L'Homme et la Biosphère, c'est tout un programme !



L'Homme et la Biosphère, c'est tout un programme !


En 2011, le Programme l'Homme et la Biosphère (Man and Biosphere, MAB) de l'UNESCO a fêté ses 40 ans. Cette série vidéo interdisciplinaire conçue et réalisée par Anne Teyssèdre explore au moyen de brèves interviews de spécialistes les principaux concepts, objectifs et méthodes de ce programme international, ainsi que leur mise en oeuvre dans les réserves de biosphère. En quelques minutes chacun, onze experts du MAB France et un élu répondent à 17 questions clés portant notamment sur l'origine, les concepts et les objectifs du programme MAB, ainsi que sur la gouvernance, la recherche, l'éducation, la mobilisation et la coordination des acteurs socio-économiques, dans des projets d’écodéveloppement visant à concilier préservation de la biodiversité et développement socio-économique.


L"Homme et la Biosphère - Générique






1. Qu'est-ce que le MAB ? Robert Barbault


La réponse de Robert Barbault à cette question comporte deux parties. Dans la première, l’écologue retrace l’origine et les fondements du MAB, expose les grands concepts, objectifs et outils de ce programme international de l’UNESCO dédié à l’expérimentation de projets d’éco-développement à l’échelle régionale. Dans la seconde, il présente les réserves de biosphère et leur zonage territorial.




2. Comment s'organise le MAB au niveau international ? Mireille Jardin  


Après un bref rappel des origines et grands concepts du MAB, Mireille Jardin présente son organisation et le fonctionnement de ses instances à différents niveaux d’intégration, depuis la réunion du Conseil intergouvernemental tous les deux ans jusqu’à la mise en œuvre et l’adaptation du programme par les gestionnaires et acteurs dans les réserves de biosphère.




3. Comment le programme MAB est-il mis en oeuvre en France ? Catherine Cibien  


Après avoir souligné que les Réserves de Biosphère ne sont pas inscrites dans la Loi française, et que de ce fait chacune d’elles doit s’appuyer sur une structure territoriale reconnue au plan juridique, Catherine Cibien dresse un panorama des structures qui portent et animent les réserves de biosphère en France, et montre comment les limites géographiques d’une réserve de biosphère, loin d’être figées, peuvent évoluer avec l’adhésion de collectivités territoriales adjacentes.




4. Qu'apporte la désignation Réserve de biosphère à parc national ? Jacques Merlin  


Jacques Merlin explique pourquoi les concepts, méthodes et la philosophie générale du MAB ont séduit les gestionnaires du Parc National des Cévennes dès les années 1980, et donc pourquoi ceux-ci ont demandé à l’UNESCO la labellisation de ce Parc National comme Réserve de Biosphère, accordée en 1985.

Les résultats obtenus dans la vallée du Galeizon sont tout à la fois source de satisfaction et d’inspiration pour mettre en oeuvre ce programme dans l’ensemble du territoire.




5. Quel est l'intérêt d'une réserve de biosphère à l'échelle d'un grand bassin versant ? F. Moinot  


En 2012, soit vingt ans après la mise en place d’une Charte de la Vallée - Dordogne pour la gestion de l’eau et des milieux aquatiques, le Bassin de la Dordogne a été labellisé «Réserve de Biosphère» par l’UNESCO. Après avoir rappelé l’unité fonctionnelle de ce va ste écosystème, qui s’étend sur onze départements et subit les pressions de multiples activités socio-économiques
liées à divers usages de l’eau, Frédéric Moinot souligne la nécessité d’une meilleure organisation et coordination intra-interdépartementale et interrégionale des habitants, pour gérer collectivement cette ressource commune - coordination qui sera favorisée par la mise en œuvre du programme MAB dans cette région.




6. Les réserves de biosphère transfrontières : pourquoi et comment ? Eric Brua


En 1998, à la demande de leurs habitants respectifs à l’UNESCO, le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord a fusionné avec le Parc Naturel mitoyen allemand du Pfälzerwald pour former la Réserve de Biosphère Vosges du Nord – Pfälzerwald. Après avoir souligné la continuité écologique des écosystèmes locaux et la similitude des activités économiques, sociales et culturelles des habitants de cette région, Eric Brua explique comment gestionnaires, acteurs et élus se concertent et coordonnent leurs actions pour gérer ensemble cette réserve de biosphère transfrontalière, au bénéfice des acteurs socio-économiques et en préservant le fonctionnement des écosystèmes régionaux.




7. En quoi consiste le travail d'un gestionnaire de réserve de biosphère ? Régis Vianet  


Depuis l’organisation de réunions de travail jusqu’à l’animation de projets et manifestations dédiées à divers publics, en passant par la proposition, le portage et le suivi de projets de valorisation de la biodiversité et/ou d’éco-développement, ou encore de formation du grand public et des étudiants, etpar la mise en relation des différents acteurs socio-économiques, la mission d’un gestionnaire de réserve de biosphère est multiple.




8. Comment organise-t-on la participation locale ? Raphaël Mathevet


Raphaël Mathevet détaille les étapes et difficultés liées à la mise en place et à la coordination d’un collectif de gestion territoriale : créer du concernement chez les acteurs, faciliter l’expression des groupes sociaux, concilier connaissances scientifiques et savoirs traditionnels, explorer ensemble le fonctionnement des systèmes socio-écologiques et identifier les actions à mener, gérer l’incertitude.




9. Comment mobiliser les acteurs socio-économiques ? Jean-Michel Martin


La labellisation d’un territoire en Réserve de Biosphère par l’UNESCO est un argument de base pour mobiliser les acteurs de ce territoire dans des projets d’éco-développement , mais ce ne peut être le seul, souligne Jean-Michel Martin. Pour impliquer les acteurs socio-économiques dans la gestion commune de leur territoire, Réserve de Biosphère, une stratégie qui a fait ses preuves consiste à proposer une charte d’engagement autour d’un projet commun, tel que la valorisation des activités liées au secteur vitico le (pour la RB du Mont Ventoux) ou à l’écotourisme (pour la RB de Fontainebleau-Gâtinais)




10. Comment la recherche peut-elle s'appliquer à la gestion adaptative d'un territoire ? R. Mathevet  


Raphël Mathevet résume les étapes où intervient la recherche dans la gestion collective d’un territoire : aide à la définition des questions de recherche, identification et élaboration des protocoles de collecte des données, élaboration ou utilisation d’outils et méthodes scientifiques (ex : indicateurs), coordination éventuelle d’observatoires citoyens, aide à l’analyse et à l’interprétation des résultats, évaluation de l’impact des actions menées par le gestionnaire ou les parties prenantes, utilisation des résultats pour orienter la recherche et la gestion.




11. Quelle est la posture du scientifique qui étudie les socio-écosystèmes ? R. Mathevet  


Dinguant trois types de recherche sur les systèmes socio-écologiques - recherche fondamentale recherche appliquée et recherche engagée - Raphaël Mathevet souligne que la posture du scientifique vis-à-vis de ses recherches, de l’interprétation et de l’utilisation de ses résultats doit tenir compte de son implication personnelle dans la gestion du socio-écosystème qu’il étudie.




12. Comment l'éducation à la biodiversité et au DD est-elle mise en oeuvre ? C. Cibien  


Catherine Cibien présente les différents types d’activités pédagogiques proposées par les réserves de biosphère aux établissements scolaires locaux. Les activités scientifiques s’inscrivent souvent dans des projets de sciences participatives, à l’échelle nationale ou régionale. Un élément important est la possibilité d’activités en réseau, impliquant plusieurs réserves de biosphère géographiques éloignées (ex : jumelage entre deux réserves)




13. Les réserves de biosphère favorisent-elles la préservation de la biodiversité par les citoyens ?  


Soulignant qu’un des objectifs des réserves de biosphère est la construction d’une identité commune par les habitants de ces territoires, qui soit favorable à la préservation de la biodiversité, Anne-Caroline Prévot-Julliard résume les trois composantes de la relation de chacun avec la nature (composantes cognitive, affective et sociale), qui toutes trois sont stimulées (respectivement par l’enseignement, la proximité spatiale et le discours collectif) dans les réserves de biosphère.




14. Qu'apportent les sciences participatives à la recherche et à la préservation de la biodiversité ?  


Les sciences participatives sont des opérations de recherche qui s’appuient sur la collaboration de réseaux d’observateurs bénévoles, collectant les données selon des protocoles bien précis. Anne-Caroline Prévot-Julliard souligne que ces recherches sont importantes non seulement (au plan scientifique) parce qu’elles contribuent largement aux progrès des connaissances sur la dynamique actuelle et le fonctionnement de la biodiversité, mais aussi (au plan écologique) parce qu’elle favorisent la reconnexion des observateurs avec la nature.




15. Les réserves de biosphère sont-elles propices au développement durable ? C. Le Page  


Après avoir brièvement exposé la question de la gestion durable de biens communs, casse-tête pour les économistes depuis plus de quarante ans, Christophe Le Page énonce les principales conditions nécessaires à la gestion collective et durable d’un système socio-écologique complexe : exploration du fonctionnement de ce système, partage des connaissances, donc recherche, éducation, communication, concertation entre les parties prenantes, mais aussi motivation des acteurs.
Sachant que ces «prérequis» sont des objectifs prioritaires du MAB, il conclut que les réserves de biosphère offrent des conditions favorables à la gestion collective durable des ressources régionales.




16. 20 ans d'expérience en réserve de biosphère : quel bilan pour la vallée du Galeizon ? Y. Louche  


A l’occasion des vingt ans d’expérimentation du programme MAB dans la Vallée du Galeizon, Yannick Louche dresse un bilan des actions menées dans ce territoire en termes d’impact sur le développement économique, la préservation de la biodiversité, l’information (et la culture écologique) des habitants, ainsi que leur participation aux projets d’éco-développement locaux.



 

17. Le MAB a 40 ans. Quels sont ses principaux succès, ses échecs, les incertitudes ? R. Barbault  


Quarante ans après son lancement par l’UNESCO, le programme MAB a largement diffusé sur l’ensemble du Globe et les réserves de biosphère se comptent par centaines. Robert Barbault se félicite de ce résultat, mais le relativise : au plan du développement durable, les résultats varient d’un territoire à l’autre, avec la dynamique de la société civile. Une partie de l’explication réside certainement dans la communication limitée sur les grands concepts, méthodes, outils et expériences menées dans ces territoires.






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