Présentation
de la situation
Agroécologie
et élevage
l’élevage,
utilisateur de surfaces
Le premier
temps de cette étude nous permettra d’appréhender la diversité et l’étendue des
surfaces mobilisées par l’élevage, de décrire les modes d’utilisation de ces
surfaces et d’identifier les enjeux associés.
Différentes
surfaces
Parcours de
lande
Les landes sont des végétations associant une strate herbacée et une strate arbustive. Cette dernière interdit toute forme de récolte mécanique ; il s’agit donc de milieux exclusivement pâturés. La présence d’arbustes crée un microclimat qui retarde le dessèchement et le mûrissement de l’herbe. Les buissons fournissent des abris pour les animaux, qui s’y protègent des intempéries et parfois des insectes et une ressource alimentaire complémentaire à l’herbe (feuilles, fleurs, fruits).
Cultures
fourragères
Les cultures fourragères sont des cultures (herbes ou arbres) entièrement
à destination des herbivores d’élevage. Leurs parties aériennes sont pâturées
sur place ou récoltées et distribuées fraîches ou après conservation sous forme
de foin ou d’ensilage. Ces cultures fourragères sont conçues pour fournir des
aliments « à haute valeur nutritionnelle » aux troupeaux, en complément de
pâturages moins riches ou, sous forme conservée, en alternative au pâturage
lorsque les conditions de milieu sont défavorables. Dans le cas où les
fourrages sont récoltés et exportés, il est indispensable de prévoir des
apports de matières fertilisantes pour compenser les pertes de matière
organique.
Résidus de culture
Les cultures, même destinées prioritairement à l’alimentation humaine, fournissent
des fourrages pour l’élevage et/ou de la paille de litière. Les résidus de
culture sont ce qui reste au sol après récolte : pailles, fanes, grains tombés
au sol, parfois de nouvelles pousses vertes. La période d’utilisation des
résidus de culture (et des terres environnantes dans le cas où les cultures ne
sont pas clôturées) par les troupeaux est essentiellement déterminée en
fonction du calendrier cultural. Le pâturage des résidus de culture revêt une
fonction essentielle : la fertilisation, par les déjections des animaux, de
surfaces dont on exporte régulièrement de la matière organique par les
récoltes.
Prairies permanentes
Les prairies permanentes sont des milieux ouverts, avec une végétation
strictement herbacée. On les trouve dans des régions arrosées, favorables à la
pousse de l’herbe. Les prairies permanentes sont majoritairement pâturées. Si
elles ne sont pas trop pentues ni humides, elles peuvent être fauchées pour
récolter de l’herbe qui sera ensuite conservée sous forme de foin ou
d’ensilage, puis pâturées.
Parcours de steppe
Les steppes sont des formations herbeuses basses et éparses,
caractéristiques des milieux arides ou semi-arides. Elles sont exclusivement
pâturées; la forte dispersion spatiale de la ressource oblige les troupeaux à
parcourir de longues distances pour s’alimenter. Encore plus que dans d’autres
milieux, la localisation des points d’abreuvement est déterminante pour la
répartition spatiale du troupeau.
Parcours boisés
Les parcours boisés offrent une diversité de ressources pour nourrir
les troupeaux : herbes, branches basses, feuilles et fruits tombés au sol, mais
aussi ombre et fraîcheur durant les mois les plus chauds. Le pâturage des bois
est souvent soumis à des règles (individuelles ou collectives) visant à
concilier utilisation pastorale et production de bois ou de fruits destinés à
l’homme.
Parcours humides
Les parcours humides sont pâturés en été ou en en saison sèche, période
à laquelle leur niveau d’eau est plus bas et leur végétation plus verte
qu’ailleurs. Dans les marais et prés salés, la forte teneur en sel des plantes
et l’humidité du sol en font un milieu « difficile », auquel les animaux
d’élevage doivent s’adapter. Les tourbières et bas-fonds ne présentent pas de
contrainte de salinité, mais restent des milieux « fragiles » du point de vue
écologique.
Elevage : les enjeux
Nous vous proposons 2 questions de compréhension pour vous exercer
1) La
« modernisation » de l’agriculture, qui s’est accélérée depuis la
moitié du XX° siècle, a modifié les relations entre agriculture et élevage.
Comment ?
2) Quels sont
les 3 problèmes majeurs liés à cette modification ?
Réponse 1 : La
spécialisation des exploitations agricoles a amené progressivement les
exploitants, en particulier dans les pays « du Nord », à concentrer la
production agricole (cultures) dans les terres de plaine les plus fertiles, et
à repousser l’élevage vers des zones moins fertiles : parcours secs, montagnes.
Cela a abouti à une dissociation spatiale entre agriculture et élevage.
Réponse 2 : L'appauvrissement des sols dans les zones cultivées à cause d'une fertilisation essentiellement minérale (plus de déjections issues de l’élevage).
Réponse 2 : L'appauvrissement des sols dans les zones cultivées à cause d'une fertilisation essentiellement minérale (plus de déjections issues de l’élevage).
Le surplus de
matière organiques dans les zones d’élevage du fait de l’achat d’aliments pour
compléter les rations fourragères causant des surplus de matières organiques et
des pollutions localisées.
Au lieu
d’utiliser les résidus des cultures destinées à l’alimentation humaine pour le
bétail, on cultive localement des fourrages et des céréales entièrement
destinées à l’alimentation animale, ce qui crée une concurrence entre
l’alimentation humaine et animale pour l’usage du foncier agricole.
Ressource
complémentaire
Pour en
savoir plus
Article «
Efficience de l'élevage extensif en milieu difficile » (M. Vigne). Pour le télécharger, cliquez ici
Leviers
d’action pour mobiliser des processus écologiques
LES
PROCESSUS ECOLOGIQUES ASSOCIES AUX HERBIVORES D’ELEVAGE
Auteurs :
Magali JOUVEN (coord.), Claire AUBRON, François BOCQUIER, Charles-Henri MOULIN
Les
herbivores sont les premiers maillons de la chaîne alimentaire : ils se
nourrissent exclusivement de végétaux, qu’ils sont capables de transformer en
viande et en lait. Ils tirent ainsi les nutriments nécessaires à leurs besoins
à partir d’aliments très riches en fibres et mal valorisables par des omnivores
comme l’homme. Parmi les herbivores, on distingue les herbivores monogastriques
(équidés par exemple) au système digestif proche du nôtre et les herbivores
ruminants (bovins, ovins, caprins).
Les
herbivores ruminants
La
particularité des herbivores ruminants est de disposer d’un système digestif
unique qui leur permet de valoriser particulièrement bien les fibres des
végétaux (Figure 1) :
- D’un gros estomac à plusieurs
compartiments, appelé rumen, qui contient une flore symbiotique (= des
microorganismes qui coexistent avec le ruminant, à bénéfices réciproques).
Les microorganismes qui composent la flore symbiotique dégradent la
cellulose des plantes et consomment une partie des nutriments ingérés par
le ruminant. Ce faisant, ils produisent des acides gras volatils qui
constituent des sources d’énergie pour le ruminant.
- D'un tube digestif par lequel le
ruminant digère une partie des microorganismes et en tire des protéines
pour son alimentation. La flore
ruminale se constitue dans le jeune âge, avec le début de consommation de
fourrages par le jeune pré-ruminant (encore nourri majoritairement au lait
maternel). Elle est susceptible d’évoluer également au cours de la vie du
ruminant, en fonction de la nature de son alimentation.
Figure 1 : le système digestif des ruminants
Pour se
nourrir, un herbivore doit malgré tout ingérer une grande quantité de végétaux,
c’est pourquoi les herbivores passent beaucoup de temps à s’alimenter : environ
8h par jour pour une vache (ruminant) pâturant une prairie et 14h par jour pour
un cheval (monogastrique).
La durée
d’alimentation et la répartition temporelle des repas varient selon la vitesse
de digestion des aliments, la facilité de prélèvement au pâturage et la
motivation à ingérer. Chez le ruminant, la quantité ingérée est limitée
par la taille du rumen d’une part et par la vitesse de dégradation des
particules ingérées d’autre part.
En effet,
contrairement à l’estomac des monogastriques, le rumen ne laisse sortir vers
les intestins que de très petites particules. D’où l’importance de la
rumination, réalisée entre les repas, où l’animal ruminant régurgite les «
grandes particules » (>10mm) du rumen vers la bouche pour les remastiquer,
augmentant ainsi la surface d’attaque pour les microbes et par conséquence la
vitesse de digestion.
Tout comme la
flore ruminale, le volume du rumen se développe avant tout dans le jeune âge en
fonction de l’alimentation reçue, et peut évoluer au cours de la vie de
l’animal.
L’alimentation
dépend du milieu et du type de conduite.
Pour les animaux
nourris en bâtiment, c’est l’éleveur qui choisit la nature des aliments et
les rythmes d’ingestion sont calés sur les périodes de distribution. Souvent,
les aliments « riches » tels que les concentrés sont distribués en quantité
limitée et ingérés intégralement par les animaux, alors que les aliments «
grossiers » (riches en fibres) tels que les fourrages sont fournis à volonté.
Dans le cas
d’une alimentation au pâturage, c’est l’animal qui choisit les aliments
ingérés (parties de plantes). Cette sélection alimentaire requiert des
compétences spécifiques de l’animal , en particulier dans des milieux
complexes, comme c’est souvent le cas pour des végétations spontanées
comportant une diversité d’espèces herbacées et parfois ligneuses.
Figure 2 : les nombreuses activités d’un animal au pâturage (photo : M. Jouven)
Compétence
pour trier et prélever
: en effet, pour se composer une ration lui permettant de subvenir à ses
besoins, l’animal doit :
- reconnaître « ce qui est
consommable » (= non toxique),
- savoir associer des éléments de
végétation aux caractéristiques complémentaires (par ex. riche en fibres +
riche en énergie + riche en protéines).
Compétence
pour se déplacer: l’alimentation
au pâturage nécessite d’explorer un milieu et donc de se déplacer (1 à 15 km en
un jour), tout en gardant un contact social avec le groupe.
L’acquisition
de ces compétences nécessite une exposition précoce et prolongée au milieu, de
préférence en association avec des individus expérimentés (en particulier la
mère pour les jeunes encore allaités).
La diversité
de l’offre alimentaire stimule l’ingestion et permet à l’animal d’adapter son
régime au fil des saisons, en fonction de la diversité du « consommable
disponible ». Les aliments ingérés sont transformés par l’animal en production
zootechnique (viande, lait, laine) et en déjections (fèces, urine) utilisables
par l’homme.
Au passage,
ces transformations occasionnent des pertes (CO2 issu de la respiration, CH4
issu des fermentations ruminales, chaleur, sueur, …). Dans les déjections, la
majorité de l’azote excrété se retrouve dans l’urine, alors que l’énergie
excrétée (matière organique) se retrouve dans les fèces. Une alimentation très
riche en fibres comporte une part digestible comprise en général entre 50 et
75%, avec une part fixée dans la production zootechnique inférieure à 20%. Plus
du tiers de l’énergie et de l’azote ingéré sont ainsi excrétés par le ruminant.
La teneur en énergie et en azote des déjections dépend de l’équilibre de la ration
alimentaire, d’abord pour les microbes (plus l’alimentation des microbes est
équilibrée, plus ils vont pouvoir se développer et ainsi fournir énergie et
protéines) et ensuite pour le ruminant.
Pour les
zones où l’élevage est intégré à l’agriculture
Figure 4 : relations entre troupeau et cultures dans les systèmes intégrés agriculture x élevage (photos : P. Salgado et E. Tillard)
Les relations
entre les troupeaux et les cultures concernent (Figure 4) :
- (i) la production sur les
parcelles de culture de fourrages (feuilles, tiges) et de concentrés
(grains, tubercules, …) destinés aux animaux,
- (ii) l’utilisation de l’énergie
animale dans les activités agricoles (traction attelée, transport des
produits, foulage, pompage de l’eau, etc.),
- (iii) la participation des
animaux au renouvellement de la fertilité des zones cultivées.
Définie pour
un écosystème comme « la capacité à produire durablement de la biomasse
végétale », la fertilité se traduit pour un sol cultivé en termes de fertilité
humique et de fertilité minérale. Toutes deux dépendent de la nature de la
roche mère, du climat et de la végétation qui s’y développe, mais aussi des
pratiques culturales et de l’histoire de sa mise en valeur par l’homme.
Parmi les
différents modes de renouvellement de la fertilité, l’animal occupe une place
importante.
Les produits
de fumure sont divers : déjections pures (fèces, urines), mélangées à de l’eau
(lisier), à des pailles (fumier) ou à de la terre (terre de parc, poudrette),
ou encore compostées.
Sources des images : Image 1 : By Malene Thyssen (Own
work) via Wikimedia Commons, Image 2 : By Photograph © Andrew Dunn, via
Wikimedia Commons, Image 3 : © Benoît Prieur / Wikimedia Commons, via Wikimedia
Commons
Les
déjections ont un pouvoir fertilisant différent selon le type de fumure et
l’espèce animale :
- les dépôts frais de fèces
contiennent plus d’éléments minéraux que les dépôts anciens,
- le taux de matière azotée des
fèces de petits ruminants (ovins, caprins) est plus élevé que celui des
fèces de bovins
- et tous deux sont liés au régime
alimentaire, qui varie généralement avec la saison.
Le fumier,
qui correspond à un mélange de fèces et de matière organique végétale, peut
être caractérisé par des critères tels que :
- l’importance des éléments
végétaux,
- l’humidification,
- le tassement, qui jouent sur les
fermentations.
Pour
qualifier les poudrettes de parc, on s’intéresse :
- à la nature du terrain,
- à la saison,
- au lessivage,
- à la durée du parcage, etc.
L’effet agronomique de la fumure animale est double :
- les minéraux qu’elle
contient viennent accroître la fertilité minérale du sol,
- la matière organique
augmente sa stabilité et sa capacité de rétention en eau.
L’intensité
de ces deux effets est fonction du rapport entre la quantité de carbone (C) et
d’azote (N) organiques du produit de fumure : un rapport C / N faible (matière
organique évoluée, comme le compost) se traduit par une forte disponibilité de
minéraux pour les plantes.
Avec un
rapport C / N élevé, comme dans le cas des fumiers riches en paille, la
minéralisation de la matière organique est plus lente et l’apport minéral pour
les cultures est moindre, tout au moins à court terme.
L’animal, via
les processus de digestion et d’excrétion, accélère considérablement le
recyclage des éléments végétaux, réalisant ainsi une véritable stimulation
biologique pour l’écosystème. Pour renouveler la fertilité sur des terres
cultivées, il est cependant nécessaire que les quantités de matières organiques
et minérales apportées compensent les exportations (récolte) et les pertes
(lessivage des éléments minéraux, …).
La
composition d’un couvert végétal
La
composition effective d’un couvert végétal spontané dépend fortement des conditions
de milieu ; notamment de la fertilité du milieu d’une part et du régime de
perturbations (prélèvements, piétinement, …) d’autre part.
Au pâturage,
la présence d’animaux modifie localement les pressions exercées sur les
végétaux : les prélèvements de feuilles et tiges modifient la compétition pour
la lumière entre plantes, et les déjections améliorent localement la fertilité
du milieu.
Figure 5 : effets directs et indirects du pâturage sur la fertilité des milieux pâturés (photo : M. Jouven)
Par ailleurs,
les animaux peuvent participer également à la dispersion des graines ou au
contraire entraver la reproduction sexuée des plantes s’ils consomment les
graines immatures ou les jeunes épis.
Ainsi, la
composition d’un couvert évolue au fil des années selon le régime d’utilisation
par les troupeaux. Au sein d’une même année, la consommation par les troupeaux
ou le prélèvement par fauche sont susceptibles de limiter le mûrissement des
couverts en éliminant des feuilles et jeunes tiges avant qu’elles n’entrent en
sénescence. A un instant donné, l’état d’un couvert végétal est ainsi fortement
dépendant de l’utilisation réalisée dans l’année (par pâturage ou par fauche).
LEVIER 1:
Etendre le spectre des ressources mobilisées
- Accorder une plus large place aux
végétations spontanées et aux sous-produits dans l’alimentation des
troupeaux.
- Favoriser les apprentissages pour
développer les compétences des troupeaux à se nourrir à partir de
ressources diversifiées.
Les
besoins nutritionnels de l’espèce humaine : conséquence sur les types
d’aliments consommés
L’espèce humaine ne peut consommer
qu’une petite partie de la ressource végétale. En transformant les fibres végétales
et co-produits non utilisables par l’homme, les animaux d’élevage fournissent
des aliments de très bonne valeur nutritionnelle pour l’homme.
Notion de
la part mangeable de la ressource (Travaux de Wilkins et al., 2009)
Selon les
pays, les traditions et les technologies agro-alimentaires utilisées on peut
différencier la part mangeable (x%) de celle qui ne l’est pas (100-x%).
Selon les régimes alimentaires des animaux et les technologies employées localement, on peut différencier la part mangeable (y%) par ces animaux de celle qui ne l’est pas (100-y%).
Ainsi la récolte d’1 kg de blé est utilisable à hauteur de
Selon les régimes alimentaires des animaux et les technologies employées localement, on peut différencier la part mangeable (y%) par ces animaux de celle qui ne l’est pas (100-y%).
Ainsi la récolte d’1 kg de blé est utilisable à hauteur de
- x= 50 % par l’Homme (on
enlève le son, les brisures et les germes),
- y=100 % par la volaille
(tout est consommable),
- y=100% par la vache
(tout est consommable).
Mais le son,
les brisures et les germes sont aussi consommables à 100% par les volailles et
les vaches.
La part
des produits agricoles non consommable par l’homme est parfois consommable par
les animaux d’élevage, en particulier les fibres (feuilles, tiges, son, …) qui
sont bien valorisées par les herbivores.
La place de l’Homme dans la gestion des ressources d’un point de vue agroécologique
La place de l’Homme dans la gestion des ressources d’un point de vue agroécologique
D’un point de
vue écologique, l’Homme organise l’utilisation des ressources dans les
élevages de son agro-écosystème.
Il distribue les aliments (la part consommable des ressources) selon les capacités digestives des espèces présentes c’est-à-dire qu’il gère la chaine alimentaire.
Les critères d’allocation de la ressource, en l’état ou transformée (par des technologies), devraient limiter les compétitions entre espèces animales pour améliorer l’efficience du système d’élevage. En alimentant les herbivores d’élevage avec la part non mangeable par l’homme, on annule la compétition homme-animal et on limite les pertes.
Il distribue les aliments (la part consommable des ressources) selon les capacités digestives des espèces présentes c’est-à-dire qu’il gère la chaine alimentaire.
Les critères d’allocation de la ressource, en l’état ou transformée (par des technologies), devraient limiter les compétitions entre espèces animales pour améliorer l’efficience du système d’élevage. En alimentant les herbivores d’élevage avec la part non mangeable par l’homme, on annule la compétition homme-animal et on limite les pertes.
Utiliser
plus de sous-produits non cultivables, pour réduire la compétition avec
l’alimentation humaine
L’intensification des élevages et la maximisation des performances est basée sur des cultures fourragères ou céréalière (sur une consommation d’aliments à forte valeur nutritionnelle).
L’intensification des élevages et la maximisation des performances est basée sur des cultures fourragères ou céréalière (sur une consommation d’aliments à forte valeur nutritionnelle).
Sources des images via Wikimedia Commons : Image 1 :
By Rasbak , Image 2 By Ji-Elle CC BY-SA 4.0, Image 3 By Jinx
(http://www.flickr.com/photos/span112/2306070622/) CC BY-SA 2.0
Les animaux
monogastriques (porcs et volailles) sont très productifs, mais ils sont en
compétition directe avec l’alimentation humaine. Les herbivores (bovins,
ovins, caprins, équins), dans bien des cas, pourraient être nourris avec des
aliments moins nobles (ils pourraient davantage être alimentés sur des
coproduits de l’agroalimentaire et/ou sur des surfaces de parcours non
cultivables).
Des
rations à équilibrer selon les besoins des troupeaux, avec les ressources
localement disponibles
Les rations
alimentaires des animaux d’élevage sont établies pour couvrir leurs besoins
énergétiques, protéiques mais aussi minéraux et vitaminiques. Pour les
herbivores et en particulier les ruminants, il est nécessaire que les rations
aient un contenu élevé en fibres, nécessaire au bon fonctionnement de leur
appareil digestif.
Les fourrages et les sous-produits agricoles et agro-industriels peuvent être caractérisés par leur teneur en énergie, protéines et fibres. La diversité des plantes fourragères et des sous-produits rend théoriquement possible l’alimentation des troupeaux sans concurrence avec l’alimentation humaine. Dans les faits, l’alimentation des troupeaux dépend fortement de ce qui est localement disponible ou accessible.
Les
végétations « spontanées » (prairies et parcours)
Les systèmes
d’élevage pastoraux s’appuient sur des ressources alimentaires non en
compétition avec l’homme: prairies permanentes et parcours. Ces surfaces de
végétation « spontanée » (= issue du réservoir local d’espèces) sont
situées dans des zones non cultivables à cause de l’altitude, de la faible
profondeur de sol et des conditions climatiques. La présence de l’homme et des
troupeaux à travers les siècles a permis d’entretenir un couvert végétal
majoritairement herbacé (prairies) ou associant herbes et ligneux (parcours)
favorable à l’alimentation des herbivores d’élevage.
Les
herbivores transforment les parcours en aliments pour l’homme
Les systèmes
pastoraux (basés sur des végétations spontanées avec herbe et/ou ligneux)
fournissent des ressources fourragères qui ne sont pas en compétition avec
l’alimentation humaine, bien au contraire: les herbivores d’élevage
transforment des plantes non consommables par l’homme en produits animaux
utiles à l’homme.
Difficultés
liées à l’utilisation des végétations « spontanées »
Les prairies
permanentes et parcours sont caractérisés par une végétation très diversifiée
et dont la pousse est souvent concentrée sur quelques mois de l’année. Deux
problématiques se posent alors :
- Comment gérer la diversité de la
végétation ?
- Comment nourrir le troupeau toute
l’année à partir d’une ressource très saisonnée?
Choisir
les animaux, favoriser les apprentissages
Les animaux
ne naissent pas en sachant se nourrir dans un environnement qui peut comporter
entre 50 et 100 espèces végétales et dont les caractéristiques nutritionnelles
et anti-nutritionnelles (toxicité) évoluent au fil des saisons et selon les
associations d’aliments… Pour autant, certaines espèces (par ex. les chèvres)
et certaines races (dites « rustiques » ) possèdent des aptitudes
physiologiques et morphologiques qui les rendent particulièrement adaptées à
des environnements changeants.
Une grande
part de la capacité des animaux à se nourrir sur parcours dépend des
apprentissages, en
particulier dans le jeune âge. On estime aujourd’hui que même durant la
gestation le fœtus s’imprègne des arômes des plantes ingérées par la mère; plus
tard, c’est en pâturant à côté d’elle et/ou de congénères expérimentés que le
jeune identifiera les éléments de végétation consommables et comment les
associer pour subvenir à ses besoins.
Des
savoirs écologiques et un savoir-faire spécifique sont nécessaires pour nourrir
un troupeau sur parcours
Nourrir des troupeaux sur parcours nécessite un savoir-faire particulier adapté à chaque situation. En effet, devant une végétation hétérogène et changeante, consommée partiellement par des animaux qui y sélectionnent des bouchées diverses, les indicateurs classiques de « quantité de disponible » ou de « teneur en nutriments de l’herbe » ne sont plus applicables.
Nourrir des troupeaux sur parcours nécessite un savoir-faire particulier adapté à chaque situation. En effet, devant une végétation hétérogène et changeante, consommée partiellement par des animaux qui y sélectionnent des bouchées diverses, les indicateurs classiques de « quantité de disponible » ou de « teneur en nutriments de l’herbe » ne sont plus applicables.
C’est à
partir de l’observation fine du comportement des animaux et de la
dynamique des végétations pâturées que l’éleveur ou le berger peut se
constituer un référentiel propre, basé souvent sur des savoirs empiriques,
pour guider ses choix de conduite (par ex. changement de zone pâturée).
LEVIER 2 :
Améliorer l’efficacité d’utilisation et de recyclage de la matière organique
- S’appuyer sur la diversité des
ressources alimentaires pour améliorer l’efficacité à différentes
échelles.
- Développer des techniques de
fumure permettant de limiter les pertes par évaporation et lessivage.
Diversifier
l’offre alimentaire pour motiver les animaux à ingérer
Une des
conditions nécessaires à l’obtention d’une production zootechnique est que les
animaux ingèrent assez de nutriments. Pour cela, il faut fournir une ration
riche ou alors faire ingérer beaucoup d’une ration moins riche. A l’auge comme
au pâturage, les recherches montrent que l’appétit des troupeaux et avec lui la
quantité ingérée en une journée, peut être stimulé en offrant au animaux un
régime diversifié.
A l’auge,
l’ingestion augmente avec la fréquence des distributions d’aliments et la
présence de plusieurs aliments (non mélangés). Au pâturage, la diversité des
plantes présentes mais aussi le changement régulier de secteur de pâturage,
souvent enclenché par l’action du berger, relance l’appétit du troupeau.
Ajuster
les rations pour maximiser l’efficacité alimentaire :
Les mesures
ci-dessous, effectuées sur ovins en zone soudano-sahélienne, montrent
l’importance d’un régime équilibré pour l’efficacité alimentaire. Dans ce cas,
un régime exclusivement composé de fourrages pauvres conduit à une
moindre efficacité alimentaire par rapport à un régime où ces mêmes fourrages
sont associés à un concentré qui « équilibre » la ration par rapport aux
besoins des animaux :
*aucune
croissance observée.
(Données du programme ABT, ISRA-CIRAD, non publiées)
(Données du programme ABT, ISRA-CIRAD, non publiées)
En
équilibrant les rations alimentaires, on peut limiter la teneur en énergie et
en azote des déjections. On augmente ainsi l’efficacité alimentaire de l’animal
(transformation des aliments en produits animaux) et on limite le potentiel
polluant des déjections dans des zones connaissant une dissociation spatiale
entre agriculture et élevage.
Comment
caractériser l’efficacité ?
L’efficacité
de la transformation en produits animaux s’exprime par différents indices de
conversion (rapport entre ce qui obtenu sur ce qui a été utilisé) :
- Quantité de produits / Quantité
d’Aliment Utilisée
- Protéines Animales Produites /
Protéines Utilisées
- Energie produite / Energie
Utilisée
Identifier la diversité dans le troupeau et les ressources pour offrir une alimentation adaptée aux besoins, toute l’année.
Alimenter des animaux « à forts besoins » (par ex. vaches ou brebis en lactation) avec des fourrages « pauvres » ou une herbe sèche au pâturage est inadapté, car les animaux ne pourront subvenir à leurs besoins. Cependant, utiliser d’excellents fourrages ou pâturages pour des animaux « à faibles besoins » (par ex. vaches ou brebis ni en gestation ni en lactation) est souvent inutile…
Identifier la
diversité des ressources alimentaires (pâturées ou distribuées) disponibles, et
l’ajuster si besoin, permet d’identifier (ou de créer) des ressources
alimentaires de différentes qualités, adaptées à des animaux « à
forts » ou « à faibles » besoins.
Organiser le troupeau en lots d’animaux (lot = groupe d’animaux conduits de la même manière) en cohérence avec leurs besoins permet de réserver les « meilleures ressources » aux lots « à forts besoins » à une période donnée de l’année.
Organiser le troupeau en lots d’animaux (lot = groupe d’animaux conduits de la même manière) en cohérence avec leurs besoins permet de réserver les « meilleures ressources » aux lots « à forts besoins » à une période donnée de l’année.
En
identifiant, structurant et organisant la diversité au sein du troupeau et des
ressources alimentaires, l’éleveur peut améliorer l’autonomie alimentaire et
l’efficacité de son système d’élevage.
Diversifier
la ressource pour nourrir le troupeau toute l’année
Pour faire
face à la saisonnalité des végétations « spontanées », il faut miser
sur la diversité des ressources disponibles.
Cas 1
: Utiliser
la mobilité des animaux pour changer de milieu et ainsi suivre la dynamique
de végétation. C’est le cas classique des systèmes transhumants, où le troupeau
pâture en altitude l’été, en plaine en hiver
Cas 2 : Diversifier les ressources
dans un même milieu. En alternative à la mobilité des troupeaux, il est
possible de « diversifier » les ressources localement. En effet,
selon les utilisations (fauche, pâture) réalisées durant l’année et en
particulier au printemps, le type, l’abondance et la qualité de la végétation
disponible à un instant donné diffère.
Au final, en
organisant l’utilisation de cette diversité au cours de l’année, il est
possible, à certaines latitudes et à des altitudes modérées, de nourrir le
troupeau au pâturage toute l’année, même sur végétations spontanées…
Diversifier le troupeau pour s’adapter aux ressources disponibles
Les besoins alimentaires diffèrent selon l’espèce animale, la taille de l’animal, son stade physiologique (en croissance, en gestation, en lactation, …). Au sein d’un troupeau, on peut distinguer différentes catégories d’animaux selon ces critères, associés à d’autres critères tels que le besoin de surveillance par exemple.
A un instant
donné, en subdivisant le troupeau en groupes ayant chacun un type de besoins,
on peut réserver les « meilleures ressources » du moment aux animaux
ayant le niveau de besoins le plus élevé. Ont peut, à l’inverse, faire
consommer des aliments moins riches à des animaux pour lesquels il n’y a pas, à
ce moment-là, d’enjeu de production.
En récoltant les produits des cultures, on exporte de la matière organique produite à partir des ressources du milieu. Si on n’apportait pas régulièrement des engrais (fumier ou engrais chimiques), le milieu s’appauvrirait car on ne compenserait pas les pertes par exportation. La fertilisation doit être ajustée pour au moins compenser ces pertes.
Utilisation
de la mobilité des animaux pour un transfert horizontal de fertilité (parcage
du troupeau)
Les
déjections animales sont d’excellents fertilisants organiques. Les déjections,
habituellement mélangées à de la paille de litière, provenant des animaux
nourris en bâtiment à partir d’aliments conservés sont généralement valorisées
comme fertilisant pour les cultures. Lorsque les animaux s’alimentent sur des
végétations spontanées (parcours) mais que leurs déjections sont restituées aux
cultures, on parle de transferts de fertilité des parcours vers les
cultures.
En concentrant
les déjections animales produites sur des surfaces cultivées, on compense les
pertes de matière organique liées aux récoltes et on entretient ainsi la
fertilité du milieu.
Cas 1 : les animaux sont attachés la nuit sur
des parcelles qui vont être cultivées la saison suivante. Le parcage de nuit
est déplacé régulièrement afin de fumer l’ensemble des parcelles. Ici, seule la
mobilité des troupeaux est utilisée pour assurer l’entretien de la fertilité.
Parcelle de
maïs autour du village, avec concentration de déjection par parcage de nuit
mobile (Sénégal)
Lorsque les
animaux pâturent, les déjections sont réparties dans l’espace en fonction de
l’exploration et de l’utilisation du milieu réalisée par le troupeau. On
retrouve habituellement une concentration des déjections dans les zones de
repos, c’est pourquoi le parcage nocturne (= regroupement des animaux dans un
petit parc) permet de « récupérer » une partie des déjections issues
de l’alimentation pâturée pour enrichir des zones cultivées en jachère, qui
sont semées par la suite.
Cas 2 : les animaux sont rassemblés la nuit
dans un parc ; avec une accumulation des déjections. Celles-ci sont ensuite
transportées sur les parcelles à mettre en culture (avant un travail du sol
pour enfouir la matière organique). La fumure animale produite est ici de la
« terre de parc » (mélange de fèces desséchés et de terre).
Parc amélioré
Mali Sud, avec stock de tiges de cotonnier pour faire de la litière
Les parcs
peuvent être améliorés en apportant des pailles, ce qui permet de retenir une
partie de l’excrétion urinaire. Le parc peut-être également protégé (toit),
pour éviter que les pluies entraînent les éléments. La fumure animale produite
est ici du fumier (mélange de déjections animales et de biomasse végétale).
Cas 3 : les animaux restent en permanence en
stabulation (vaches en lactation, bovins à l’embouche). Des fourrages sont
distribués pour les animaux, des pailles sont transportés pour faire de la
litière. Le fumier produit est ensuite amené sur les parcelles cultivées.
Fumier près
d’une stabulation pour vaches laitières, Madagascar
Exemple :
territoire d’élevage pour les troupeaux bovins d’un village en Haute-Casamance
(Sénégal)
Transferts
de fertilité en saison « humide » (cas 1)
Transferts
de fertilité en saison « sèche » (cas 2)
Transferts
de fertilité en saison « sèche » (cas 3)
Postes de pertes lors des transferts horizontaux de fertilité, ex. pour l’azote (N)
- Évaporation au moment de
l’émission et durant le stockage.
- Pertes par ruissellement ou
lessivage lors du stockage ou au champ.
- Fraction non minéralisée dans le
sol et donc non utilisable par les plantes.
Une partie de l’énergie et de l’azote que les déjections animales contiennent est perdue entre le moment où les déjections sont émises et le moment où elles sont épandues sur les cultures. Ces pertes sont d’autant plus importantes que le temps de stockage est long et que les conditions de stockage sont non hermétiques. Lors de l’épandage dans le sol, des éléments fertilisants sont encore perdus, par évaporation et par lessivage dans le sol avec les eaux de pluie.
Réduire les pertes d’éléments fertilisants, ex. pour l’azote (N)
- Évaporation au moment de
l’émission et durant le stockage :
- Limiter le temps de stockage.
- Pertes par ruissellement ou
lessivage lors du stockage ou au champ :
- Mélanger les déjections à de la
paille ou à des résidus de culture.
- Entreposer les déjections dans
une aire bétonnée ou couverte.
- Fraction non minéralisée dans le
sol et donc non utilisable par les plantes :
- Ajuster la composition du fumier
(rapport C/N) en mélangeant si besoin plusieurs types de déjections.
Ressources
complémentaires :
texte
CIRAD « élevage et fertilité des sols » (P. Salgado, E. Tillard)
Pour
télécharger le document, cliquez-ici
Cas d'étude :
Plein air intégral sur les végétations spontanés
Mise en
œuvre sur un cas d’étude (résultats, difficultés perspectives)
Dans ce
dernier temps de travail, nous vous présenterons une situation particulière en
France. Vous analyserez les processus et leviers mobilisés qui relèvent
de l’agro-écologie dans cette situation.
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la vidéo : Haute définition (720p) / Standard (512p) / Smartphone (320p)
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Les deux
vidéos ci-dessous, présentent une interview de Sébastien Douls, technicien au
domaine de La Fage.
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la vidéo : Haute définition (720p) / Standard (512p) / Smartphone (320p)
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