Les énergies renouvelables : 2- Les différents types d'ENR : L'éolien


Introduction



L'énergie éolienne a été une des premières énergies renouvelables à être maîtrisée par l'Homme; c'est aussi actuellement l'une des plus utilisées. En effet, parmi toutes les ressources possibles (biomasse, Soleil, vent, houle, etc...), elle est aujourd'hui la plus accessible en termes de technologie et de coût. Elle est donc tout naturellement appelée à prendre une place importante dans le « mix énergétique » mondial. L'énergie du vent est gratuite, mais sa récupération ne l'est cependant pas... La production électrique éolienne est en plein essor. Que ce soit à l'échelle individuelle avec le petit éolien ou à l'échelle nationale avec le grand éolien, l'énergie du vent peut contribuer à diversifier la production électrique de façon décentralisée, en ne produisant directement ni polluants, ni CO2 et sans crainte d'épuisement de la ressource. L'éolien dit "offshore", avec des installations situées en mer, tend à se développer également.


Cette partie consacrée à l'énergie éolienne traite des enjeux, des techniques développées par cette filière, des applications et de leurs potentialités. 



Photographie d'une éolienne



a. Généralités


L'éolien à travers les âges




Moulin de la Roome à Terdeghem

L'Homme a depuis très longtemps cherché à utiliser la force du vent qui souffle, que ce soit pour faire naviguer un bateau à l'aide d'une voile ou pour actionner des moulins à vent (remonter l'eau des puits, moudre les grains...). Les premiers voiliers remontaient le cours du Nil il y a près de 5 000 ans. De simples pirogues dotées d'une voile rudimentaire permettaient le peuplement de l'Océanie il y a 3 000 ans. Certains font remonter au Ve siècle avant J.-C. l'apparition des premières éoliennes comme source d'énergie mécanique (en Grèce avec la première éolienne à axe vertical, en Egypte avec le moulin à vent à axe horizontal).

Cependant la première présence attestée de moulins à vent date quant à elle du VIe siècle de notre ère, dans la province iranienne (ancienne Perse) du Khorasan, à Nashtifan, près de la frontière afghane, dans une région de plateaux battue par des vents forts et réguliers. Ce moulin utilisé pour l'irrigation, possédait un arbre principal vertical et ses pâles était constituées de matière végétale. Il faudra ensuite attendre le VIIe après J.-C. pour voir le développement des moulins à vent en Europe.

Au XIXe siècle, près de 200 000 moulins à vent fonctionnaient en Europe (utilisés pour l'entraînement des pompes et des meules). L'idée de fabriquer de l'électricité à partir de l'énergie du vent date de 1802 avec Lord Kelvin. L'invention de la dynamo vers le milieu du XIXe siècle permettra les développements amenant à la naissance du principe de l'éolienne moderne. A la fin du XIXe siècle l'ingénieur danois Paul La Cour associe pour la première fois une turbine aéraulique à une dynamo électrique. On peut également citer les travaux de l'ingénieur français Georges Darrieus qui dans les années 1920 entreprit des travaux des recherches industrielles débouchant sur la mise au point d'une éolienne bipale à axe vertical.

L'énergie éolienne a ainsi été très utilisée par le passé avant que le prix du pétrole ne la rende économiquement peu compétitive. Il faudra attendre le premier choc pétrolier de 1973 pour que les recherches sur les éoliennes prennent réellement de l'importance, permettant alors la création d'une offre industrielle crédible et le développement d'un marché important au Danemark, en Allemagne, en Espagne, aux USA.



Les éoliennes sont les moulins à vents des temps modernes !



Définition : L'énergie éolienne

L'énergie éolienne est l'énergie cinétique du vent, qui se manifeste par la force exercée par celui-ci sur la toile d'une voile ou les pâles d'une hélice.
Le terme « éolien » provient du maître des vents de la mythologie grecque, le dieu Éole (en grec ancien Αἰόλος / Aiolos).

L'énergie éolienne du vent peut ainsi être transformée et utilisée pour :
• Produire de l'énergie mécanique : mouvoir un navire équipé de voile(s), pomper de l'eau, faire tourner la meule d'un moulin ;
• Produire de l'énergie électrique.


 

Définition : Éolienne et aérogénérateur

Une éolienne est un dispositif mécanique qui permet de transformer l'énergie cinétique du vent en énergie mécanique.
Lorsque cette énergie mécanique est utilisée pour produire de l'électricité grâce à un générateur électrique, on appelle l'éolienne un aérogénérateur.
Dans le cadre du cours, nous ne parlerons que des aérogénérateurs même si par abus de langage, nous emploierons presque exclusivement le terme d'éolienne et d'énergie éolienne.


Les différents types d'éoliennes


Il existe deux grands types d'éoliennes, caractérisées par la position de leur axe de rotation par rapport à la direction du vent :

les éoliennes à axe horizontal sont actuellement les plus répandues à travers le monde, du fait de leur meilleur rendement. Elles sont orientables mais elles manquent de couple au démarrage et il y a un effet important du sillage du rotor.

les éoliennes à axe vertical, de conception plus simple, ont cependant un rendement plus faible. Elles sont plus volumineuses, plus fragiles mécaniquement et d'un entretien plus difficile.


Les éoliennes à axe horizontal

(Les éoliennes à axes verticales, tripales, sont celles qui sont utilisées pour la production d'électricité à grande échelle.)




Exemple d'éolienne à axe horizontal


Le fonctionnement d'une éolienne

La fabrication d'électricité par une éolienne est réalisée par la transformation de l'énergie cinétique du vent en énergie électrique, selon plusieurs étapes :

       - transformation de l'énergie par les pales : les pales fonctionnent sur le principe d'une aile d'avion. La différence de pression entre les deux faces de la pale crée une force aérodynamique, mettant en mouvement le rotor par la transformation de l'énergie cinétique du vent en énergie mécanique.

       - accélération du mouvement de rotation grâce au multiplicateur : les pales tournent à une vitesse relativement lente, de l'ordre de 5 à 15 tours par minute, d'autant plus lente que l'éolienne est grande. La plupart des générateurs ont besoin de tourner à très grande vitesse (de 1 000 à 2 000 tours par minute) pour produire de l'électricité. C'est pourquoi le mouvement lent du rotor est accéléré par un multiplicateur.

       - production d'électricité par le générateur : l'énergie mécanique transmise par le multiplicateur est transformée en énergie électrique par le générateur. En tournant à grande vitesse, le générateur produit de l'électricité à une tension d'environ 690 volts.

       - traitement de l'électricité par le convertisseur et le transformateur : l'électricité produite ne peut pas être utilisée directement. Elle est traitée grâce à un convertisseur, puis sa tension est élevée à 20 000 volts par un transformateur. L'électricité est alors acheminée à travers un câble enterré jusqu'à un poste de transformation pour être injectée sur le réseau électrique.



Plus on augmente la taille des pales de l'éolienne, plus sa puissance augmente.

Relation entre le diamètre du rotor de l'éolienne et sa puissance


La théorie prévoit qu'en augmentant le nombre de pales, on augmente le rendement de l'éolienne. Mais en prenant en compte de critères supplémentaires (rigidité, esthétisme, ...), on arrive à un optimum pour 3 pales (voir tableau ci-dessous) :




Un nombre de pales optimum


 

Éoliennes horizontales pour le particulier

L'éolienne horizontale pour le particulier fonctionne globalement selon le même principe que les éoliennes industrielles de grandes capacités installées dans les parcs éoliens :
  •        l'éolienne capte le vent (de face ou de dos selon le modèle) grâce à des pales assemblées en hélice ;
  •        celles-ci tournent autour d'un mât placé horizontalement par rapport au sol ;
  •        le générateur, actionné par la rotation de l'hélice, et situé en haut de l'éolienne.

Les avantages et inconvénients des éoliennes à axe horizontal pour le particulier



Les éoliennes à axe vertical


Les pales des éoliennes verticales tournent autour d'une tige positionnée verticalement, comme son nom l'indique. Cette solution est moins répandue que l'éolienne horizontale. Leur principal avantage est leur capacité à capter des vents faibles. L'éolienne verticale n'a donc pas besoin de rafales ou de vents puissants, voire violents, pour fonctionner, car elle n'a pas besoin de s'orienter par rapport au vent. De plus, elle demande moins d'espace qu'une éolienne horizontale et peut fonctionner quel que soit le sens du vent. Cependant l'éolienne verticale démarre moins vite car le poids des rotors pèse sur l'axe, et provoque des frottements.

Il existe plusieurs types d'éoliennes à axe vertical, comme par exemple :
  •        Le type Darrieus repose sur l'effet de portance subi par un profil soumis à l'action d'un vent relatif ; effet qui s'exerce sur l'aile d'un avion.
  •        Le type Savonius est basé lui sur l'effet de la traînée. Il est constitué schématiquement de deux ou plusieurs godets demi-cylindriques légèrement désaxés. Il présente un grand nombre d'avantages. Outre son faible encombrement, qui permet d'intégrer l'éolienne aux bâtiments sans en dénaturer l'esthétique, il est peu bruyant. Il démarre à de faibles vitesses de vent et présente un couple élevé quoique variant de façon sinusoïdale au cours de la rotation.


Certains constructeurs ont également conçu des éoliennes intégrant à la fois la technologie Darrieus et la technologie Savonius en cherchant à combiner les avantages de ces deux technologies (éolienne notée g sur la figure ci-dessous).


Différentes éoliennes à axe vertical

Les avantages et les inconvénients des éoliennes Darrieus et Savonius




Exemples d'éoliennes à axe vertical




On trouve différents types d'éoliennes Darrieus.

Les différents types d'éoliennes Darrieus


Source : Siemens AG
Chambre de Commerce et d'Industrie de la Meuse
"L'énergie éolienne", disponible sur < http://www.lorraine-reel.net/attachments/article/1668/energie-eolienne.pdf >, 2012.
Source : http://www.domsweb.org/ecolo/eolien.php
Source : H. Jeanmart, cours sur les énergies renouvelables : l'énergie éolienne, disponible sur : http://www.bepita.net/materiels/nrj_renouv/energie_eolienne.pdf
Source : Wind Power Generation and Wind Turbine Design, WITPress, 2010
Source : web
Cours Master Énergie Solaire UPVD - Régis Olives


Le développement de la filière éolienne


C'est surtout grâce à des tarifs liés aux fortes subventions, à son image vertueuse et à l'espoir que son développement industriel réussisse à en faire baisser les coûts, que l'énergie éolienne s'est développée. L'énergie éolienne possède plusieurs points forts en termes :

  •        Environnemental :
  -  Propre
   - Renouvelable
   - Pas d'émissions de CO2
   - Pas d'impact sur le climat


  •        Économique :
   - Abondante, inépuisable
   - Bon marché, compétitive
   - Prévisibilité du coût sur le long terme
   - Aides financières

  •        Technologique
   - Maturité
   - Rapidité d'installation


Elle est également disponible presque partout et contribue à l'indépendance énergétique.


Complément : Les chiffres clés
  •        puissance d'une éolienne terrestre : 1 à 3 MW
  •        puissance d'une éolienne en mer : 3 à 6 MW
  •        vitesse de vent à partir de laquelle une éolienne peut produire de l'énergie : 15 km/h
  •        nombre de personnes alimentées en énergie grâce à une éolienne terrestre (2 MW) : 2 000

Un parc éolien de 12 MW, composé de quatre à six éoliennes, couvre les besoins en consommation d'électricité de près de 12 000 personnes, chauffage inclus.

La puissance d'une éolienne a été multipliée par 10 en 10 ans. Dans les années 1980, une éolienne permettait d'alimenter environ 10 personnes en électricité. Aujourd'hui, une seule éolienne de 2 MW fournit de l'électricité pour 2 000 personnes, chauffage compris (source CCI Meuse).


Définition : Phénomène de foisonnement

En disposant d'un grand nombre de parcs éoliens répartis sur l'ensemble d'un grand territoire, on peut espérer que le vent souffle sur plusieurs parcs et permette un minimum de production éolienne. Cependant ce n'est pas toujours le cas et il convient de compléter ces dispositifs par des moyens de production classiques d'électricité (centrales à gaz).

Remarque : Éolien et CO2

Un parc éolien de 12 MW permet d'éviter l'émission de 8 000 tonnes de CO2. En 2011, le parc éolien français avec 6 800 MW installés a permis d'éviter l'émission de près de 3,13 millions de tonnes de CO2. En 2020, un parc de 25 000 MW devrait permettre d'éviter l'émission par le secteur énergétique de 16 millions de tonnes de CO2 par an (équivalent des émissions annuelles de CO2 de près de 8 millions de voitures) (source CCI Meuse).


Émissions de CO2 évitées en France grâce à l'énergie éolienne pour la période 2000-2020



Sources:
Chambre de Commerce et d'Industrie de la Meuse
"L'énergie éolienne", disponible sur < http://www.lorraine-reel.net/attachments/article/1668/energie-eolienne.pdf >, 2012.
Syndicat des Énergies Renvouvelables



L'importance des politiques publiques


La filière éolienne n'a pu se développer dans le Monde que grâce à la mise en place de politiques publiques volontaristes. En effet le prix de l'électricité produite éolienne a été pendant longtemps bien plus important que celui des autres sources. Afin de compenser cet écart et permettre l'essor de cette industrie, les gouvernements ont agi selon deux méthodes :
  •        soutien à l'investissement : utilisé dans les débuts, il est maintenant complètement abandonné ;
  •        prix de vente garanti et rémunérateur : c'est la formule utilisée, notamment dans les pays européens.

En Allemagne, le gouvernement a obligé les sociétés de distribution d'électricité à acheter la totalité de la production des centrales éoliennes au prix de 90 €/MWh. Cela a permis le développement considérable des installations éoliennes dans ce pays à raison de 30 % par an. Le différentiel entre le prix d'achat de l'électricité éolienne et le prix d'achat moyens des autres sources est répercuté sur la facture du consommateur.

En France, l'électricité éolienne bénéficie d'un tarif incitatif pour l'aider à se développer. Le tarif d'achat de l'électricité produite par les parcs éoliens terrestres est entré en vigueur avec la publication de l'arrêté du 8 juin 2001, puis a été revu deux fois, par les arrêtés du 10 juillet 2006 et du 17 novembre 2008. Ce tarif d'achat diffère selon la localisation du parc éolien :

En métropole, le contrat d'achat dure 15 ans et définit les tarifs suivants : 8,2 c€/kWh pendant 10 ans, puis entre 2,8 et 8,2 c€/kWh pendant 5 ans selon la productivité du site. Dans les départements d'outre-mer, à Saint-Pierre-et-Miquelon et à Mayotte, un tarif unique à 11c€/kWh a été fixé.
Complément : Le tarif d'achat en France

L'association France Énergie Éolienne, qui rassemble la majorité des professionnels de la filière, présente un dossier sur le tarif d'achat, disponible sur ce lien.

Le coût de l'éolien


Combustible gratuit, peu de dépenses d'entretien, l'essentiel du coût de l'éolien repose sur l'investissement. Le coût du kWh d'origine éolienne reste cependant encore assez élevé (de l'ordre de 8 c€) (source Energeia ). La filière doit donc être subventionnée.

Investissement

Il englobe le coût des études, des matériels, du raccordement, de l'installation, des frais de mise en route et de démantèlement. La rentabilité d'un investissement dans un projet éolien dépend des prix de revient et de vente du MWh.

Pour les installations terrestres, le prix de l'investissement ramené à la puissance unitaire a été divisé par 2 entre 1990 et 2000, et se situait aux alentours de 1 million €/MW.

Le développement industriel de la filière étant acquis et celle-ci devenant mature, les prix semblaient se stabiliser à ce niveau. Mais ils ont depuis fortement augmenté pour atteindre 1,5 million €/MW. Cette augmentation est en partie imputable à l'augmentation généralisée du prix des matières premières. Elle est aussi liée à un effet de marché suite au déséquilibre entre l'offre et la demande. Les demandes ont en effet explosé du fait de l'effet d'aubaine que représente l'éolien pour certains investisseurs, compte tenu des conditions de rachat de l'électricité. Le coût d'investissement constaté en 2008 se situait entre 1,3 et 1,6 million €/MW installé. Cependant le prix de revient devrait baisser dans les années qui viennent (progrès techniques, diminution régulière du coût du MW installé consécutive aux volumes installés, effet d'apprentissage, etc...).


Fonctionnement

Le coût du combustible étant nul, le prix de revient du MWh ne prend en compte que l'investissement, les coûts d'exploitation, d'entretien et de maintenance (2,5 - 3% de l'investissement total par an pour l'éolien terrestre soit un coût de ~ 6 à 8 €/MWh).


Tarif de rachat

La France a apporté un soutien économique à l'énergie éolienne afin de faciliter son essor, par la mise en place depuis 2000 d'un dispositif incitatif : les distributeurs doivent acheter l'électricité produite à partir de l'énergie éolienne aux exploitants qui en font la demande, à un tarif d'achat fixé par arrêté. Ce tarif permet de sécuriser les investissements et de donner une visibilité à long terme aux acteurs de la filière. Ce soutien garantit également sur 15 ans, un prix indépendant de toute augmentation du coût des matières premières.


Complément : Tarif d'achat de électricité éolienne produite

Dans les conditions de 2006, pour l'éolien terrestre, les contrats sont souscrits pour 15 ans, le tarif est fixé à 8,2 c€/kWh pendant 10 ans, puis entre 2,8 et 8,2 c€/kWh pendant 5 ans selon les sites.





L'éolien offshore


L'éolien offshore met à profit le formidable potentiel du vent soufflant sur les mers. En effet celui-ci dissipe à la surface des mers une énergie estimée à 535 000 TWh par an. En Europe, la ressource potentielle estimée est de 1 800 TWh par an, en utilisant les technologies existantes et en tenant compte des autres usages de la mer.

Les premiers modèles de turbines offshore étaient des éoliennes terrestres simplement posées en mer. Petit à petit des éoliennes plus adaptées à l'environnement marin et à ses contraintes ont été développées par les industriels.

Le diamètre du rotor peut atteindre 150 m, faisant de l'éolienne offshore un des machines tournantes parmi les plus grandes au monde. La profondeur d'installation économiquement viable reste aujourd'hui à un maximum de 40 m.


Les chiffres clés :
  •        diamètre du rotor : 100 m
  •        puissance nominale : de 2 à 5 MW
  •        profondeur d'implantation : 10 à 20 m
  •        durée de fonctionnement équivalente à pleine puissance : > 3 300 heures/an
  •        densité de puissance d'une ferme éolienne offshore : 6 MW/km²
  •        coûts d'investissement : 1 500 à 2 500 €/kW



Parc Offshore à Middelgrunden (Danemark)


Les avantages et les inconvénients de l'éolien offshore

Avantages
  •        il bénéficie d'une grande partie des avancées technologiques récentes de l'éolien terrestre dont la technologie est d'ores et déjà mature ;
  •        les vents rencontrent moins d'obstacles sur la mer plate : ils sont plus soutenus, plus réguliers et moins turbulents que sur terre. A puissance égale, une éolienne offshore peut produire jusqu'à 2 fois plus d'électricité qu'une éolienne terrestre ;

  •        la mer offre de grands espaces libres d'obstacles, où l'implantation des machines est possible, sous réserve de concertation avec les autres usagers de la mer (moins de conflits d'usage).


Inconvénients
  •        le vent en mer étant plus fort, il faut s'assurer de la résistance du matériel utilisé. Les éoliennes sont soumises mécaniquement aux efforts du vent sur les pales et la structure, aux efforts créés par la masse d'eau alentour (vagues et courants) ;

  •        problèmes liés à l'environnement marin (corrosion...) ;

  •        le prix est plus élevé que pour une éolienne terrestre (supérieur de 30 à 50 %) ;

  •        l'installation et la maintenance (parfois limitées à deux mois dans l'année) est plus complexe que sur terre ; il faut fermement ancrer l'éolienne sur le fond marin ;

  •        l'accessibilité est dépendante des conditions météorologiques ;

  •        les machines d'une ferme offshore doivent être espacées entre elles pour limiter les effets du sillage d'un rotor sur les éoliennes situées sous le vent ;

  •        le raccordement électrique nécessite l'installation de câbles sous-marins jusqu'à la côte.


        



Parc Offshore de Lillgrund (Suède)


Le précurseur danois

Le Danemark est à la pointe de l'éolien offshore. En effet depuis 1990 ce pays, qui dispose de plateaux continentaux étendus et peu profonds propices à l'installation d'éoliennes offshore, a lancé des programmes de valorisation du vent maritime. En 1991 le premier parc éolien offshore est installé sur le site de Vindeby à 2,5 km de la côte en eaux très peu profondes (moins de 5 m). Les 11 éoliennes installées, d'une puissance unitaire de 450 kW, ne sont alors que des éoliennes terrestres légèrement modifiées.


En France

Bien que dotée d'un littoral favorable à l'éolien en mer, il a fallut attendre 2011 pour que la France lance un appel d'offre afin d'installer près de 600 éoliennes en mer au large des côtes de la Manche et de l'Atlantique. Ces éoliennes hautes de plus de 200 m et capables de produire plus de 3 000 MW d'ici à 2015 nécessiteront un investissement de près de 20 milliards d'euros. Cet appel d'offre rentre dans le cadre du Grenelle de l'Environnement qui a fixé pour l'éolien en mer et autres énergies marines un objectif de 6000 MW en 2020, soit l'équivalent de la consommation domestique (chauffage compris) de 8 millions de français.



Carte des cinq zones retenues et objectifs de puissance installée





Les étapes-clés du développement des parcs éoliens offshore en France



Pour l'éolien en mer, l'arrêté du 17 novembre 2008 prévoit un tarif d'achat de 13 c€/kWh pendant 10 ans, puis entre 3 et 13 c€/kWh pendant 10 ans selon la productivité du site. Pour les parcs implantés dans les zones concernées par l'appel d'offre, le prix d'achat de l'électricité sera déterminé au sein d'une fourchette de prix, qui varie entre les cinq zones d'implantation :
  •        Le Tréport, Fécamp, Courseulles-sur-mer : Pmin 115 > Pmax 175 €/MWh
  •        Saint-Brieuc et Saint Nazaire : Pmin 140 > Pmax 200 €/MWh


Actuellement le coût de l'éolien offshore est plus élevé que pour le terrestre. C'est la raison pour laquelle les industriels développent des machines de plus grande puissance afin d'augmenter la rentabilité des sites offshore (des projets d'éoliennes de 20 MW sont à l'étude).
Dans le futur les technologies d'éolien far-shore (haute-mer à plus de 30 km des côtes), ouvrent des perspectives encore plus intéressantes que l'éolien offshore classique. Le vent du large est plus régulier et plus soutenu, sans compter que le partage de l'espace maritime y est moins problématique que près des côtes. Pour des fonds plus importants, des projets s'orientent vers des mâts flottants lestés (qui s'inclineront légèrement sous la force du vent) ou des barges pouvant être amarrées par des câbles. Les mâts quant à eux peuvent atteindre une centaine de mètres au-dessus du niveau de la mer et chaque pale dépasser 50 m de long. Du fait de la complexité de la fabrication et de l'installation des éoliennes à base flottante, ces technologies en sont encore à la phase de recherche préindustrielle.




Représentation d'une éolienne offshore à base flottante


b. L'énergie du vent


Le vent


Définition : Définition du vent

Le mouvement d'une parcelle d'air pendant un intervalle de temps donné résulte conjointement d'un déplacement en distance par rapport aux points de la surface de la Terre (mouvement horizontal de la parcelle) et d'un déplacement ascendant ou descendant en altitude (mouvement vertical).

Le terme de vent peut désigner a priori , soit ce mouvement de l'air pris dans son ensemble, soit, uniquement, le mouvement horizontal de l'air. La définition du vent utilisée en météorologie privilégie cette seconde interprétation.

Le vent (horizontal) est caractérisé par la mesure de deux grandeurs :

  •        sa direction, mesurée au sol à l'aide d'une girouette. Elle indique la direction angulaire d'où vient le vent, repérée par rapport aux directions cardinales ;

  •        sa vitesse, mesurée au sol à l'aide d'un anémomètre (ou être estimée par une manche à air, un drapeau). Elle est souvent évaluée (surtout en mer) à l'intérieur d'intervalles concrets de variation qui en donnent un ordre de grandeur appelé la force du vent.


En un point donné de l'atmosphère , le vent varie sans cesse en direction comme en vitesse. On peut mesurer ainsi en météorologie plusieurs sortes de vent :

  •        le vent instantané , où la direction et la vitesse sont mesurées à des intervalle de temps très brefs (0,5 s) ;

  •        le vent moyen, où la direction et la vitesse du vent instantané sont moyennées sur une large période, égale à 10 minutes en général ;

  •        les rafales, dont chacune mesure un pic instantané (hausse brève et soudaine) de vitesse (accompagné ou non d'une variation en direction) et n'est prise en compte que si elle dépasse d'au moins 5 m.s-1 (soit 19 km/h) un vent moyen dont la vitesse est elle-même au moins égale 5 m.s-1 (soit 19 km/h). Chaque rafale possède une certaine amplitude qui fait passer le vent d'un minimum de vitesse instantanée à un maximum de vitesse instantanée appelé la vitesse de pointe de la rafale. Il peut arriver que cette vitesse de pointe soit supérieure de 50 % ou davantage à la vitesse du vent moyen.




Origine du vent

Le rayonnement solaire chauffe la surface de la terre de manière inégale. Cela créé des inhomogénéités de température et de pression qui conduisent à des déplacements d'air qui sont à l'origine du vent. En effet l'air chauffé sous l'action du rayonnement solaire se dilate, sa densité diminue et il s'élève dans l'atmosphère. Les masses d'air des régions plus froides (l'air froid est plus dense) se mettent alors en mouvement pour remplacer cet air chaud. Ces déplacements s'effectuent à deux échelles :
  •        à l'échelle planétaire : l'équateur absorbe plus d'énergie que les pôles ; de même les zones éclairées (domaine du jour) reçoivent l'énergie du Soleil contrairement aux zones obscures. Les déplacements d'air s'effectuent des zones de haute pression vers les zones de basse pression.
  •        à une échelle plus locale : les mers et les continents n'absorbent pas la rayonnement solaire de la même manière et génèrent ainsi des vents. La présence de montagnes ou de déserts influent aussi sur les vents.


Complément : Le phénomène de la brise de mer


Le jour, la terre se réchauffe plus vite que la mer. L'air chaud qui la surplombe s'élève et laisse place à l'air froid en provenance de la mer. Le phénomène s'inverse la nuit car la terre se refroidit plus vite que la mer. Ainsi le vent souffle de la terre vers la mer le matin, car la surface de cette dernière est plus chaude, puis de la mer vers la terre l'après-midi, car la surface de la terre devient plus chaude que celle de la mer ( source Ngo).
Le phénomène de la brise de mer


Sources : Christian Ngô, "L'énergie", Éditions Dunod, 3e édition (2008).


 

Le gisement en vent



Dans le monde

Sur terre, les zones côtières sont celles qui présentes le gisement le plus intéressant (vitesse > 6m/s). En mer, les vents peuvent atteindre des vitesses jusqu'à 20m/s.



Gisement en vents sur le globe terrestre


Le gisement en Europe

La carte ci-dessous présente le gisement en vent de l'Europe occidentale. Les zones roses sont les régions où il vente le plus, alors que les zones bleues sont celles ayant les vents les plus faibles. La délimitation des différentes zones n'est pas aussi rigoureuse qu'elle ne le paraît sur la carte : en réalité, le passage d'une zone à une autre tend à avoir lieu graduellement. Les couleurs de la carte supposent que le globe terrestre est rond et totalement dépourvu d'obstacles au vent, d'effets accélérateurs et de rugosités variantes. Cela signifie que de bons sites éoliens sur des collines peuvent être situés dans les zones jaunes ou vertes de la carte, tout comme il existe, dans les zones roses, des endroits qui sont très peu ventés à cause d'une rugosité élevée.



La carte des vents de l'Europe occidentale


Les régions situées en bordure de la mer du Nord, les côtes des pays scandinaves et le pourtour méditerannéen français possèdent les gisements en vent les plus importants.


Le gisement éolien français

La France bénéficie d'un gisement éolien important (le deuxième en Europe, après le Royaume-Uni). Les zones régulièrement et fortement ventées sont :
• la façade ouest du pays (de la Vendée au Pas-de-Calais)
• la vallée du Rhône
• la côte languedocienne.

Les régimes des vents sont différents dans ces trois secteurs, ce qui les rend complémentaires les uns des autres.



Le gisement éolien en France





Puissance moyenne éolienne de sites en France kWh/m²/an (d'après Ngo)



Complément : Les vents en temps réel aux États-Unis

Cette animation permet de suivre la direction et la vitesse des vents parcourant le territoire des États-Unis (lien).


Un peu de physique...


Une éolienne permet de capturer et de convertir une partie de l'énergie cinétique du vent en énergie mécanique (rotor qui tourne). Pour pouvoir estimer la puissance électrique produite par une éolienne, il est nécessaire de connaître quelle est la puissance du vent, et quelle part de celle-ci sera récupérable par l'éolienne. Supposons une veine de vent passant à travers une éolienne.




Une veine de vent passant à travers une éolienne






Évolution du rendement aérodynamique instantané en fonction du rapport entre la vitesse en bout de pale et la vitesse du vent (tip-speed ratio) : illustration des différentes sources de pertes par rapport au rendement idéal de Betz.


La théorie montre également que le rendement maximal d'une hélice d'éolienne augmente avec le nombre de pales.


Complément : Étude théorique de la puissance captée par une éolienne

Pour avoir plus de détails et des compléments sur les calculs précédents, consulter les sites suivants :




Caractériser l'énergie du vent


Il est très important pour l'industrie éolienne d'être en mesure de décrire les variations de la vitesse du vent. Les fabricants utilisent ces informations pour optimiser la conception des éoliennes dans le but de minimiser les coûts liés à la production d'électricité. Les investisseurs, eux, ont besoin de ces informations afin de pouvoir estimer le revenu lié à la production d'électricité.

Les inhomogénéités de température et de pression de l'air induisent des instabilités difficiles à prédire. Dans une région donnée, la vitesse varie au cours du temps. Seule une observation réalisée sur une longue période (plusieurs années), permet de connaître, statistiquement les principales caractéristiques d'un site venté selon les périodes de l'année ( Source Ngo).

La vitesse du vent augmente avec l'altitude. On a tout intérêt à construire des éoliennes de grande hauteur. En effet, à une hauteur de 50 m, la vitesse du vent peut être supérieure de 25 à 35 % supérieure à celle à 10 m. La variation de la vitesse va dépendre de la nature du sol et il est préférable d'implanter une éolienne sur un terrain peu accidenté afin de minimiser cette variation le long des pales.

Un vent de qualité doit être régulier. Les variations rapides de sa vitesse et de sa direction sont défavorables à son exploitation. Les turbulences sont néfastes pour les éoliennes car elles diminuent le rendement et fatiguent les pièces mécaniques (Source Ngo).

Comme vu précédemment, l'énergie éolienne récupérable est fonction du cube de la vitesse du vent. En première approximation, pour estimer cette énergie, il suffirait de prendre la vitesse moyenne annuelle du vent soufflant sur un site (moyenne arithmétique des vitesses mesurées avec un échantillonnage régulier pendant une année). Cependant la vitesse moyenne n'est pas suffisante pour caractériser un site éolien. Il convient d'étudier la distribution des vitesses du vent sur le site observé pendant une année. En effet, la vitesse du vent peut subir des fluctuations importantes au cours de l'année.


Les fluctuations du vent





Puissance moyenne sur 10 minutes délivrée par une "ferme" éolienne de 10 MW de puissance nominale (située en Grande-Bretagne), au cours du mois de janvier 1997

Ces fluctuations vont avoir un impact sur la production d'électricité de l'éolienne, comme le montre la figure ci-dessous.

Définition : Vitesse nominale du vent

Vitesse pour laquelle l'éolienne fonctionne dans des conditions optimales, lui permettant d'atteindre ses performances maximales ( Source Bonal). Une éolienne peut fonctionner à vitesse nominale entre 1 500 et 2 000 heures par an, voire 3 500 heurs pour des sites très ventés ( Source Ngo).


Distribution de Weibull

Si on mesure la vitesse du vent durant une année, dans la plupart des régions du monde, les vents extrêmes sont très rares alors que des vents frais ou modérés sont assez fréquents. Le vent a donc une nature stochastique. On ne peut prévoir la vitesse du vent sur une longue période qu'en termes de probabilités. Pour représenter la distribution des vitesses du vent et estimer le potentiel éolien d'un site, on utilise une distribution dite de Weibull. Elle modélise la probabilité qu'un vent souffle à telle vitesse sur ce site.

Sur la figure suivante est représentée un exemple de distribution de Weibull : sur le site en question, la vitesse moyenne du vent est de 7 m/s, et la forme de la courbe est déterminée par ce qu'on appelle un paramètre de forme égal à 2.

Facteur de forme d'une distribution de Weibull : Souvent noté k, il donne la forme de la distribution et prend une valeur comprise entre 1 et 3. Plus la valeur est faible et plus la vitesse du vent est variable tandis-que qu'une valeur de k élevée indique une vitesse de vent constante.
La médiane de distribution est égale à 6,6 m/s. Le vent souffle à moins de 6,6 m/s la moitié du temps, et à plus de 6,6 m/s pendant l'autre. La distribution statistique des vitesses du vent varie d'un endroit à l'autre car elle dépend des conditions climatiques locales, du paysage et de sa surface. La distribution de Weibull tend donc à varier, tant en forme qu'en valeur moyenne.





Exemple de distribution de Weibull



Selon le facteur de forme, les distributions de Weibull vont présenter des formes différentes.




Exemples de distributions de Weibull





Distributions de Weibull des vents de plusieurs stations météorologiques à travers le monde


Prédire l'énergie du vent


Les sites éoliens sont sélectionnés à partir d'études approfondies permettant de déterminer les caractéristiques de la ressource éolienne disponible, notamment sa puissance potentielle ainsi que son orientation à différentes périodes de la journée et de l'année. Ceci permet d'établir des prévisions du rendement exploitable, une information qui pourra être mise à disposition des gestionnaires du réseau d'électricité.


Les méthodes d'acquisition des données

Il y a deux manières principales d'obtenir les données :
  •        mesure physique ;
  •        calcul et modélisation.



La méthode physique

Cette méthode consiste donc à mesurer chaque variable « mesurable » durant au minimum un cycle d'une année en général. Les données sont enregistrées, triées, nettoyées de leurs erreurs, concaténées, et enfin analysées pour en faire ressortir les caractéristiques voulues. Celles-ci sont ensuite modélisées statistiquement et corrélées avec des sources extérieures en vue des prévisions à long terme. Enfin, elles sont intégrées en données d'entrée pour le modèle de terrain du site final.

Pour mesurer l'ensemble des données, il existe plusieurs types d'outils :
  •        les mâts de mesure équipés de girouettes, d'anémomètres, de thermomètre et/ou de baromètre et/ou d'hygromètre, etc... ;
  •        les Sodars (SOnic Detection And Ranging), qui sont des radars à effet Doppler sur les longueurs d'ondes sonores ;
  •        les Lidars (Light Detection and Ranging), qui sont des radars à effet Doppler sur les longueurs d'ondes de la lumière (laser).

Par exemple, avec un mât de mesure, les données importantes enregistrées, généralement dans un intervalle de 10 min sont les suivantes :
  •        la date ;
  •        l'heure ;
  •        la vitesse moyenne de chaque anémomètre ;
  •        l'écart-type de la vitesse de chaque anémomètre ;
  •        la vitesse maximale rencontrée sur l'intervalle pour chaque anémomètre ;
  •        la direction moyenne du vent à chaque hauteur ;
  •        la température moyenne ;
  •        l'humidité relative ou la pression atmosphérique.


Les Sodars (SOnic Detection And Ranging) mesurent en continu et de manière plutôt fiable, tout à la fois la vitesse du vent, sa direction, sa composante verticale, les turbulences, la structure de température et d'hygrométrie, et ceci sur des hauteurs allant de 15 à 5 000 m. Les Sodars sont faciles à mettre en œuvre et discrets. Ils demeurent cependant encore un peu chers par rapport aux mâts de mesure (30 à 40 k€), et ont tendance à avoir un taux de données invalides plus important par temps pluvieux, neigeux, orageux et par ambiance acoustique chargée.

Les Lidars sont plus précis et non perturbés par les ambiances sonores, mais restent sensibles à la pluie, au brouillard... Leur domaine d'action commence à environ 100 m, et leur prix culmine vers 200 à 300 k€.


Les méthodes de modélisation numérique

A partir des données disponibles de mesures météorologiques, qui portent sur les vents, les températures, les humidités relatives, en un point situé à proximité du site d'implantation d'une éolienne, et en tenant compte de la présence ou non d'effets locaux complexes (bord de mer, etc.), il est possible de modéliser ce « micro-climat » localement.

Ces deux méthodes sont complémentaires. Avec l'immense montée en puissance des capacités de calcul informatique, il ne semble pas impossible qu'un jour on puisse éviter la mesure physique, ou tout au moins réduire le temps nécessaire aux mesures physiques. Le livre de Corinne Dubois ( "Le Guide de l'éolien, techniques et pratiques", Collection "Les guides de l'habitat durable", Éditions Eyrolles (2009)) présente de manière détaillée l'ensemble de ces deux méthodes.


Complément : L'indice Griggs - Putnam

Le meilleur moyen d'estimer la ressource en vent d'un site est d'utiliser des mesures relevées à partir d'anémomètres, des roses des vents, des cartes des vents, etc... Une alternative peu coûteuse, mais moins précise, est d'utiliser une échelle avec des références visuelles. L'indice de Griggs-Putnam est une méthode semi-empirique, facile et rapide pour déterminer le type de ressource en vent sur un site donné. Cet indice est basé sur la déformation des arbres causée par le vent, et il est utilisé pour estimer la vitesse moyenne du vent.
Des vents forts déformeront des arbres et des arbustes et indiqueront ainsi un "enregistrement" des vitesses du vent localement durant leur vie. L'effet est plus marqué sur les conifères parce que leur apparence au vent reste relativement constante pendant l'année. Des arbres à feuilles caduques perdent leurs feuilles en hiver et changent ainsi la zone exposée au vent.
Si la vitesse moyenne du vent est élevée, à partir d'une certaine valeur critique, les arbres à feuilles caduques ne peuvent pas survivre et n'indiqueront pas de différences relatives de vitesses de vent significatives, bien qu'ils montrent des dégâts causés par le vent.


L'indice Griggs - Putnam



Les roses des vents

En étudiant les modèles dominants de vents pour un emplacement, les concepteurs peuvent prendre des décisions informées concernant les stratégies d'implantation d'éoliennes. L'utilisation de roses des vents permet de déterminer comment placer et orienter les éoliennes.
  •        la rose des vents annuelle (distribution des vitesses), montre la fréquence et la vitesse du vent soufflant dans chaque direction. En se déplaçant vers l'extérieur sur l'échelle radiale, la fréquence associée au vent provenant de cette direction augmente. Chaque rayon est divisé en couleur selon les intervalles de la vitesse du vent. La longueur radiale de chaque rayon autour du cercle est le pourcentage de temps que le vent souffle dans cette direction. Dans l'exemple ci-dessous (rose des vents annuelle de Boston, Massachusetts), les vents en provenance des directions NO et SSO sont les plus courants (plus de 10 % d'heures annuelles). Pour les vents provenant de la direction SSO, les vitesses de vent se trouvent le plus souvent dans la plage de 6 à 9 et 9 à 11 nœuds (jaune et bleu clair).

  •        la rose des vents annuelle (distribution des fréquences), affiche les mêmes données que la rose des vents "distribution des vitesses", à l'exception de l'échelle radiale, qui représente maintenant la vitesse du vent au lieu du pourcentage de temps. En outre, les segments de couleur de chaque rayon représentent les heures, et non la vitesse du vent.

  •        la rose des vents mensuelle, indique la distribution des fréquences pour chaque mois de l'année.



Les roses des vents








Complément : Éditer la rose des vents d'un lieu

Le site windfinder.com permet d'obtenir les statistiques du vent et climat (dont la rose des vents) pour un lieu donné. A titre d'exemple, la figure ci-dessous représente la rose des vents de Perpignan (66).




La rose des vents de Perpignan pour le mois d'août


La puissance d'une éolienne


Pour représenter les performances d'une éolienne, on trace sa caractéristique ou courbe de puissance P(V), telle que la puissance P aux bornes de l'éolienne est fonction de la vitesse v du vent ( source Bonal). Cette courbe est mesurée dans des conditions précisées par une norme internationale IEC 61400-12, la directive FGW TR2 «Détermination de la courbe de puissance et des rendements énergétiques normalisés» ainsi que la directive Measnet «Power Performance».

Pour pallier les variations rapides de la vitesse du vent, celle-ci ainsi que la puissance sont moyennées sur des périodes de 10 minutes.





Exemple de courbe de production éolienne


La courbe de puissance croit entre 5 et 15 m/s pour atteindre la puissance nominale de l'éolienne.



La production d'électricité

La production d'électricité par les éoliennes dépend donc de la force du vent à un instant donné. Elle est par conséquent variable mais pas imprévisible. Le vent, variable localement, peut être nul, trop faible ou trop fort et dans ce cas les éoliennes ne peuvent produire de l'électricité. Ainsi le réseau électrique doit pouvoir accepter ces intermittences de production. Pour garantir la disponibilité de l'électricité, ce sont aux autres moyens de production d'ajuster leur puissance pour assurer l'équilibre entre l'offre et la demande et corriger l'absence de vent ou s'adapter au contraire à son trop-plein.

Les aérogénérateurs actuels ont un rendement électrique, à la vitesse nominale, compris entre 30 et 50 % de la limite de Betz. Une éolienne moderne nécessite un vent d'au moins 5m/s (18 km/h), cependant pour avoir une puissance produite convenable, il faut avoir un vent à une vitesse minimale de 11 m/s (40 km/h) ( source Ngo). A partir de 25 m/s (90 km/h), l'éolienne doit être arrêtée car elle risquerait d'être endommagée.

Les fermes éoliennes doivent être connectées au réseau de distribution électrique. En effet, souvent implantées dans des régions ventées peu peuplées, elles doivent évacuer sur le réseau l'électricité produite, bien supérieure aux besoins locaux.




c. Technologie des éoliennes


Les éléments constituant une éolienne


Une éolienne est un assemblage de plusieurs sous-systèmes sophistiqués qui fonctionnent ensemble en vue de transformer l'énergie mécanique du vent en énergie électrique. Chaque système est conçu séparément mais une fois assemblé aux autres, il forme un seul élément final destiné à produire de l'électricité (source CCI Meuse).

Les éoliennes sont généralement constituées de quatre grandes parties.
·         L'hélice ;
·         La nacelle ;
·         L'ensemble générateur ;
·         Le mât.



Schémas d'ensemble d'une éolienne



Coupe d'une nacelle d'éolienne



L'hélice

Son rôle est de transformer une partie de l'énergie cinétique du vent en couple mécanique. Elle est composée de pales portées par un moyeu (la plupart des éoliennes industrielles actuelles sont équipées de trois pales). Les pales (en général trois, parfois deux) des unités les plus puissantes peuvent atteindre 60 m de long (diamètre 120 m) et peser au total plus de 1 200 tonnes. Lorsque la vitesse du vent dépasse celle qui correspond à la puissance nominale, un système de régulation contrôle et dégrade le rendement de l'hélice de façon que celle-ci ne capture que la puissance strictement nécessaire ( source Bonal). Les pales sont fabriquées à partir de matériaux composites et leur profil est optimisé pour réduire le bruit à leur extrémité.


La nacelle

L'hélice et la nacelle sont reliées par l'intermédiaire du moyeu. La nacelle est l'habitacle situé au sommet du mât. Elle est orientable afin que l'angle entre l'axe de l'hélice et la direction du vent soit nul en moyenne. L'ensemble générateur y est installé. Elle contient toute la machinerie transformant la rotation lente des pales en électricité. Cette machinerie permet de superviser l'éolienne : diriger les pales en fonction de la force du vent, arrêter l'éolienne. Des girouettes sont placées sur le toit de la nacelle pour mesurer la direction moyenne du vent. Un soin particulier est maintenant opéré sur le traitement anti-bruit de la nacelle (isolation). La nacelle est orientable dans l'axe du vent et y est maintenue par une boucle d'orientation motorisée.

 
L'ensemble générateur

Intégré dans la nacelle, il assure deux fonctions :
  • Transformer le couple mécanique du moyeu tournant en électricité grâce à un générateur électromécanique.

  • Adapter le courant électrique fourni par le générateur aux normes du réseau dans lequel la machine délivre son énergie pour que le couplage (synchronisation des fréquences de la machine et du réseau) soit possible.

Il faut alors adapter les caractéristiques de la source d'énergie (vent variable et puissances variables) aux besoins du réseau électrique (fréquence fixe, amplitude constante de la tension, puissance demandée variable). Dans ce cadre, il existe deux grandes familles d'éoliennes :

  • Les éoliennes à couplage direct (éoliennes à entraînement multiplié et couplage direct au réseau) : un multiplicateur de vitesse est placé entre l'arbre de l'hélice et celui du générateur électromécanique. Il amène la vitesse de rotation de l'hélice de 50 tr/min à 1 500 tr/min, vitesse de rotation nominale des générateurs asynchrones du meilleur rapport qualité/prix. Cette technologie oblige cependant l'hélice à fonctionner à vitesse de rotation constante (à +/- 2%), ne permettant pas d'utiliser au mieux l'énergie du vent.

  • Les éoliennes à couplage indirect (éoliennes à entraînement direct et couplage au réseau par convertisseur électronique) : le moyeu de l'hélice est relié directement au rotor du générateur électromécanique (générateur synchrone). Comme la vitesse du vent varie, la fréquence de sortie du courant délivré par l'alternateur varie aussi. Pour assurer le couplage avec le réseau de distribution électrique (fréquence et amplitude de la tension fixes), il faut installer un convertisseur redresseur (associé à un onduleur).


Le mât ou tour

Il porte la nacelle et permet de placer l'axe de l'hélice à une hauteur supérieure à celle de son rayon. Les mats sont généralement de construction tubulaire, tronconique. Ils sont réalisés en associant entre eux des éléments pour boulonnage intérieur de brides. Le diamètre de la base d'une tour est de 5 m et diminue progressivement pour atteindre environ 3 m au sommet. Ainsi les tours comportent 3 ou 4 sections. En règle générale, la hauteur du mat est égale au diamètre de l'hélice. Leur poids peut être important (115 tonnes pour le mat de 65 m de la machine Vestas 90). Pour les sites très ventés, on peut construire des mats deux fois plus hauts que le diamètre de l'hélice afin d'aller chercher des vents plus forts. Certaines tours peuvent dépasser 100 m. Le mât peut également contenir une partie des composants électriques et électroniques, en association avec la nacelle.
La tour repose sur des fondations, qui pour des éoliennes terrestres, consistent en une assise en béton sur laquelle est fixé l'ensemble de la structure, devant être capable de résister aux tempêtes et aux vents extrêmes. Il faut près de 500 tonnes (source CCI Meuse) de béton pour les fondations d'une éolienne de 3 MW.

Au sol, une cabine de dispersion permet l'injection du courant produit au niveau de la nacelle dans le réseau électrique. Les éoliennes industrielles actuelles les plus répandues sont les éoliennes tripales, entraînant une génératrice asynchrone.


Complément : Les matériaux utilisés

Les matériaux utilisés doivent être très résistants car la vitesse du vent peut varier dans une large gamme. Le tableau ci-dessous présente les matériaux avec les lesquels sont fabriqués les éléments constituant une éolienne.





Rendement global d'une éolienne

La loi de Betz limite la puissance récupérable par une éolienne à environ 59 % de la puissance cinétique du vent. Mais dans le rendement global, il faut également tenir compte des pertes dues à la machine elle-même. Chaque élément de transmission ou de transformation est un sous-ensemble dont le rendement n'est pas de 100 %, et il est intéressant de noter les ordres de grandeur des rendements de chaque sous-système en matière d'énergie. Le rendement global (hors limite de Betz) approche les 88 % pour les meilleures machines disponibles sur le marché. La technologie éolienne étant d'ores et déjà mature, les rendements ne devraient pas être améliorés significativement.




Ordres de grandeur des rendements des systèmes internes de la turbine



d. Exemples de réalisations existantes


Présentation de deux parcs éoliens en France


Une base de données mise à jour
Le site Windpower.com propose une base de données actualisée concernant les parcs éoliens d'ores et déjà implantés.

Le syndicat des énergies renouvelables (SER) et France Energie Éolienne ont édité un rapport sur l'État des lieux du parc éolien français.


 
Le parc éolien des Corbières Maritimes

Ce parc est implanté sur la commune de Port-la-Nouvelle (11) et bénéficie d'un gisement éolien de qualité (vitesse moyenne du vent de 7,7 m/s à 40 m de hauteur).




Le parc éolien des Corbières Maritimes

Les chiffres clés :
·         puissance totale du parc : 8,8 MW
·         nombre de turbines : 15
    • 10 éoliennes de 660 kW ( mai 2000)
    • 4 éoliennes de 500 kW (septembre 1993)
    • 1 éolienne de 200 kW (juillet 1991)
·         production annuelle totale : 25 millions de kWh
·         équivalent de la consommation électrique de près de 10 000 habitants
·         environ 40 % de la consommation de l'usine des Ciments Lafarge
·         émission de CO2 évitées : 20 000 t
L'électricité est livrée au réseau d'EDF dans le cadre du programme " Eole 2005 ".


Le projet :
·         maître d‘ouvrage et exploitant : La Compagnie du Vent
·         maître d'oeuvre, bureau d'étude et concepteur du projet : Cabinet GERMA
·         fournisseur des éoliennes : Vestas/Gamessa Eolica
Financement du projet
Investissement total de 9 000 k€, financé par :
·         La Compagnie du Vent (1600 k€)
·         Emprunt bancaire (6 000 k€)
·         Subventions (1 400 k€)
Coûts d'investissement :
·         Aérogénérateurs (6 200 k€)
·         Raccordement électrique (760 k€)
·         Génie civil (600 k€)
·         Études et suivi (960 k€)
·         Frais administratifs divers (510 k€)

Coûts annuels d'exploitation du parc (maintenance, dépannage, assurances, impôts locaux, provisions...) : 260 k€.

Parcs éoliens en Charente

Développé en partenariat avec Valorem, le parc éolien de La Faye et La Chèvrerie (Charente) est équipé de 6 turbines VESTAS V90 d'une puissance unitaire de 2 MW. Il produit environ 28,7 millions de kWh/an, soit l'équivalent de la consommation en électricité (hors chauffage) d'environ 10 000 ménages.

Le futur parc éolien de Sarry (27,5 MW) sera équipé de 11 éoliennes d'une puissance unitaire de 2,5 MW, réparties sur le territoire des communes de Sarry et de Châtel-Gérard. Il produira annuellement 60,5 millions de kWh, permettant ainsi d'alimenter plus de 20 000 ménages en électricité verte (hors chauffage).


Parc éolien offshore Horns Rev (Danemark)

Horns Rev est un ensemble de parc éoliens extraterritoriaux situé à 30 km de la côte ouest du Danemark, dans les Blåvandshuk, au large du port d'Esbjerg.




Parc éolien offshore Horns Rev

Les chiffres clés :
  • Horns Rev 1
Année de mise en service : 2002
Superficie : 20 km2 (distance entre les turbines 560 m)
Nombre de turbines : 80
Constructeur : Vestas
Type: V80-2.0 MW
Longueur des pales : 40 m
Puissance unitaire: 2 MW
Puissance totale : 160 MW

  • Horns Rev 2
Année de mise en service : 2009
Superficie : 35 km2
Nombre de turbines : 91
Constructeur : Siemens
Type : SWP 2.3-93
Hauteur d'axe: 68 m
Longueur des pales : 46,5 m (diamètre 93 m)
Puissance unitaire : 2,3 MW
Puissance totale : 209 MW

  • Données générales :
Production électrique prévue : 600 GWh
Émissions de CO2 évitées : 425 000 tonnes/an
Poids des fondations : 180 tonnes
Distance entre chaque fondation : 560 m
Poids d'une tour : 160 tonnes
Profondeur de la mer : 9-17 m
Distance de la côte : 30 km
Surface totale de la ferme : 20 000 m²
Coût total : 448 M€


Le petit éolien : pour les particuliers et en milieu urbain

Le petit éolien, ou éolien domestique, désigne toutes les éoliennes d'une puissance nominale inférieure ou égale à 30 kW (en Europe) ou 100 kW (aux États-Unis), raccordées au réseau ou bien autonomes en site isolé. Le petit éolien est utilisé pour produire de l'électricité et alimenter des appareils électriques de manière durable, principalement en milieu rural. Ces petites éoliennes sont généralement à axe horizontal et comprennent le plus souvent deux à trois pales pour développer une puissance électrique de 100 W à 30 kW. Il existe toutefois des éoliennes à axe vertical.
Des éoliennes commencent à être intégrées également en milieu urbain.

Exemples de petites éoliennes












  • Complément : Le guide du petit éolien
                 L'Ademe et Pôle énergies 11 ont édité un guide sur le petit éolien.


e. Les systèmes innovants


Les éoliennes multirotors

L'entreprise SELSAM, a conçu une éolienne comportant 7 rotors de 3 pales, d'un diamètre de 2,1m fournissant une puissance de 6 kW. L'arbre (la tige sur laquelle sont placés les rotors) n'est pas parallèle au sol, mais penché, afin d'éviter les perturbations du flux d'air d'un rotor sur un autre.



Éolienne multirotors


 
Les éoliennes volantes

Plus on monte en altitude, plus le vent est fort et constant. Certains ont ainsi imaginé utiliser des éoliennes volantes produisant de l'énergie directement dans le ciel, qui serait acheminée au sol par un câble. Un type d'éolienne volante se lancerait dans le ciel comme un hélicoptère (Skywindpower) ; un autre comme un ballon sonde rempli d'hélium (Magenn).



Le système Skywindpower



Le système Magenn|



Complément : Un vrai faux système innovant : l'exemple du système WARP

Ce système innovant prend la forme d'une tour constituée d'un empilement de modules aérodynamiques (rotors carénés) créant des espaces semi-toroïdaux dans lesquels s'engouffre le vent avant de faire fonctionner deux petites éoliennes. D'après les calculs des concepteurs, le système WARP amplifierait par 1,7 la vitesse du vent à travers ces modules aérodynamiques. La puissance développée serait multipliée par huit. A hauteur identique, WARP produirait trois à quatre fois plus d'électricité qu'une éolienne de même puissance, sachant que les éoliennes conventionnelles exigent un diamètre important de pales afin d'optimiser la capture énergétique.
Ce système breveté dans les années 1980 a fait l'objet de projets de développement en Belgique au milieu des années 2000. Il était même prévu que des cellules photovoltaïques soient intégrées à ce système en tant que matériau externe. Un exemple de fiche technique de ce type d'éolienne est présenté sur le site WincapEnergy.


Galerie de figures : système WARP





Cependant des calculs effectués par des chercheurs du Département de Mécanique de l'Université de Louvain ont montré que la réalité est tout autre, et que la performance de la Warp est médiocre. En effet une erreur de compréhension des lois fondamentales de la physique a abouti à une surestimation énorme de la puissance développée par ce type d'éolienne. Il y a eu une erreur dans les documents d'origine qui prétendent multiplier la puissance par huit plutôt que par deux...



f. Le marché de l'éolien


Monde

La puissance éolienne installée dans le monde a augmenté annuellement d'environ 30 % depuis 1990. En 2011, elle s'élevait à 238 GW. En l'espace de 11 ans, elle a été multipliée par 10 ! La Chine, les USA, l'Allemagne et l'Espagne sont les quatre pays où l'on installe le plus d'éoliennes dans le monde.


Évolution de la puissance éolienne installée dans le monde de 1996 à 2011


Les prévisions à l'horizon 2015 donnent une puissance éolienne installée de 300 000 MW et une production énergétique de 600 millions de MWh (soit près de 3% de la production mondiale d'électricité).

L'Asie et l'Europe sont les deux marchés les plus importants pour l'éolien.




Les grands fabricants d'éoliennes sont basés au Danemark, Chine, Allemagne, USA, Espagne. Même si historiquement elle avait été un des pays pionniers dans l'étude la production d'électricité éolienne, la France n'est pas présente de manière significative sur ce marché.




Les grands fabricants d'éoliennes dans le monde en 2011

Union Européenne

Le marché de l'Union européenne oscille entre perte de vitesse de l'éolien terrestre et préparation logistique, technologique et industrielle de l'immense marché de l'éolien offshore, très prometteur. La crise économique et financière a retardé l'octroi de crédits, ce qui a eu pour conséquence de décaler la mise en service des projets. Le niveau de développement de la plupart des grands marchés de l'Union européenne est aujourd'hui beaucoup plus contrôlé. En effet, en ces temps de crise, bon nombre de gouvernements ont réduit la croissance de leur marché national en ralentissant les procédures d'autorisation et en appliquant des procédures administratives plus contraignantes (régime de préallocation en Espagne, procédure ICPE en France, etc...).

L'Allemagne et l'Espagne sont les pays où l'on installe le plus d'éoliennes. Cependant si on s'intéresse à la puissance installée pour 1 000 habitants, le Danemark se place en tête grâce à un parc éolien très développé. Ce pays a depuis longtemps soutenu le développement de la filière éolienne ; ceci expliquant aussi que les sociétés danoises Vestas et Siemens Wind Power soient des leaders mondiaux du secteur.


Puissance éolienne installée dans l'Union Européenne fin 2011




Puissance éolienne pour 1 000 habitants dans l'Union Européenne en 2011



Production d'électricité d'origine éolienne dans l'Union Européenne en 2010 et 2011
L'Union Européenne produit près de 172 TWh d'électricité d'origine éolienne (les 2/3 proviennent de quatre pays : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, France).




Puissance éolienne offshore installée dans l'Union Européenne en 2011


France

Jusqu'à récemment la France n'a pas suivi le développement de ses voisins européens, mais elle tend à rattraper son retard. En février 2013, la puissance totale installée en service du parc éolien français s'élevait à 7 354 MW. La région Champagne-Ardenne a le parc installé le plus important (1 071 MW), suivie par la Picardie (949 MW). La région Languedoc-Roussillon arrive en 7e position nationale avec 446 MW. Trois régions : Alsace, Aquitaine et Guyane, ne possèdent aucun parc en 2013. Le site suivi-eolien.com tient régulièrement à jour ce type de données.



A l'horizon 2020, les prévisions donnent une puissance éolienne installée de 25 000 MW : 19 000 MW terrestres (soit 8 000 éoliennes) et 6 000 MW maritimes. Le parc éolien français produira alors 55 millions de MWh (soit 10% de la consommation électrique française). Pour atteindre ces objectifs il faudra installer environ 1 800 MW en moyenne annuelle alors qu'environ 830 MW ont été installés en 2011. Il faut donc sensiblement accélérer le rythme des installations.

Le Syndicat des Énergies Renouvelables et l'association France Énergie Éolienne éditent un panorama annuel de l'énergie éolienne en France sous forme de carte.


Complément:L'éolien : source d'emplois et de richesses

La filière éolienne est créatrice d'emplois, pour la fabrication et pour l'installation. L''installation et la maintenance des parcs nécessitent de faire appel à des entreprises locales ; des emplois sont ainsi créés directement dans les zones où sont implantées les éoliennes. Les perspectives de création d'emplois dans la filière sont intéressantes.




Conclusion

Utilisée par l'Homme depuis des milliers d'années, l'énergie éolienne voit son utilisation pour la production d'électricité se développer en ce début de XXIe sicle. Cependant la majorité des installations éoliennes actuelles ne fonctionne que grâce aux subventions indirectes que représentent les obligations de rachat de l'électricité. Pour lever ce blocage de coût, il faudrait que les prix des combustibles fossiles augmentent fortement, et que soit instaurée une pénalité financière significative pour les rejets de gaz carbonique.

Contrairement à d'autres sources d'énergie d'origine renouvelable, elle ne nécessite pas la création de nouvelles technologies et s'appuie sur les développements technologiques de ces derniers 30 ans (fibres de carbone, électronique de puissance, etc..). La taille des machines est en outre toujours en augmentation. L'électricité d'origine éolienne est peu polluante (pas d'émission de gaz à effet de serre), et utilise le vent qui a l'avantage d'être gratuit. Cependant l'instabilité du vent et son intermittence font que l'éolien ne peut pas être utilisé comme seule source d'énergie. De même l'incertitude technique de la tenue dans le temps des installations en mer peut constituer un handicap.
Cette source d'énergie est "non programmable". Elle ne sera jamais, en l'absence de moyens de stockages novateurs et performants, une électricité garantie et restera une énergie de complément ou de substitution. De plus le raccordement au réseau va nécessiter des infrastructures importantes lorsque la puissance éolienne installée aura atteint des valeurs significatives.

 (Sources UNT UVED)




Fiche "l’éolien" (2015)