Le compostage est un processus biologique de conversion et de
valorisation des matières organiques (sous-produits de la biomasse, déchets organiques
d'origine biologique) en un produit stabilisé, hygiénique, semblable à un
terreau, riche en composés humiques, le compost. Le compostage peut être
réalisé à l'échelle d'un foyer ou de quelques foyers, dans des composteurs, ou
bien à plus grande échelle sur des plateformes de compostage, qui traitent des
quantités de déchets plus importantes.
Processus
Le compostage est une opération qui consiste à dégrader, dans des
conditions contrôlées, des déchets organiques en présence de l'oxygène de l'air
et de l'humidité (eau).
Matières compostables
Tous types de déchets organiques peuvent être compostés (plus ou moins
bien) : déchets de cuisine, déchets de jardin, déchets de maison, mais aussi
certains déchets de l'industrie, les boues d'épuration, des effluents
d'élevage, des digestats de méthanisation.
Phases
Plusieurs phases se succèdent dans un processus de compostage. Selon
que les quantités de matière impliquées sont importantes ou non, l'évolution de
la température du tas peut permettre de suivre l'évolution du compostage. Si le
tas est de petite taille, la chaleur produite par les micro-organismes
impliqués dans le compostage est facilement évacuée et la température varie peu.
Si le tas est de taille plus importante, la chaleur est mieux conservée, et le
suivi de la température du compost permet de distinguer plusieurs phases. La
première, amenant les résidus à l'état de compost frais, est une dégradation
aérobie intense. La seconde phase, par une dégradation moins soutenue, va
transformer le compost frais en un compost mûr, riche en humus.
Dégradation
Pendant la phase de dégradation, les composés les plus dégradables tels
les sucres, les acides aminés libres et l'amidon sont d'abord consommés. Il
s'agit de la décomposition de la matière organique fraîche sous l'action de
bactéries et champignons, dont l'activité fait augmenter la température jusqu'à
50 à 70 °C. La température monte rapidement à 40 °C - 45 °C suite à la
respiration des micro-organismes mésophiles aérobies. La respiration élève
ensuite la température progressivement jusqu'à 60 °C - 70 °C, conduisant au
remplacement des micro-organismes mésophiles par des thermophiles et des
thermo-tolérants. La phase de dégradation voit la masse du compost diminuer par
minéralisation de la matière organique en CO2, et par des pertes d'eau
importantes par évaporation.
Cette étape de dégradation est souvent appelée « fermentation » (par
exemple dans la règlementation française) ; mais cette appellation n'est pas
scientifiquement correcte, car les fermentations au sens strict se déroulent en
milieu anaérobie.
Maturation
À la suite de la phase dégradative, la quantité de matière facilement
utilisable par la microflore se raréfie. On assiste à la disparition des
micro-organismes thermophiles au profit d'espèces plus communes et de nouvelles
espèces mésophiles, au fur et à mesure que la température décroît pendant une
longue période de mûrissement pour se stabiliser au niveau de la température ambiante.
Le compost entre dans une phase de maturation constructive, pendant laquelle
apparaissent lentement des éléments précurseurs de l'humus. Il faut encore
signaler que la transition entre chacune des phases citées précédemment résulte
d'une évolution continue. Il n'y a pas de frontière marquée entre les espèces
mésophiles et thermophiles. Chaque espèce possède une gamme de températures
vitales avec un optimum au milieu.
Apparence et qualité
Le compost mûr ressemble à du terreau : il a une couleur sombre, une
texture légère, et on n'y reconnait plus les déchets qui ont servi à le
constituer. Son odeur est normalement agréable (odeur d'humus, de sous-bois).
Variations de la composition
La composition finale d'un compost dépend de plusieurs paramètres, dont
les déchets qui ont servi à le fabriquer, la conduite du processus de
compostage, la maturité du compost. En 2006, l'audit de 100 plates-formes de
compostage en France métropolitaine a été réalisé, sur commande de l'ADEME. Les
résultats des analyses menées montrent les compositions moyennes suivantes pour
les paramètres agronomiques :
Norme de qualité
Selon les pays et les époques, des normes plus ou moins strictes
existent pour garantir que le compost commercialisé ne pose pas de problèmes
sanitaires, toxicologiques ou écotoxicologiques, c'est-à-dire qu'il n'ait pas
été produit avec des substances contenant des polluants non-biodégradables et
non biodégradés en quantité excessive.
En France, deux normes concernant le compost existent : la NF U44-095
pour les composts contenant des boues d'épuration, et la NF U44-051 pour les
autres composts. Elles sont rendues d'application obligatoire depuis 2004, et
sont donc consultables gratuitement. L'une et l'autre précisent notamment une
liste fermée de matières autorisées dans la fabrication du compost, les
analyses qui doivent être réalisées sur le compost, et les limites maximales de
composants comme les éléments traces métalliques, les composés traces
organiques, les inertes et les micro-organismes.
Un Eco-label européen existe pour les composts, sous la catégorie Soils
improvers and growing media (amendements et supports de culture). Pour FNE, la
norme NF U44-051 en vigueur pour le compost français n'offre pas de garanties
d'innocuité et protège mal les sols et l'environnement, car trop laxiste et en
raison de l'absence de tri des biodéchets à la source.
Les déchets mal triés et compostés peuvent contenir des métaux, des
médicaments, des résidus de pesticides, des cendres riches en métaux lourds,
PCB, dioxines, etc.. Par exemple, en France, le cadmium (puissant toxique
rénal) est autorisé jusqu'à 3 mg/kg, alors que la plupart des autres pays le
limitent à 0,7 à 1,5 mg/kg de matière sèche, et alors qu'en Europe, on en
trouve 0,5 mg/kg en moyenne dans le compost. Une étude de la Commission
européenne publiée en 2010 alerte sur le fait qu'utiliser un tel compost durant
25 ans conduirait à polluer au-delà des seuils tolérables les sols en 50 ans.
Pour le cuivre et le mercure, cette période ne serait que de 25 ans. De même,
la France autorise-t-elle 2 % de verre et métaux, 1,1 % de plastiques, soit
jusqu'à 5 kg de verre/métaux et 2,7 kg de plastiques par mètre cube. Ces produits
peuvent notamment affecter les vers de terre et contaminer les plantes
cultivées.
Mise en œuvre technique
Compostage domestique
Le compostage à l'échelle domestique peut être réalisé à partir de la
plupart des déchets biodégradables des ménages : déchets alimentaires
(épluchures, coquilles d’œufs ou de fruits à coques), déchets de jardinage
(tontes de pelouse, feuilles, branches fines, paille), papier, carton et bois
(non traités). Il est cependant déconseillé de mettre au compost des déchets de
plantes toxiques comme le thuya ou l'if ; de même, les plantes malades seront
brûlées pour éviter la propagation des éléments pathogènes. Dans la mesure où
les déchets d'origine animale (viande, poisson) peuvent attirer des animaux,
certains évitent d'en incorporer au compost.
Les proportions des différentes matières incorporées doivent dans la
mesure du possible permettre de maintenir un milieu aérobie nécessaire au
compostage. Ainsi, un équilibre est à trouver entre matières sèches et
structurantes (bois, feuilles) et matières humides ayant tendance à se tasser
(épluchures). Le compostage domestique peut être réalisé simplement en tas, ou
dans des composteurs.
Compostage collectif
Des équipements de compostage collectifs peuvent être mis en place à
l'échelle d'une résidence ou d'un quartier. Ces initiatives nécessitent
l'adhésion des ménages concernés, et permettent de réduire les déchets à
traiter par la collectivité, de créer du lien social et de créer du compost qui
sera utilisable par les particuliers ou pour les plantations communautaires. De
telles actions peuvent être mises en place aussi bien en milieu urbain (exemple
de la communauté d'agglomération Chambéry métropole) qu'en milieu rural
(communauté de communes du canton de Monestier-de-Clermont).
Le compostage progresse actuellement en milieu urbain. Voir par exemple
la Liste des composts parisiens.
Compostage professionnel
Il est possible de composter des effluents d'élevage agricole (fumier,
fientes, crottin), seuls ou en mélange avec des matières végétales broyées. Le
compost obtenu peut être commercialisé s'il répond aux contraintes de la norme
NF U44-05111. Sur les plateformes de compostage qui traitent des quantités
importantes de déchets, les principales matières organiques utilisées sont :
des déchets verts broyés provenant de la taille des végétaux, des boues
d'épuration urbaines ou industrielles (boues de papeteries, d'industries
agro-alimentaires par exemple), et la fraction fermentescible des ordures
ménagères, triée à la source ou séparée des ordures ménagères « brutes » par
tri mécano-biologique.
D'autres déchets biodégradables d'origines diverses peuvent entrer en
compostage : digestats de méthanisation, rafles de raisin, poussières
végétales, etc..
Tous ces déchets ne sont pas forcément intégrés dans la fabrication du
compost ; la « recette » utilisée dépend des possibilités d'approvisionnement
locales, des choix de l'exploitant du site, ou des contraintes réglementaires.
Par exemple, en France la norme NF U44-0958 précise une liste fermée
d'effluents industriels pouvant servir à la fabrication de compost normalisé,
et la norme NF U44-051 n'autorise, pour chaque type d'amendement organique
produit, qu'une liste fermée de matières premières.
Sur une plateforme de compostage, les différentes étapes mises en œuvre
sont :
-Le mélange des différents constituants du compost ;
-La phase de dégradation (aussi appelée « fermentation »), pendant
laquelle le mélange est aéré. L'aération peut se faire par retournement du tas,
ou bien au moyen de dispositifs statiques, par exemple des rails d'aération
sous le compost par lesquels est insufflé de l'air dans le mélange. Cette phase
peut durer de 3 à 12 semaines, et voit la température du tas augmenter
rapidement puis diminuer progressivement ;
-La phase de maturation, pendant laquelle le compost est stocké en tas,
en étant peu ou pas aéré ;
Une étape de criblage, éventuellement située entre la « fermentation »
et la maturation, permet de séparer une fraction fine (le compost) d'une
fraction grossière (le refus de criblage), réintégrée en début de compostage.
Utilisations
Le compost peut être utilisé en agriculture, notamment en grandes
cultures, maraîchage et sur prairies. Son usage améliore la structure des sols
(amendement du sol par apport de matière organique), et apporte des quantités
non négligeables d'éléments fertilisants (azote, phosphore, potasse notamment).
Une partie importante de l'azote contenu dans les composts est sous forme
organique : intégré au sein de molécules complexes, il est rendu disponible
pour les plantes de manière progressive. L'utilisation de compost augmente
également la biodiversité de la microfaune
Au jardin, il sert à fertiliser les plates-bandes, les arbres fruitiers
et le potager. Il peut également être utilisé comme terreau pour les plantes en
pot et pour faire du nitrate de potassium (salpêtre). Il peut être extrait pour
y multiplier les micro-organismes et les transporter ainsi dans un liquide. Le
but étant alors de pulvériser sur les parties foliaires des cultures et créer
une concurrence et une prédation contre les maladies (cryptogamiques ou bactériennes)
par action préventive ou curative. Le jus de compost peut aussi être arrosé sur
les cultures. Les micro-organismes transportés dans le sol vont entre autres
aider à dégrader la matière organique présente dans le sol et digérer les
pollutions.
En savoir plus...
Faire son compost (PDF 13 pages)
Le BRF (PDF 7 pages)
La paille au jardin (PDF 10 pages)
Enrichir sa terre pendant l'hiver (PDF 58 pages)
Engrais et amendements (PDF 24 pages)
Composter au jardin, c'est facile ! (PDF 16 pages)
Le lombricompostage