie au citoyen de se saisir d’un dossier qui pourtant modifiera à terme son cadre de vie. La participation à ces enquêtes reste, en conséquence, très faible.
France Nature Environnement souligne aussi un paradoxe dans la posture de l’Etat. Alors qu’il demande régulièrement aux citoyens de se mobiliser pour répondre aux défis écologiques, il avalise des projets d’aménagement qui ignorent totalement ces questions. Et il prend le prétexte de l’utilité publique pour accorder des dérogations qui passent outre ses propres engagements environnementaux.
Le choc de simplification voulu par le Président de la République est également pointé du doigt. L’idée défendue par ce concept est que « les procédures de participation du public et de prévention des atteintes à l’environnement sont des obstacles à la compétitivité et au redressement économique et social du pays ». Cette volonté de simplification est en contradiction avec le discours officiel qui proclame que la France doit être le « pays de l’excellence environnementale » !
Face à ces atteintes au droit du citoyen, les associations s’emparent des dossiers d’aménagement et s’emploient à démontrer les aberrations des projets en gestation. Et elles parviennent tout de même à influer positivement sur certains d’entre eux. France Nature Environnement n’est d’ailleurs pas uniquement dans la critique. Elle met aussi en avant les projets positifs pour l’environnement.
Projets inutiles ou bénéfiques, ils figurent donc sur une carte de France publiée sur le site de la fédération France Nature Environnement. Une carte qui sera régulièrement mise à jour en fonction des avancées de chaque dossier. Des projets jugés comme nuisibles pourront peut-être se reverdir en fonction des évolutions apportées. Et inversement un chantier salué comme étant protecteur de l’environnement pourrait aussi être moins bien noté si des renoncements devaient apparaitre.