Les chauves-souris


Les chauves-souris - ou chiroptères (du grec cheiro : "main" et ptère : "aile") - sont les seuls mammifères volants au monde. Animaux dépourvus de tout comportement constructeur, les chauves-souris dépendent entièrement des abris naturels ou construits par l'Homme.

Sur les 41 espèces de chauves-souris présentes en Europe, 34 vivent en France




Les chauves-souris constituent un groupe de mammifères remarquables, dont la morphologie est caractérisée par une hypertrophie des membres supérieurs constituant l'ossature à la fois souple et rigide d'une fine aile de peau. Seuls mammifères volants en Europe, les chauves-souris sont strictement nocturnes et insectivores, participant ainsi à la régulation et à l'équilibre des populations d'insectes.

Longtemps méconnues des hommes, leur assimilation au monde mystérieux et inquiétant de la nuit leur a valu, comme à certains rapaces nocturnes, une mauvaise réputation entachée de légendes injustifiées. Symboliquement elles représentèrent, dans l'univers judéo-chrétien, les tourments de l'enfer, au contraire des oiseaux dont les blanches ailes honoraient l'imagerie du paradis céleste.
Cependant les chauves-souris, totalement inoffensives, méritent une attention toute particulière.

Parfaitement adaptées à la vie nocturne, elles y évoluent avec souplesse et rapidité, visualisant avec leur sonar le paysage environnant. Elles détectent et localisent leurs proies en émettant, par la bouche ou le nez selon les espèces, des ultrasons qui leur reviennent en écho après avoir heurté un obstacle (émission d'ultrasons). A l'affût ou en plein vol, elles peuvent ainsi déterminer la taille et la nature des insectes recherchés.

 

Actives durant la belle saison (avril à septembre), principale période d'activité des insectes qui constituent leur unique ressource alimentaire, les chauves-souris s'établissent dans les gîtes indispensables à leur reproduction. Elles ne construisent pas d'abris, mais en fonction de la préférence de chaque espèce, les femelles gestantes colonisent des endroits chauds, calmes et sombres comme des arbres creux, des greniers, des ponts ou tout autre espace favorable. Dans ces gîtes de mise bas les femelles donneront naissance à leur unique petit de l'année, qui sera autonome dès la fin de l'été.

Cette faible prolificité est compensée par une longévité très importante. Un Grand rhinolophe peut vivre 30 ans, et une Pipistrelle commune 15 ans. Mais cette stratégie de reproduction ainsi qu'une maturité sexuelle tardive (à l'âge de deux ans) induit un renouvellement très lent des populations. Ceci rend les chauves-souris particulièrement fragiles face aux agressions et perturbations modernes (destruction des habitats, banalisation des biocides, pesticides et métaux lourds).




Dès l'émancipation des jeunes à l'automne et avant la disparition des insectes, la saison des amours, prélude au long sommeil hivernal, se traduit par des mouvements de populations et des regroupements vers de nouveaux gîtes.

En hiver, lorsque la température extérieure devient fatale aux insectes, les chauves-souris, pour pallier cette absence de proies, gagnent des sites d'hivernage. Ce sont généralement des sites souterrains leur garantissant une température positive (8 à 10° en moyenne) et une hygrométrie indispensable pour éviter le dessèchement de leur membrane alaire. Leurs fonctions vitales se ralentissent, leur température interne baisse et varie entre 0 et 10 °C, leur permettant ainsi, en limitant leurs dépenses énergétiques, de survivre à la disette.

Si l'accouplement se déroule à l'automne, la fécondation n'a lieu qu'au printemps suivant, les femelles conservant le sperme dans leurs voies génitales. C'est à la fin de la léthargie hivernale que se déclenchera la fécondation, et après huit semaines environ de gestation, le jeune naîtra en début d'été, période la plus favorable aux chauves-souris car les insectes abondent.

 



La survie des chauves-souris dépend de la préservation de leurs gîtes...

En France, toutes les espèces de chauves-souris sont protégées par la loi, il est interdit de les détruire, de les transporter, mortes ou vives, ou de les commercialiser. Mais la loi de protection de la nature ne peut suffire face aux multiples menaces qui pèsent sur les populations.

L'une des principales est la disparition de leurs gîtes, en particulier celle des sites de reproduction essentiels au renouvellement des populations. La rénovation des bâtiments anciens, le traitement chimique des charpentes, l'aménagement des combles et des greniers, les travaux d'isolation, constituent autant de mesures qui limitent les espaces disponibles pour les chauves-souris anthropophiles (Pipistrelle commune, Grand rhinolophe, Sérotine commune).




Eté comme hiver, leur gîte doit être aussi exempt de tout dérangement. L'été, en effet, les chauves-souris très farouches risquent, en quittant leur gîte, d'abandonner leurs jeunes de l'année, mettant ainsi toute la colonie de reproduction en péril. L'hiver, la visite de cavités abritant des chauves-souris en léthargie peut provoquer le réveil des animaux et déclencher une surconsommation de précieuses calories pouvant leur être fatale.


... et de leurs terrains de chasse.

Comme beaucoup d'insectivores, les chauves-souris, en raison de leur position dans les chaînes alimentaires, sont très sensibles à l'évolution des milieux. Les restructurations paysagères (arasement de talus, coupe à blanc, assèchement de zones humides), la monoculture agricole ou forestière (enrésinement), appauvrissent la faune entomologique et donc diminuent la disponibilité de proies indispensables aux chauves-souris. De la même façon, l'utilisation massive et la banalisation des biocides (produits phytosanitaires en agriculture, herbicides en voirie, P.C.B. et métaux lourds dans l'industrie, sans oublier tous ceux utilisés dans les jardins et les habitations : insecticides, fongicides, herbicides, participent à la disparition des insectes ou à leur empoisonnement. Ces pratiques déséquilibrent les chaînes alimentaires et condamnent les chauves-souris.




Les chauves-souris colonisant tous les milieux, leur disparition est révélatrice non seulement de la raréfaction des grands espaces naturels, mais aussi d'une détérioration générale de notre environnement.
 
Les chauves-souris sont toutes protégées par la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, article L.411-1 du Code de l’Environnement et par arrêté ministériel du 23 avril 2007 (JORF du 10/05/2007). Il est interdit de les tuer ou de les perturber intentionnellement. Cette réglementation répond à l'état de conservation précaire de nombreuses espèces et doit conduire à adopter des compromis vers une cohabitation durable.
Si vous hébergez une colonie chez vous, vous pouvez simplement signaler leur présence à votre spécialiste régional. Ces informations sont précieuses pour étudier l'abondance et la répartition des espèces et mieux les protéger.
 
 








C'est pas sorcier - CHAUVE-SOURIS : le monde à l'envers !  



Les chauves souris, belles de nuit (Arte) (A voir, magnifique)




Les chauves-souris, cauchemar nocturne de la processionnaire du Pin  

C’est pendant les nuits d’été que les papillons de la Processionnaire du Pin s’accouplent et que les femelles pondent leurs œufs sur les aiguilles de pins. Mais, pendant ce temps là, les chauves-souris patrouillent dans le ciel des landes…



En savoir plus :

http://www.nuitdelachauvesouris.com/

http://www.sfepm.org/chiropteres.htm

http://www.maisondelachauvesouris.com/


 
 
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