Les espaces verts urbains, lieux de santé publique, vecteurs d'activité économique





Les espaces verts sont très importants en milieu urbain et doivent être considérés comme un élément central lors de la planification urbaine. Notamment, ils permettent l’absorption de contaminants atmosphériques, ce qui s’avère non négligeable pour une ville comme Montréal, où on estime que 1 540 décès sont liés à la pollution de l’air chaque année, et encore plus d’hospitalisations et de visites à l’urgence pour diverses maladies. Par ailleurs, les espaces verts urbains produisent de l’oxygène, réduisent l’ozone, séquestrent la poussière et les métaux lourds, consomment du dioxyde de carbone et absorbent moins de chaleur, ce qui réduit les îlots de chaleur urbains. De plus, les espaces verts urbains réduisent le bruit, un facteur de stress important, et forment un écran visuel contre des paysages moins apaisants et esthétiques.


Selon plusieurs études transversales à grande échelle, il existe une relation positive entre la présence d’espaces verts et la santé autodéclarée et évaluée par les médecins. Des études suggèrent que ces effets peuvent être plus prononcés chez les enfants, les femmes au foyer, les personnes âgées de même que chez les individus ayant un niveau d’éducation plus faible ou étant défavorisés sur le plan socioéconomique. Parce que certaines de ces études sont transversales, il est difficile d’établir des liens de causalité. Cependant, le fait que les données aient été ajustées pour l'âge, le sexe et le niveau socioéconomique et/ou éducationnel laisse croire que les espaces verts urbains seraient un facteur prédictif d'une meilleure santé.



Source : http://www.futura-sciences.com/sante/dossiers/medecine-bien-etre-sante-nature


 Les espaces verts urbains sont aussi associés à une augmentation de l’activité physique, particulièrement chez les enfants et les jeunes adultes. Une attention croissante est portée à la qualité des espaces verts, notamment leur accessibilité, leur proximité et leurs caractéristiques esthétiques, des facteurs pouvant favoriser l’activité physique.

Comparativement aux associations observées sur le plan de la santé physique, certaines études suggèrent que la relation entre les espaces verts et la santé mentale est encore plus forte. Les études transversales ont démontré que les espaces verts urbains sont associés à moins de détresse, d'anxiété, de dépression et de stress. Des essais contrôlés ont suggéré que la verdure peut réduire le stress. Certains de ces effets peuvent être plus importants chez les enfants et les personnes défavorisées sur le plan socioéconomique. En outre, les espaces verts urbains semblent être associés à moins de solitude et à un sentiment d'isolement social moindre. Enfin, certains avantages psychologiques associés aux espaces verts seraient possiblement liés à leur biodiversité.


En somme, la présence d’espaces verts semble être associée à plusieurs effets significativement positifs sur l’environnement et sur la santé physique et mentale de la population. Les arbres réduisent les polluants, comme la poussière, l’ozone, et les métaux lourds. Les espaces verts réduisent aussi le bruit, la température locale et l’effet d’îlots de chaleur urbains. En outre, plusieurs études suggèrent que les espaces verts urbains sont associés à une meilleure santé auto-rapportée et diagnostiquée, un meilleur niveau d’activité physique, un moindre taux de mortalité, moins de symptômes psychologiques, moins d’anxiété, dépression et stress, et un niveau de cohérence sociale plus important. De plus, quelques études suggèrent que ces liens sont plus forts parmi les groupes de la population les plus désavantagés. Bien que des études futures seront nécessaires dans le but d’affiner l’analyse des relations observées, il semble que les espaces verts sont très importants pour la santé en milieu urbain et doivent être considérés comme un élément central lors de la planification urbaine.

 

Un nouveau rapport de l’OMS faisant la synthèse des bases factuelles disponibles sur l’impact sanitaire des espaces verts en milieu urbain révèle que les espaces verts apportent de nombreux bienfaits à la santé publique, notamment en termes de relaxation psychologique et de réduction du stress, d’augmentation de l’activité physique et de réduction potentielle de l’exposition à la pollution de l’air, au bruit et à la chaleur excessive, pour ne citer que quelques-uns des facteurs nuisibles du milieu urbain. Le rapport conclut qu’il est nécessaire d’aménager des petits espaces verts localisés à proximité des habitations et des lieux de vie des populations, ainsi que des espaces verts plus étendus dotés d’installations publiques de loisirs (comme les terrains de jeu) et permettant d’interagir avec la nature.
 
Le rapport présente également un outil d’approche basée sur un système d’information géographique (SIG) afin de mesurer les espaces verts en milieu urbain. Les villes peuvent ainsi évaluer le nombre de personnes ayant accès à ces espaces, et identifier de nouveaux périmètres d’aménagement. L’OMS a déjà testé l’outil dans 3 villes européennes, à savoir Kaunas (Lituanie), Utrecht (Pays-Bas) et Malmö (Suède). Ces études de cas montrent comment cet outil peut être utilisé avec efficacité afin de renforcer les bienfaits apportés par les espaces verts aux populations urbaines.


Les avantages sociaux et économiques des espaces verts
 
Les villes disposant d’espaces verts attrayants et bien connectés peuvent offrir à leurs résidents un cadre sécuritaire leur permettant de pratiquer une activité physique et de loisirs, de se déstresser et d’engager des contacts sociaux. Les espaces verts permettent également d’améliorer la résilience des villes face aux événements environnementaux extrêmes tels que les vagues de chaleur (en atténuant l’effet d’îlot thermique urbain) et les précipitations particulièrement intenses (en réduisant l’écoulement de surface).
 
Il est également prouvé que les espaces verts s’avèrent particulièrement bénéfiques aux communautés économiquement défavorisées, aux enfants, aux femmes enceintes et aux personnes âgées. Les villes dotées d’espaces verts sont susceptibles d’abriter une population en meilleure santé, ce qui allège la pression exercée sur les services de santé et contribue ainsi à une économie plus forte.


Aller de l’avant dans ce domaine
 
Deux réunions organisées récemment par l’OMS à Bonn (Allemagne) ont mis l’accent sur l’importance des espaces verts urbains pour la santé, et ont permis d’avancer dans ce domaine.
 
La première réunion, tenue en juin 2016, a principalement abordé l’impact des espaces verts sur la pollution de l’air. Les participants ont examiné la possibilité d’élaborer un outil de SIG qui permettrait de quantifier la contribution des espaces verts urbains à l’amélioration de la qualité de l’air. L’OMS effectue actuellement une enquête en ligne auprès d’experts des espaces verts et de la santé afin de déterminer les priorités de la recherche et le manque de connaissances à ce sujet et, ainsi, d’orienter les actions à mener à l’avenir.
 
La deuxième réunion, tenue en septembre 2016, a réuni des experts, des chercheurs dans le domaine de l’environnement et des conseillers municipaux afin d’examiner l’aspect pratique des interventions relatives aux espaces verts urbains. Les participants ont convenu de rédiger un rapport sur la pertinence des espaces verts urbains sous l’angle de l’équité et de la santé, en soulignant comment les mesures prises au niveau local peuvent produire des résultats positifs. Ils ont également recommandé la préparation d’un document d’orientation à l’intention des urbanistes et des responsables politique afin de délivrer des conseils sur l’utilisation efficace des espaces verts urbains en faveur de la santé et de l’équité, d’appuyer la coopération intersectorielle dans ce domaine et d’aider les autorités locales à aménager des cadres urbains sains et durables.


Cadres politiques sur les espaces verts et la santé
 
Deux cadres politiques portent spécifiquement sur le lien existant entre les espaces verts urbains et la santé.
  • La Déclaration de Parme s’engage à « garantir à chaque enfant, d’ici 2020, l’accès … à des espaces verts où ils peuvent jouer et s’adonner à des activités physiques ».

  • Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui promet de « ne laisser personne de côté », s’engage quant à lui, dans la cible de l’objectif de développement durable 11.7, à « assurer l’accès de tous, en particulier des femmes et des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées, à des espaces verts et des espaces publics sûrs ».
 
Le thème des espaces verts urbains s’inscrit également dans le domaine prioritaire du cadre politique Santé 2020 « Créer des communautés résilientes et instaurer des environnements de soutien ».







Peter James, un chercheur de l’école de santé publique T.H Chan de Harvard aux Etats-Unis, et trois autres de ses collègues ont suivi près de 100 000 infirmières pendant 10 ans. Ils ont voulu savoir si habiter près d'espaces verts avait des effets bénéfiques sur notre santé. Leur étude est parue dans la revue américaine Environnemental Health perspectives en avril 2016.




>>> En savoir plus