Séjour à Fribourg et visite des écoquartiers.

SÉJOUR A FRIBOURG, ET VISITE DES ÉCOQUARTIERS.


Ce séjour à Fribourg organisé par Breuillet Nature du 14 au 17 mai a vraiment été agréable et enrichissant. Nous étions 29, en majorité des seniors, et quelques éléments plus juvéniles, mais tous les participants, qu’ils aient ou non des notions d’urbanisme, qu’ils soient ou non impliqués dans la vie associative ou politique, étaient motivés par la démarche de visiter une ville pas comme les autres où l’écologie est le moteur du développement depuis près de 30 ans. Il y avait parmi les dames plusieurs anciennes institutrices, et chez les hommes nombre d’ingénieurs en retraite. Et dans le groupe pas mal de catholiques actifs et pas seulement des « catholiques zombis » comme votre serviteur. L’ambiance était joyeuse sans gaudriole. Nous étions tous désireux de découvrir un ailleurs décalé à seulement quelques coudées du Rhin et de la France. Parmi nous pas de snobs, de beaufs, de bolos, de gnangnans, de casse-pieds, de fâcheux, de grincheux, de râleurs, bref une bonne compagnie.
Il y avait dans notre équipe deux élus de Breuillet, dont le Maire adjoint à l’environnement. Cet ancien du CEA était intéressé par cette visite car la commune projette un éco quartier. Cet homme estimable, ouvert à la discussion, milite pour le développement durable.

La ville de Fribourg qui nous accueillait est dirigée depuis plusieurs mandats par les « Grüenen » et Angéla Merkel y obtient des scores ridicules. Le plus important écoquartier de la ville s’est installé dans un ancien camp militaire français qui a conservé son nom de « Quartier Vauban ».

Pas de bol, ce vendredi 15 mai il a plu toute la journée. Mais ici, même sous les averses, la petite reine est reine, les cirés sont colorés, et les bambins derrière les vélos dans des remorques toilées. Les jardins partagés verdissent et fleurissent, en attendant le soleil. Ô Soleil ! Toi sans qui les capteurs photovoltaïques ne seraient que ce qu’ils sont !

Nous, stoïques sous nos parapluies, écoutions les explications de notre guide, un français vivant depuis trente ans en Allemagne, lui-même très impliqué dans le mouvement écologique.
Dans les immeubles du quartier la mixité générationnelle a été instituée, la mixité sociale un peu aussi, mais j’ai observé que dans ce quartier la population était moins colorée que dans nos banlieues essonniennes.

Dans ce quartier un rien bobo, une enclave baba : logis installé dans de vieux camions, squat dans une caserne, fresques colorées et bric-à-brac. Une plongée dans les années « Peace and love », une visite chez les nouveaux amish de notre génération.

En presque trente ans le quartier a pris de la bouteille, mais cette expérience perdure et  fonctionne. Les enfants peuvent jouer au milieu de la chaussée, ici la voiture a perdu sa situation dominante. Les bâtiments à énergie positive gagnent du terrain, mais le coût du foncier dans cette ville à l’échelle humaine - 200 000 habitants – est bien moins cher que dans la monstrueuse mégapole parisienne. Dans ce quartier où la vie coopérative et associative est intense, peut-être même un peu trop intrusive pour nous, les projets d’appartements partagés se sont pérennisés. Imagine t’on nos écolos français, Jean-Vincent Placé, Cécile Duflot, et les autres, s’entendre pour concevoir un immeuble avec des parties communes, salles de réunions, chambres d’amis, murs de séparations des logements déplaçables, pour les puristes même cuisine commune, et toutes initiatives qui peuvent contribuer à une vie communautaire, sans que cela ne se termine en pugilas ? Mais nous ne sommes pas des germains. Nous sommes trop individualistes, et nous y sommes bien conditionnés par notre éducation, la publicité et la pensée dominante.

A l’est de la ville, les faubourgs s’ouvrent directement sur la Forêt Noire. Aux vignes des premiers coteaux succèdent des prairies et de coquets hameaux, et par ce samedi ensoleillé la forêt n’a rien de sinistre. Elle n’est pas noire mais elle allie le vert intense des aiguilles de sapin au brun rouge de leurs troncs rectilignes. Par le téléphérique nous sommes montés au Schauinsland, un sommet à plus de 1200 mètres d’altitude, d’où nous dominions le paysage et, émergeant des cimes des arbres, des éoliennes. Nous nous sommes tous éparpillés pour une ballade au rythme de chacun
L’après midi, redescendus au cœur de la ville, nous avons baguenaudé dans le marché et dans les rues, pour la plupart réservées aux piétons, aux cyclistes, et aux trams. Avec ses terrasses de brasseries sous le ciel d’azur, une place publique réservée aux saltimbanques, et sur une autre un « dance floor » improvisé avec une sono juchée sur le toit d’une vieille Traban, Friburg mérite sa réputation de ville méridionale (de l’Allemagne !).

Cet enrichissant voyage nous a aussi permis de faire plus ample connaissance les uns avec les autres, avant que nous nous retrouvions et témoignions de notre expérience, au Cafécolo du 13 juin prochain.

Breuillet le 28 mai 2015.

Pierre Yves NICOL