Pollution de l’air : Avec ou sans circulation alternée, nos poumons restent sous pression




Depuis une semaine, presque l’intégralité de l’Europe est en alerte « Pollution de l’air ». C’est le plus haut pic de pollution de l’année. Entre le froid et le beau temps, les émissions augmentent de tous les côtés. Comme à chaque fois, les solutions mises en place au moment du pic sont sans effet alors qu’un déclenchement des différentes mesures, comme la circulation alternée, en amont du pic permettrait sans doute de l’éviter.


Le bilan sanitaire est lourd

La qualité de l’air est l’une des premières préoccupations des citoyens. Asthme, bronchites aiguës ou chroniques, cancers des voies respiratoires et broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO), maladies cardio-vasculaires, multiplication et aggravation des allergies, hypertension artérielle, bronchiolites... L’impact sur notre santé est inquiétant. Des études montrent aussi les liens qui existeraient entre un air dégradé et certaines maladies neuro-dégénératives (Parkison et Alzheimer). A l’échelle européenne, 93 % des citoyens sont exposés à des seuils de pollution supérieurs aux recommandations de l’OMS. Les premières victimes sont les populations les plus vulnérables : les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants. Chaque année en France, 52 000 décès prématurés sont liés à la pollution de l’air, soit 145 personnes par jour. Pour couvrir le coût sanitaire (hospitalisations, consultations médicales, dépenses en médicaments…), les Français doivent s’acquitter d’une facture annuelle de plus de 100 milliards d’euros.


Une réaction toujours trop tardive

On sait qu’avec le beau temps, le froid et l’absence de vent, le risque de voir apparaître un pic de pollution augmente. Il existe des prévisions météorologiques qui permettent de connaître la date et la durée d’un tel phénomène. Pourtant, nous sommes toujours dans la réaction plutôt que dans l’anticipation. La circulation alternée, demandée par Anne Hidalgo, lui a été refusée à deux reprises. Dans la majorité des régions de France, les alertes à la pollution de l’air se multiplient mais la mise en place d’actions tarde dans les grandes villes.


Il faut prévenir, faute de pouvoir guérir

De bonnes initiatives sont en cours. Les pastilles Crit’Air vont aider à limiter la circulation des véhicules les plus polluants et Anne Hidalgo, la maire de Paris, s'engage à bannir le diesel de Paris d'ici 2025. A noter également que le Conseil de l’Union européenne a voté aujourd'hui de nouveaux seuils d’émissions nationaux sur cinq polluants atmosphériques (NOX, NH3, PM2,5, SO2 et COV).

Charlotte Lepître, chargée de mission Santé & environnement : « Il serait dangereux de croire que le phénomène concerne uniquement Paris. Dans la vallée de L’Arve, des appels à mobilisation se font entendre. La prise de conscience des citoyens est réelle et il faut bien admettre que la circulation alternée, faute de résoudre le problème, contribue à cette prise de conscience.»

Michel Dubromel, Vice-président de FNE : « Dans tous les cas, les vraies solutions passent par un changement de modèle en matière de mobilité. Rappelons que l'écotaxe avait été créée pour que l'Etat finance le développement de l'offre alternative. Le recul de l'Etat devant quelques bonnets rouges n'a pas fini de coûter très cher à l'ensemble de nos concitoyens.»



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