Le mercredi 2 août, nous aurons consommé l’ensemble de
ressources que la planète pourra renouveler durant cette année 2017*. Pendant
les 5 mois à venir, nous vivrons à crédit. La situation environnementale est
grave et l’agriculture doit assumer sa part de responsabilité dans cet échec
collectif. Alors que l’intérêt général va dans le sens de la protection des
ressources pour une production alimentaire durable, l’argent public, lui, va
soutenir, de manière privilégiée, des modèles de production qui dilapident les
ressources dont nous aurons besoin dans les décennies à venir. Cette
incohérence nous amène dans une impasse… mais pour France Nature Environnement
le dépassement n’est pas une fatalité ! Les pouvoirs publics peuvent et doivent
changer de cap pour un #MondeVivable.
Modèles agricoles nuisibles : une nécessaire prise de
conscience
Perte de fertilité des sols, surconsommations d’eau,
pollution des milieux, destruction des pollinisateurs sont autant de symptômes
de modèles agricoles et alimentaires qui vont mal. Les ressources s’épuisent et
rien ne vient s’opposer à cette marche accélérée vers l’autodestruction. La
prise de conscience de cet état d’urgence est ancrée chez de nombreux
agriculteurs depuis longtemps et de plus en plus dans l’opinion publique :
les consommateurs ne veulent plus d’une alimentation et d’une agriculture qui hypothèquent
leur santé et celle de leurs enfants.
Pour des aides financières qui accompagnent des solutions
d’avenir
Passant outre ce constat, les pouvoirs publics restent
bloqués sur un vieux logiciel. Et les conséquences sont désastreuses : les
agriculteurs ne sont pas suffisamment accompagnés pour entamer la nécessaire
transition agroécologique. Alors que certains ont misé sur l’avenir, en
adoptant des mesures agro-environnementales et climatiques par exemple, les
financements sur lesquels ils comptaient seront très insuffisants.
Pour Carmen Etcheverry, chargée de mission agriculture à
France Nature Environnement : « Les derniers arbitrages du
ministre de l’Agriculture sont extrêmement préoccupants. En refusant
d’augmenter l’enveloppe des aides favorables à l’environnement, il compromet la
stabilité économique des agriculteurs qui ont entamé leur transition et refuse
à ceux qui le souhaitaient les leviers nécessaires pour changer de modèle. Le
coup de frein au développement de l’agriculture biologique va à l’encontre du
programme « ambition bio » et décrédibilise les engagements de
l’Etat. Dans un contexte où l’on prépare les Etat généraux de l’alimentation et
la réforme de la Politique Agricole Commune, c’est inquiétant pour
l’avenir. ».
Transition vers un monde vivable : tous concernés
Producteurs et consommateurs ne sont pas les seuls à jouer
un rôle dans l’évolution des modèles agricoles. L’Etat, les régions, les
mairies ont tous une part de responsabilité à assumer. En plus des aides
publiques qui doivent être fléchées vers des solutions de production durables,
il faut que les pouvoirs publics s’engagent pour promouvoir des modèles
vertueux, comme l’alimentation Bio et locale dans la restauration
collective et la lutte contre l’artificialisation des sols par le maintien de
terres agricoles. Les solutions existent, il est maintenant nécessaire de
trouver le courage politique de les porter.
Pour Jean-Claude Bevillard, pilote du réseau agriculture
de France Nature Environnement : « Il faut choisir le sursaut
plutôt que le sursis, et c’est aujourd’hui qu’il faut choisir. La transition a
commencé chez des nombreux agriculteurs ; les pouvoirs publics, Etat et
collectivités territoriales, ne peuvent pas être un frein aux changements que
la société exige face aux nouveaux enjeux sociaux, environnementaux et
alimentaires. Le changement de cap souhaité par les consommateurs est une
aubaine pour recréer du lien et redonner du sens à la production et à la
consommation. Il faut que la puissance publique se saisisse de cette
opportunité. »
__
*Le « Jour de dépassement de la Terre », ou Over shoot Day, calculé par le Global
Footprint Network, représente le jour où les consommations globales (poissons,
arbres, récoltes, eau, émissions de carbone, etc.) ont dépassé ce que la
planète est capable de produire ou de régénérer en un an.